6 questions à… Boris Diaw – emblématique joueur de basket – actuellement autour du monde sur son voilier

Economie

Rendez-vous avec les navigateurs qui vivent à fond leur passion de la mer et des bateaux : cette semaine, Boris Diaw, l’un des très rares français titrés dans le plus relevé des championnats de basket, la NBA et désormais en circumnavigation sur son Lagoon Seventy 7.

Rendez-vous avec les navigateurs qui vivent à fond leur passion de la mer et des bateaux : cette semaine, Boris Diaw, l’un des très rares français titrés dans le plus relevé des championnats de basket, la NBA et désormais en circumnavigation sur son Lagoon Seventy 7.

Figaro Nautisme : On connait l’impressionnante carrière du basketteur que vous étiez, moins celle du marin que vous êtes aujourd’hui : d’où vient votre passion pour le bateau ?

Boris Diaw : Cette passion est venue assez tard. J’ai vraiment découvert le bateau et la mer lorsque je me suis installé sur le bassin d’Arcachon en 2007. Avant je n’étais pas vraiment loin, puisque j’habitais à Bordeaux. Mais c’est à partir de ce déménagement que j’ai commencé à profiter pleinement de tout ce que la mer pouvait offrir. Je me suis acheté un semi-rigide pour pouvoir faire des sorties à la journée sur le bassin. Très vite, j’ai voulu être sur l’eau le plus souvent possible, pour pêcher ou aller me poser sur un banc de sable avec des amis... Des plaisirs simples. En parallèle, j’ai commencé à faire de plus en plus de plongée sous-marine. Et lorsque j’ai commencé à réfléchir à ce que je ferais après ma carrière de basketteur, je me suis dis que ce que j’aimais vraiment c’était voyager, découvrir de nouveaux endroits, faire des rencontres... Et quel meilleur moyen de locomotion peut-on trouver pour réaliser ce rêve qu’un bateau ? En navigant, vous pouvez accéder à tous les plus beaux endroits du monde et même les plus inaccessibles. Et quand on a la chance, comme moi, d’avoir du temps, on peut en profiter plusieurs mois par an.
J’ai découvert le catamaran en faisant une sortie plongée sur un bateau parfaitement équipé en Martinique, le bateau s’appelait Aliotis. Ensuite, j’ai fait plusieurs croisières sur des Lagoon 450, en Méditerranée de Hyères jusqu’en Corse puis aux Antilles et j’ai réalisé que c’était la plateforme idéale pour ma nouvelle vie. Après ces expériences, j’ai compris que je pouvais avoir un bateau qui soit un véritable centre de plongée itinérant.
Je me suis alors lancé dans la recherche du bateau idéal pour mon programme. J’ai exploré un peu chez tous les constructeurs. Etant de Bordeaux, je me suis naturellement rapproché de Lagoon qui, à l’époque, proposait comme plus grand catamaran le 620. En discutant avec le chantier, j’ai appris qu’ils étaient en pleine conception d’un bateau plus grand qui allait devenir le Seventy 7, un catamaran de 77 pieds. Pour mon projet de tour du monde avec un bon équipement de plongée, c’était exactement ce que je recherchais. J’ai suivi le projet depuis quasiment le début et c’est comme ça que je suis devenu l’un des premiers propriétaires à me lancer avec Lagoon.


Figaro Nautisme : Vous êtes le propriétaire d’un catamaran de près de 24 mètres : techniquement, est-ce un bateau compliqué à mener ?

Boris Diaw : C’est un très grand bateau et je n’avais quasiment jamais navigué à la voile... J’ai donc dû me former. Sur un bateau de cette taille, il est essentiel d’avoir un équipage compétent, pour des questions de sécurité, bien sûr, mais aussi pour que le bateau soit bien entretenu. J’ai commencé par du cabotage en Méditerranée avant de faire la transat et de beaucoup naviguer aux Antilles. Pour devenir parfaitement autonome, j’ai suivi une formation poussée et passé un diplôme de Yachtmaster.
Aujourd’hui, je suis aux Tuamotu, à bord de mon bateau et, pour la première fois, j’en suis le skipper. Le capitaine titulaire est en vacances et je me suis dit que c’était l’occasion de me lancer. Pour l’instant, tout se passe parfaitement bien, grâce à l’expérience acquise ces dernières années à bord. En navigation, le Seventy 7 est relativement facile à manœuvrer, même si tout est plus grand et qu’il faut bien réfléchir avant d’agir. Ici, aux Tuamotu, la plus grande difficulté à gérer est le passage dans les passes et les courants. Ca va, je m’en sors [Rires !]. Pour le reste, c’est un bateau sur lequel il faut savoir anticiper, surtout dans les manœuvres d’accostage qui sont toujours un peu stressantes pour moi. Au quotidien, la gestion d’une grande unité n’est pas non plus très simple : à bord, on trouve beaucoup d’hydraulique, d’électronique, de plomberie, etc. Un grand bateau demande donc un entretien régulier et du suivi au jour le jour. Mais cela se passe super bien et je me sens vraiment « à la maison » quand je suis sur le bateau.


Figaro Nautisme : Après 7 années de navigation autour du monde, quel est le moment qui vous a plus marqué ?

Boris Diaw : J’ai vécu d’innombrables moments forts à bord. En Méditerranée, mes coups de cœur restent les îles Kornati et les Éoliennes. Stromboli également : mouiller au pied du volcan, quelle expérience ! Parmi les souvenirs marquants, je citerais aussi ma première transatlantique : un passage qui restera gravé dans ma mémoire.
Les Antilles, bien sûr, avec tellement de mouillages fabuleux. Mais je pense qu’un des moments les plus incroyables est le passage de Panama, où j’ai découvert une ingénierie extraordinaire derrière, une organisation millimétrée : un grand souvenir.
Enfin, ma plus grande traversée à ce jour, la transpacifique : de Panama à Tahiti sans pouvoir nous arrêter aux Marquises pour cause de Covid. 35 jours de mer finalement assez tranquilles comparés au retour de Nouvelle-Zélande vers la Polynésie en passant par les Australes. Là, nous avons eu une mer de face vraiment dure avec du gros temps. Une navigation compliquée et pas forcément très confortable.
Mais globalement, ces années à bord ont été formidables. Je n’en garde que du positif.


Figaro Nautisme : Avec l’expérience acquise sur ce catamaran, comment imaginez-vous le prochain ?

Boris Diaw : Je suis vraiment satisfait de mon bateau. Il a, je pense, la bonne taille si on souhaite naviguer avec un équipage. Si je devais partir sans équipage, je prendrais forcément un bateau plus petit. Pour le reste, je ne vois pas de changements majeurs, mais plus des petites évolutions. Par exemple, les progrès récents en autonomie, sur les nouvelles batteries et les panneaux solaires sont très intéressants, surtout si cela permet d’éviter de faire tourner trop souvent les générateurs.
Mon bateau est très équipé pour la plongée : mais ce qui manque toujours, c’est une annexe un peu plus grande [Rires !]. Aujourd’hui, je suis limité par la largeur du bateau et par le poids de l’annexe.


Figaro Nautisme : Boris Diaw navigateur en chiffres ?

Boris Diaw : Je passe 6 mois par an à bord depuis 7 ans : j’ai donc passé largement plus de 3 années effectives à bord. Je suis parti de France et nous sommes aujourd’hui en Polynésie. Avec de nombreux cabotages et d’allers-retours à chaque fois. Je n’ai pas calculé le nombre de milles - je l’avais fait pour passer mon Yachtmaster mais je n’ai pas actualisé depuis - mais cela doit en faire pas mal. L’objectif est de boucler le tour du monde. La prochaine grande étape sera l’Australie en passant par les îles Cook, Tonga, Fidji et Nouvelle-Calédonie, puis la Papouasie, la Micronésie et - forcément pour un passionné de plongée - par l’Indonésie, le Sri Lanka et les Maldives. On verra après l’Indien pour le retour si je passe par la Mer Rouge ou par le Sud. J’ai encore le temps d’y penser !


Figaro Nautisme : Votre dernière navigation et la prochaine ?

Boris Diaw : Je suis actuellement à bord donc... la dernière navigation était tout à l’heure et la prochaine demain ! Je suis au mouillage sur l’île de Kauehi et je repars demain matin vers Fakarava. La prochaine « grande » navigation est prévue en avril prochain pour partir de Polynésie vers l’Australie. Un joli programme !

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.