
Aux Fidji, un projet porté par les autorités relance un débat sensible dans le monde du surf. L’archipel envisage de faire payer l’accès à certains spots emblématiques, jusqu’ici libres, afin de mieux encadrer la fréquentation et de redistribuer les bénéfices aux communautés locales. Une mesure qui divise profondément.
L’idée est désormais sur la table : instaurer un droit d’accès payant à plusieurs spots de surf, en particulier ceux situés à proximité de villages ou sur des zones relevant de droits coutumiers. L’objectif affiché est de mieux gérer l’afflux de surfeurs étrangers, de limiter la pression sur les vagues les plus fréquentées et de créer une source de revenus directe pour les populations locales.
Aux Fidji, certaines vagues figurent parmi les plus réputées au monde, attirant une clientèle internationale toujours plus nombreuse. Cette popularité pose des problèmes de sécurité, de saturation des spots et de respect des usages traditionnels.
Entre protection des vagues et crainte d’une privatisation
Les autorités et plusieurs responsables locaux défendent un modèle inspiré de dispositifs déjà existants dans l’archipel, où l’accès à certaines zones marines est soumis à une autorisation ou à une contribution financière. Selon eux, ces fonds pourraient être utilisés pour la préservation de l’environnement, la gestion des sites et le soutien aux villages concernés.
Mais du côté des surfeurs, la mesure suscite une vive inquiétude. Beaucoup dénoncent une remise en cause de la liberté d’accès à l’océan et redoutent une marchandisation progressive des vagues, qui pourrait exclure une partie des pratiquants, notamment les locaux les plus modestes.
Un enjeu économique et culturel pour les communautés locales
Le débat dépasse largement le cadre sportif. Aux Fidji, les zones côtières sont souvent gérées selon des règles coutumières anciennes. Pour de nombreux villages, le surf génère une activité économique importante dont les retombées leur échappent en grande partie.
Faire payer l’accès aux spots est donc perçu, par certains chefs locaux, comme un moyen de reprendre la main sur leurs ressources naturelles et de rééquilibrer le partage des bénéfices liés au tourisme.
Si le projet aboutit, il pourrait faire jurisprudence dans d’autres destinations surf confrontées aux mêmes problématiques de surfréquentation et de tensions entre tourisme et droits locaux. Le cas fidjien est ainsi suivi de près dans toute la région Pacifique.
Entre protection des vagues, reconnaissance des communautés et liberté d’accès à l’océan, la question reste ouverte. Mais une chose est sûre : aux Fidji, le surf est désormais aussi un sujet politique et économique.
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