
Moonbeam of Fife, également connu sous le nom de Moonbeam III, était présent la semaine dernière aux Voiles de Saint-Tropez aux côtés de Moonbeam IV et autres témoins de l’âge d’or du yachting. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce superbe plan Fife.
Tout commence en 1958 lorsque Charles Plumtree Johnson, le fils du médecin personnel de la reine Victoria, commande Moonbeam au célèbre architecte naval William Fife, premier du nom. Ce premier voilier est suivi en 1864 par Moonbeam II, un cotre de 17.78 m, dessiné par Frédérick Shepard en 1864, et il faut attendre 1902 pour que l’armateur demande à William Fife III de lui dessiner un nouveau voilier : Moonbeam III ou Moonbeam of Fife. L'objectif était de pouvoir rivaliser sur l’eau avec d’autres yawls tels que White Heather, Valdora ou encore Rosamondather. Mis à l’eau en 1903, l’élégant yawl aurique de 24,72 m, respectant la jauge RORC, est doté d’une barre franche laquée de blanc, d’intérieurs edwardiens et d’un pont relativement épuré.
Les années passent et Charles Plumtree Johnson décide de remplacer Moonbeam of Fife par le dernier de la lignée de quatre bateaux, Moonbeam IV, mis à l’eau en 1914. Le voilier réformé par son premier propriétaire passe alors en 1920 entre les mains de Ferdinand Maroni, un industriel parisien qui possède déjà deux voiliers, Thaïs et Nixie. Rebaptisé Eblis, il régate à Brest le temps d’une saison avant de descendre à Cannes, son nouveau port d’attache. Il est modernisé en 1924 par Ferdinand Maroni, qui fait installer un moteur au niveau du mât de misaine afin de remédier au temps plus calme de Méditerranée et de faciliter les manœuvres de port. Après plusieurs années de courses-croisières sur la Grande Bleue, l’industriel vend Eblis à Raymond Philippe au début des années 1930, qui le revend ensuite en 1947 à Félix Amiot, l’un des pionniers de l’aviation. Convoyé à Cherbourg, Eblis hiverne pendant 24 ans.
La seconde vie de Moonbeam of Fife
Après avoir passé plus de deux décennies en cale sèche, Moonbeam of Fife reprend le chemin de la Méditerranée après avoir été racheté puis restauré par Madame Anthony. Désormais basé en Grèce, le bateau fait du charter avant d’être à nouveau restauré en 1979 par son nouveau propriétaire, le Docteur Poncia, qui l’emmène en Angleterre par cargo. Confiée au chantier Camper & Nicholson, la restauration dure près de dix ans. Devenu cotre aurique muni d’une barre à roue à sa sortie de chantier, Moonbeam of Fife, doté de quelques équipements plus modernes, réussit toutefois à conserver son esprit d’origine. Vendu par la suite aux enchères par Sotheby’s, le bateau change encore de propriétaire à plusieurs reprises, avant d’être racheté par deux Français et un Norvégien, qui le basent à Saint-Tropez. Les années passent et c’est ensuite Didier Waechter, tombé amoureux de la voile classique grâce à Moonbeam of Fife, qui le rachète. Après avoir célébré son centenaire sur l’île de Porquerolles en 2003, Moonbeam of Fife, qui s’est refait une nouvelle jeunesse, continue de régater. Depuis 2006, le bateau, barré par Erwan Noblet, fait partie des acteurs majeurs du circuit méditerranéen de yachting classique. Grands habitués du Panerai Classic Yachts Challenge, Moonbeam of Fife et son équipage participent chaque année avec succès à de nombreuses régates, où ils retrouvent Moonbeam IV. Une nouvelle fois présent aux Voiles de Saint-Tropez, Moonbeam of Fife a participé jeudi dernier à la Club 55 Cup, sur laquelle il a réussi à prendre l’ascendant sur Lelantina, alors que dans le second duel, Halloween a battu Altaïr. L’an prochain, l’équipage d’Erwan Noblet affrontera donc le temps d’une course amicale celui d’Halloween, à condition que les deux propriétaires des bateaux soient à bord.