
Le Figaro Nautisme : En juillet dernier, vous évoquiez les grandes mutations du secteur nautique : transition écologique, réindustrialisation, évolution des usages. À l’approche de l’ouverture du Paris Nautic Show, ces axes structurants seront-ils aussi les fils rouges de l’édition 2025 ?
Jean-Paul Chapeleau : « Ce salon est d’abord un levier essentiel pour la démocratisation des sports nautiques. Il est impératif de montrer que notre secteur est accessible à tous les publics, à tous ceux qui souhaitent aller sur l’eau. Le Paris Nautic Show proposera une offre très diversifiée : engins de glisse, voile légère, grands et petits bateaux à moteur, sans oublier la location. Car les usages évoluent, et les nouvelles générations de plaisanciers privilégient souvent la location à l’achat, qu’il s’agisse d’un semi-rigide pour quelques heures ou d’un voilier pour une croisière d’une semaine. »
Le Figaro Nautisme : Concrètement, que pourront découvrir les visiteurs à partir du 26 novembre ?
Jean-Paul Chapeleau : « Un salon nautique reste d’abord une place de marché. L’offre sera donc riche : des petits bateaux à moteur jusqu’aux motor-yachts, en passant par la voile légère, les voiliers de croisière ou sportifs, et quelques unités exceptionnelles. On pourra notamment découvrir deux catamarans à voile, le monocoque Amel 60, une Prestige 420, ou encore le tout nouveau GT50 présenté en avant-première par BENETEAU. À cela s’ajoutent les sports de glisse, les équipements, et cette année, un très grand espace dédié au fluvial. Des bateaux fluviaux seront exposés - une première depuis 25 ans - pour valoriser un secteur dynamique, dans un pays qui possède les plus longues voies navigables d’Europe et attire une clientèle internationale. »
Le Figaro Nautisme : L’innovation est un axe que la FIN défend depuis plusieurs années. Est-elle également au cœur du Paris Nautic Show ?
Jean-Paul Chapeleau : « Absolument. Le salon mettra en avant des produits innovants, mais aussi des matériaux de nouvelle génération, présentés sur un stand dédié réunissant des acteurs majeurs comme Arkema, Veolia, Chomarat et d’autres. Nous en profiterons pour porter les messages que la Fédération soutient depuis longtemps, notamment sur la déconstruction des bateaux, un sujet que nous avons commencé à explorer il y a plus de dix ans. Cette réflexion inclut la valorisation des matériaux, qui sera largement abordée au salon.
Le Figaro Nautisme : Quel rôle a joué la FIN dans la conception et la relance de ce salon ? Comment avez-vous convaincu les exposants, notamment les grands chantiers, de revenir ?
Jean-Paul Chapeleau : « Après la dernière édition en décembre 2022, nous avons réuni plus de vingt groupes de travail représentant les différents métiers présents sur le salon. Très vite, le constat a été unanime : il fallait maintenir un salon nautique à Paris. Un tiers des pratiquants français résident en Île-de-France, et Paris reste un carrefour stratégique entre professionnels et institutions. Cela permet de créer une passerelle entre les salons de la rentrée et ceux du printemps.
Nous avons d’abord envisagé un salon en extérieur, sur les quais de Seine. Le projet était séduisant sur le papier, mais deux obstacles majeurs sont vite apparus : la météo incertaine en hiver, avec le risque de crue, et le calendrier, qui entrait en conflit avec d’autres événements nautiques français et européens. Nous en avons conclu qu’un salon indoor, plus court (cinq jours), en hiver, tourné vers l’innovation et les professionnels, serait plus pertinent. C’est l’orientation que nous avons adoptée. J’espère qu’elle sera validée par les visiteurs et les exposants. »
Le Figaro Nautisme : Avez-vous des chiffres à partager sur cette première édition du Paris Nautic Show ?
Jean-Paul Chapeleau : « Le salon s’étendra sur 40 000 m2, avec plus de 200 bateaux exposés et plus de 250 marques représentées, tous secteurs confondus. En termes de fréquentation, nous visons 100 000 visiteurs sur cinq jours - un objectif ambitieux, car 20 000 visiteurs par jour, c’est beaucoup. Mais c’est un projet de relance, sur un nouveau site, avec une part d’inconnu. Ce qui compte avant tout, c’est d’installer ce rendez-vous, pour pouvoir l’élargir dès l’an prochain. D’ailleurs, plusieurs exposants absents cette année, notamment du secteur du tourisme, ont déjà manifesté leur intérêt pour l’édition 2026. Nous bénéficions aussi d’un fort soutien des institutions, du ministère de la Mer, de la SNSM et de l’ensemble des filières représentées - un signal très positif. »
Le Figaro Nautisme : Une fois le salon terminé, quels seront les prochains temps forts pour la Fédération ?
Jean-Paul Chapeleau : « Le prochain grand rendez-vous sera l’International Multihull Show à La Grande-Motte, en avril. C’est un événement stratégique, car la France est le leader mondial de la construction de catamarans. Nous avons de belles perspectives de développement à l’horizon 2026.
Au-delà des événements, notre travail consiste aussi à animer le marché et à le défendre quand cela est nécessaire. Nous restons très vigilants, notamment sur les projets de taxation discutés à l’Assemblée nationale. Nous échangeons régulièrement avec les services de l’État pour lever certaines contraintes règlementaires qui rendent la navigation plus complexe, ou qui risqueraient de désavantager l’industrie française face à la concurrence internationale.
Enfin, l’un des grands chantiers de fond reste la déconstruction et l’analyse du cycle de vie des bateaux. Ces deux dernières années, nous avons fait de réels progrès, notamment en réunissant les 19 principaux constructeurs européens autour d’une démarche commune. Notre homologue américaine, la NMMA, est désormais partie prenante des discussions. Cela montre que nous avançons vers une réflexion et une approche à l’échelle mondiale. »
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