Réglementation maritime dans le golfe du Lion : naviguer sans heurter le vivant

Réglementation
Par Le Figaro Nautisme

Entre lagunes, falaises et criques préservées, le littoral du golfe du Lion attire chaque été des milliers de passionnés de mer. Un espace convoité, mais fragile, qui impose de naviguer avec discernement. Ici, plus qu’ailleurs, jeter l’ancre ou franchir les 300 mètres sans connaître les règles peut abîmer un herbier, perturber une espèce protégée ou exposer un plongeur. Vitesse, mouillage, plongée, pêche de loisir : chaque geste compte. Et les textes sont là pour le rappeler.

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Entre lagunes, falaises et criques préservées, le littoral du golfe du Lion attire chaque été des milliers de passionnés de mer. Un espace convoité, mais fragile, qui impose de naviguer avec discernement. Ici, plus qu’ailleurs, jeter l’ancre ou franchir les 300 mètres sans connaître les règles peut abîmer un herbier, perturber une espèce protégée ou exposer un plongeur. Vitesse, mouillage, plongée, pêche de loisir : chaque geste compte. Et les textes sont là pour le rappeler.

Une mer partagée, pas sans limites
L’image d’une mer libre où l’on pourrait filer à toute allure, ancrer au gré des envies ou pêcher sans contrainte appartient au passé. Depuis plusieurs années, les autorités ont renforcé la réglementation pour concilier usages nautiques et protection du vivant. Sur le papier, cela commence par une règle simple : la vitesse est limitée à 5 nœuds dans la bande des 300 mètres, partout, même sans balisage. Cette limitation s’applique aussi dans un rayon de 100 mètres autour d’un pavillon de plongée, qu’il soit rouge barré de blanc ou Alpha (blanc et bleu), signalant une présence humaine sous l’eau.
Un cadre essentiel pour éviter les accidents, mais aussi pour préserver une bande littorale déjà soumise à une forte pression.

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Jet-skis et VNM : tolérance zéro en dehors des chenaux
Les scooters des mers, jet-skis et autres VNM (véhicules nautiques à moteur) sont devenus incontournables l’été. Mais leur usage est l’un des plus surveillés. Interdits dans la bande des 300 mètres sauf sur une trajectoire perpendiculaire à la côte et à condition d’emprunter un chenal prévu, ces engins ne peuvent naviguer que de jour, et doivent respecter des règles précises.
À bord, la combinaison néoprène (minimum 2 mm d’épaisseur) est obligatoire pour tous les passagers. Le conducteur, lui, doit être équipé d’un coupe-circuit relié au moteur, un dispositif de sécurité qui coupe l’alimentation en cas de chute. Quant aux engins tractés (comme les bouées), ils doivent être visibles grâce à une flamme fluorescente. L’époque de la navigation freestyle est bel et bien révolue.

Mouillage : des herbiers en sursis
Chaque été, des centaines d’ancres labourent le fond marin. Problème : ce fond est souvent couvert d’herbiers de posidonie ou de cymodocée, de véritables forêts sous-marines abritant une vie foisonnante. Ces plantes, protégées par la loi depuis 1988, ne supportent ni le raclement des ancres ni les chaînes qui traînent.
Le mouillage est donc interdit sur ces habitats dès lors que l’impact est avéré. Et pour les navires de 24 mètres et plus, certaines zones sont complètement fermées, comme à Paulilles, Terrimbo, ou autour de la digue de Banyuls-sur-Mer. La règle est stricte, mais logique : plus le bateau est gros, plus l’impact est lourd.

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L’épave du Bananier, sanctuarisée
À quelques encablures de la côte, l’épave de l’Alice Robert, plus connue sous le nom de « Bananier », repose dans un écrin marin ultra-sensible. Chargé d’histoire - il transportait des bananes avant d’être coulé pendant la Seconde Guerre mondiale - ce vestige attire les plongeurs... mais son accès est désormais interdit dans un rayon de 200 mètres autour de deux points GPS précis. Ni navigation, ni plongée, ni mouillage, ni pêche : tout est proscrit, sauf pour les structures de plongée professionnelles dérogataires. Une mesure de préservation rare, mais nécessaire face à l’engouement croissant pour ce site.

ZMEL : bouées obligatoires et vigilance de rigueur
Pour canaliser la fréquentation sans interdire, des ZMEL (zones de mouillage et d’équipements légers) ont été mises en place. Dans ces périmètres délimités, le mouillage est uniquement autorisé sur bouées. Pas question d’ancrer librement. La vitesse est limitée à 3 nœuds, l’amarrage plafonné à 4 heures, et la présence d’une personne en capacité de manœuvrer est obligatoire à bord.
Les bouées ne sont pas toutes identiques : les rouges sont réservées aux clubs de plongée, les blanches aux plaisanciers, et les bleues aux navires de transport de passagers. Une gestion fine, pour éviter la saturation tout en laissant place à une plaisance maîtrisée.

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Pêche de loisir : un droit sous conditions
Autre pratique encadrée : la pêche de loisir, qui fait désormais l’objet d’une réglementation stricte dans le Parc naturel marin du golfe du Lion. Depuis février 2024, une autorisation gratuite est obligatoire, à demander via l’application CatchMachine. Elle est nominative, valable jusqu’au 31 décembre, et doit pouvoir être présentée à tout moment.
Les prises sont limitées à 10 par personne et par jour, 30 par bateau. Certaines espèces comme le mérou, le corb ou le labre vert sont totalement interdites à la pêche, quand d’autres comme le poulpe ou le denti bénéficient d’une période de repos biologique. Et pour éviter les abus, les poissons capturés doivent être identifiables : dès 15 cm, la nageoire caudale doit être sectionnée.

Espèces protégées : le vivant sous surveillance
Derrière la réglementation se cache une réalité écologique. Le golfe du Lion abrite des espèces rares : la grande nacre, la patelle géante, la datte de mer, ou encore la cigale de mer font partie des protégées. Même morte, une nacre ne peut être transportée ou vendue. La loi est claire : détruire, capturer, perturber ou déplacer l’une de ces espèces est un délit.
Les mammifères marins - dauphins, marsouins, baleines - sont également protégés. Il est interdit de s’en approcher à moins de 100 mètres dans les aires marines protégées. Quant aux tortues marines, leurs œufs et leurs nids sont inviolables.

Naviguer dans le golfe du Lion, ce n’est pas seulement garder un œil sur la météo. C’est aussi connaître le milieu que l’on traverse, adapter ses pratiques et respecter une réglementation pensée pour durer. Sous l’eau, les herbiers captent le carbone. Au large, les mammifères marins rappellent que la Méditerranée n’est pas un terrain de jeu anodin. Pour continuer à naviguer dans ces eaux d’exception, il faut apprendre à cohabiter avec le vivant.

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...