Transat Café L’OR : le Français Thomas Ruyant vise un triplé en IMOCA

Ils seront 18 IMOCA en double sur la ligne de départ le 26 octobre prochain, prêts à s’élancer pour 4 350 milles nautiques d’un sprint à travers l’Atlantique. Et parmi eux, une impressionnante brochette de skippers et bateaux parmi les plus performants de ces trois dernières années.
On retrouvera notamment le leader actuel des IMOCA Globe Series Sam Goodchild, associé à Loïs Berrehar sur MACIF Santé Prévoyance ; Élodie Bonafous et Yann Eliès sur Association Petits Princes - Quéguiner ; Yoann Richomme et Corentin Horeau sur Paprec Arkéa ; ainsi que Jérémie Beyou et Morgan Lagravière à bord de Charal.
Chacun de ces duos est capable, sur un bon jour, de remporter la 17e édition de cette épreuve mythique, anciennement connue sous le nom de Transat Jacques Vabre. Mais sur leur route se dressera un concurrent redoutable : Thomas Ruyant, 44 ans, qui fera équipe avec l’Italien Ambrogio Beccaria à bord d’Allagrande MAPEI Racing.
Thomas Ruyant vise un triplé historique
Cette Transat Café L’OR marquera la dernière course de Ruyant à bord de son ancien bateau, un plan Koch/Finot-Conq (ex-Vulnerable), avant de le transmettre à Beccaria. Et le Nordiste ne cache pas son ambition : terminer l’histoire en beauté avec une nouvelle victoire sur cette transat qu’il affectionne tant.
Vainqueur en 2021 avec Morgan Lagravière sur LinkedOut, puis triomphant en 2023 sur For People après avoir remporté la Route du Rhum 2022, Ruyant vise désormais un triplé inédit sur l’épreuve. Un exploit qu’il espère accomplir aux côtés de Beccaria, avec qui il a déjà navigué sur la Course des Caps et The Ocean Race Europe. « Je suis convaincu que nous formons un excellent duo pour aller chercher une troisième victoire », confiait Ruyant cette semaine, alors qu’il s’apprêtait à convoyer le bateau vers Le Havre. « Nous avons beaucoup navigué ensemble, on commence à bien se comprendre, à cerner nos points forts respectifs. C’est là-dessus qu’on va s’appuyer pour cette transat. »
L’énergie de Beccaria
Ce que Ruyant admire le plus chez son co-skipper - qu’il surnomme « Bogi » - c’est son intensité en compétition. Selon lui, sur une course aussi rapide, le secret réside dans le travail acharné et la constance. « J’adore l’énergie de Bogi », explique Ruyant. « C’est un excellent barreur, un super régleur, et il apporte une énergie incroyable à bord. C’est la clé sur une transat ou une course plus courte : maintenir ce niveau d’intensité. C’est ce qu’on avait déjà avec Morgan, et je le retrouve aujourd’hui avec quelqu’un d’aussi engagé et passionné. »
La saison n’a pourtant pas été de tout repos pour le duo. Après avoir dû abandonner la Course des Caps à cause d’un avarie de mât alors qu’ils jouaient le podium, ils ont rebondi lors de The Ocean Race Europe, remportant une manche malgré une collision au départ. Ces épreuves, selon Ruyant, ont solidifié leur duo et renforcé toute l’équipe. « Nous avons une très bonne machine pour cette course - le bon bateau, la bonne équipe », assure-t-il. « Nous avons beaucoup navigué cette année, même si les résultats ne reflètent pas forcément notre niveau. Nous espérions un peu mieux, mais nous avons montré notre capacité à rebondir... et cela nous donne beaucoup de confiance avant la Transat. »
Un plateau riche et varié
Le plateau 2025 sera dominé par les dernières générations d’IMOCA à foils, mais cinq bateaux à dérives droites seront également au départ. Parmi eux, l’ex-MACIF (VPLP-Verdier, 2010), désormais aux couleurs de Café Joyeux et skippé par Nico D’Estais et Simon Koster, considéré comme le plus rapide de cette catégorie.
Autre histoire atypique : celle du Néo-Zélandais-Américain Conrad Colman, qui fera équipe avec Mathieu Blanchard à bord de MSIG Europe, un ancien plan VPLP-Verdier de 2007. Le duo attire l’attention, car Blanchard, 37 ans, ultra-trailer franco-canadien, n’a que quelques semaines d’expérience en mer après un court entraînement avec Colman.
Ce dernier voit pourtant dans cette aventure une opportunité unique de partage et d’apprentissage croisé. Blanchard participera d’ailleurs, à son arrivée en Martinique, à la TransMartinique, un ultra-trail de 134 km. « C’est un vrai défi, mais aussi une belle opportunité », confie Colman, double finisher du Vendée Globe sans énergie fossile. « Je mène en réalité une campagne double qui ressemble à une solo, car Mathieu n’a pas encore l’expérience nécessaire pour partager toutes les manœuvres. Mais c’est ce qui rend l’aventure excitante. »
Blanchard devra aussi composer avec un autre obstacle : le mal de mer. Colman ne lui a pas caché que les premiers jours risquent d’être « très agités » en sortie de Manche, notamment à l’approche du cap Finisterre. « Je m’attends à ce que ça souffle fort dès le départ », prévient Colman. « Je lui ai dit : fais attention, les trois ou quatre premiers jours vont être rock’n’roll. Mais on ne progresse pas en restant dans sa zone de confort. Alors oui, ce sera compliqué, mais c’est justement ce qui rend l’expérience passionnante - pour lui comme pour moi. »