
Apnéiste de renommée internationale, Stéphane Mifsud est le parrain du prochain Salon européen des Pêches qui se déroulera au Parc des Expositions de Nantes du 13 au 15 février. En attendant cet événement, Nautisme.com l’a rencontré.
Plongeur et chasseur sous-marin, né à Istres (13) en 1971, Stéphane Mifsud est cinq fois champion du monde d'apnée statique, c'est-à-dire en surface, face tournée vers le fond – "dans la position du macchabée", comme il le dit lui-même.
Seules trois personnes au monde ont dépassé l'incroyable plafond de 10 minutes passées sans respirer : le serbe Branko Petrovic, dont le record n'a pas été homologué, l'allemand Tom Sietas et le français Stéphane Mifsud qui détient le record du monde (11 minutes et 35 secondes), tous deux homologués par l’AIDA (Association internationale pour le développement de l'apnée, basée à Lausanne). Stéphane Mifsud a réussi cet exploit deux fois.
Stéphane Mifsud a découvert la plongée enfant à La Réunion, où était affecté son père, avant de découvrir la chasse sous-marine. Puis vint le goût de la compétition et des records – apnée dynamique (des longueurs sous l'eau avec ou sans palmes), descente en profondeur (jusqu'à 90 mètres). Aujourd’hui, ce grand sportif, titulaire de plusieurs brevets d’État (fitness, natation, handisport et éducation spécialisée) allie une hygiène de vie rigoureuse à l’entraînement physique : jogging, musculation, séances de kinésithérapie… « L'apnée elle-même représente à peine 20 % de mon entraînement », dit-il.
Nautisme.com - Comment êtes-vous venu à l’apnée ?
Stéphane Mifsud - Je consacrais tous mes loisirs à la pêche sous-marine profonde, en étonnant régulièrement mes camarades chasseurs sous-marins par mes capacités d’apnéiste : ma spécialité, c’était de traquer le poisson à plus de 50 mètres de fond ! En 1999, j’ai rencontré Pierre Frolla, apnéiste de renommée internationale, qui m’a proposé de pratiquer l’apnée sportive. Ce fut pour moi une véritable révélation. J’ai posé mon fusil en découvrant ce qui allait devenir ma passion. En quelques mois de pratique, j’ai pris conscience du phénoménal niveau acquis au cours de mes innombrables chasses au pagre, à la liche ou au denti…
Votre capacité pulmonaire a été mesurée à 11 litres d'air, le double de la moyenne. Comment y êtes-vous parvenu ?
S.M. - Avant de mettre la tête sous l'eau, je dois stocker une grosse réserve d’air. Faite pour six litres, ma cage thoracique stocke alors 11 litres. J’ai beaucoup travaillé ma souplesse et grâce à cela, mes côtes font un grand écart permettant d'augmenter cette capacité. Comme les côtes compriment alors la veine aortique, je peux m’évanouir à tout moment. Je m'applique donc à être calme et relâché.
Vous parvenez aussi à ralentir considérablement votre rythme cardiaque ?
S.M. - Il semble que mon organisme se soit adapté à l’élément grâce aux milliers d’heures passées sous l’eau. Le professeur Fabrice Joulia, un des plus grands chercheurs au monde sur la physiologie de l’apnée, a réalisé de nombreux tests en milieu médical avec moi. Ils mettent en évidence des similitudes avec les mécanismes que les mammifères marins, comme les dauphins, mettent en action à chaque immersion : diminution violente du rythme cardiaque, concentration du sang dans les poumons et le cerveau, diminution de l’irrigation des jambes et des bras, déformation de la trompe d’Eustache. Je peux, par exemple, descendre en profondeur sans avoir besoin d’équilibrer mes oreilles à la pression et sans subir de spasme réflexe. Mais je ne laisse rien au hasard : je travaille avec un sophrologue, un préparateur physique spécialisé en hyperbare et un kinésithérapeute.
Salon européen des pêches, parc des expositions de Nantes, du 13 au 15 février 2015 : www.salon-peche-mer.com