
C'est la course de pirogues la plus prestigieuse au monde: la Hawaiki Nui Va'a rassemble plus de 1000 rameurs depuis mercredi et jusqu'à la fin du week-end. Les concurrents sillonnent les eaux qui bordent les îles de Huahine et Raiatea en Polynésie française.
Raiatea est située à 45 minutes de vol de Papeete. Elle accueille une importante base nautique, appréciée des plaisanciers polynésiens et des sociétés de charters qui louent leurs voiliers aux visiteurs de passage. L’île offre un relief prononcé, sans les plages interminables de cartes postales, mais les îlots de sable corallien (motu) qui l’entourent permettent de partir à la découverte des jardins de coraux. Quant à l’île de Huahine, elle offre une vue imprenable sur le lagon avec ses deux îlots surplombés par un pont suspendu au-dessus des flots translucides. Ici, les pêcheurs se transmettent toujours de génération en génération les techniques de pièges à poissons en pierre et accueillent les visiteurs, les pieds dans le sable, avec authenticité et discrétion. Sous l’eau, les plongeurs frôlent les tombants et explorent des grottes poissonneuses. Mais ce week-end, le spectacle sera au ras des flots avec plus de mille rameurs, les meilleurs concurrents de la discipline.
Un sport ancestral qui s’impose à la modernité
Le va'a, ou pirogue polynésienne, est un sport aussi suivi, sur ces îles idylliques, que le surf ou le football. Les embarcations s'inspirent des pirogues à balancier d'autrefois, qui permettaient aux Polynésiens de se déplacer dans les lagons ou vers les îles proches, mais elles ont bien évolué : elles ne sont plus taillées dans un tronc mais elles sont fabriquées en lattes de bois, en résine, avec des pièces en fibres de carbone. Leur profilage, comme celui des rames, est désormais l'affaire de spécialistes et les pirogues sont couvertes des autocollants de sponsors. Malgré ces concessions à la modernité, les rameurs sont considérés comme des aito, ou guerriers en tahitien : les 70 équipages seniors parcourent à la force des bras plus de 128 kilomètres en trois étapes, une par jour, dont l'essentiel en pleine mer. Pour préserver ses moteurs (les rameurs les plus puissants, au centre de la pirogue), le peperu (barreur, en tahitien) doit calculer la meilleure trajectoire, et profiter au maximum de la houle en surfant les vagues.
Les Tahitiens dominent la discipline, qui est pratiquée dans tout le triangle polynésien : Hawaï, Nouvelle-Zélande et Île de Pâques. Les champions s'entraînent plusieurs heures par jour, souvent à l'aube et en soirée, en va'a ono (pirogue à six places) ou seuls, en va'a ho'e. Mais les concurrents brésiliens, californiens, canadiens, japonais et même hexagonaux sont de plus en plus performants.
Mercredi, l'équipe d'EDT Va'a s'est imposée après plus de 3h44 d'efforts près du quai d'Uturoa, à Raiatea, avec cent mètres d'avance sur le vainqueur de l'an dernier, Paddling Connection.
Ce jeudi, les équipes se mesureront lors d'une étape courte jusqu'à l'île voisine de Taha'a. Vendredi, l'étape la plus longue sacrera le vainqueur sur la mythique plage de Matira, à Bora Bora.