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Le carénage
La carène d’un bateau se salit rapidement. Coquillage et algues ont vite fait de la coloniser. Pour ôter ceux-ci et retarder leur retour, il faut nettoyer la carène et la recouvrir d’un antifouling. Sur le marché, il existe plusieurs marques qui présentent des produits basiques dits saisonniers destinés aux bateaux qui passent peu de temps à l’eau et des produits plus efficaces sur la durée. Ils sont classés en trois catégories : matrice dure, mixte et autopolissante.
Les matrices dures sont conseillées sur les bateaux moteur rapides, sur tous types de bateaux (bois, polyester et acier) séjournant dans les zones à échouages ou soumises à de forts courants ou si une grande traversée est envisagée. Les matrices mixtes vont sur tous types de voiliers et bateaux moteur allant jusqu’à 25 nœuds. Les autopolissantes sont conseillées sur les voiliers pour améliorer la glisse. Reste la particularité des coques en alliage. Dans leur cas, il existe des antifoulings spéciaux sans métaux et d’autres qui doivent s’appliquer après protection de la coque par une peinture spéciale polyuréthane ou époxy. A noter qu’il existe des antifoulings spéciaux sans métal pour les embases et les hélices.
Calculer la quantité de produits nécessaires
Pour connaître approximativement la surface à recouvrir d’antifouling, on peut appliquer trois formules suivant le type et la carène du bateau. Pour un bateau moteur, la surface est donnée par la formule longueur à la flottaison x (B + T) x 0.85 avec B le maitre bau et T le tirant d’eau. Par exemple, la surface à recouvrir sur un bateau de 10 m à la flottaison avec un maitre bau de 3 m et un tirant d’eau de 0.90 m est de : 10 x (3 + 0.90) x 0.85 = 33.15 m².
Si le pouvoir couvrant de l’antifouling est de 10 m² par litre, il vous faudra entre 3 et 4 litres par couches.
Pour un voilier à quille fine, le coefficient à appliquer est de 0.50, pour un à quille longue ou à bouchain de 0.75.
Bien choisir son antifouling
Tout d’abord, il doit être choisi en fonction du matériau : polyester, bois, acier, alliage. Ensuite, il faut prendre en compte la vitesse du bateau (voilier ou bateau moteur), l’utilisation du bateau (saisonnière ou à l’eau toute l’année) et le type de navigation (régate ou croisière). A partir de là, on calcule en fonction du pouvoir couvrant la quantité nécessaire (deux couches conseillées). En principe, tous les produits, à l’exception de ceux contenant du Téflon, sont miscibles entre eux. Vous pouvez donc changer de marque sans avoir à décaper complètement la coque (hydrogommage ou aérogommage). Ces deux procédés très efficaces permettent de retirer toutes les couches d’antifouling et de revenir à une carène lisse comme sur un bateau neuf. Pour le choix de la marque, difficile de vous conseiller, un produit donnant de bons résultats dans une zone peut en donner de médiocres dans une autre et inversement.
Préparer la carène et appliquer l’antifouling
Il n’y a pas d’hésitation à avoir, il faut la nettoyer au nettoyeur haute pression dès sa sortie de l’eau. Ensuite, il faut ôter tous les coquillages et algues qui restent sur la coque. Les zones à recouvrir sont délimitées avec des bandes adhésives et lorsque la carène est sèche, on peut passer l’antifouling. Cela peut se faire à la brosse ou au rouleau. Pour l’application et l’intervalle entre les couches, il faut se référer à la notice du produit, il en est de même pour le temps de mise à l’eau après application. Lorsque l’on utilise de l’antifouling à matrice dure, aux fils des années, les couches se superposent et, un jour, il faut envisager un décapage complet (hydro-gommage ou aéro-gommage). Avec une matrice érodable, ce phénomène est beaucoup moins sensible.
Profitez du carénage pour changer les anodes
La corrosion n’attaque pas uniquement les bateaux en alliage ou en acier. Elle est présente sur tous les bateaux à partir du moment où il y a, à bord, des pièces métalliques en contact avec l’eau. Pour protéger ces équipements métalliques, la solution est d’utiliser un élément dont le potentiel est tel qu’il sera attaqué en premier. On utilise donc des anodes sacrificielles. Les constructeurs de bateaux prévoient des emplacements spécifiques pour les placer (arbre moteur, embase, safran, flaps, chaise d’hélice, propulseur, etc.). Il est souhaitable de respecter ces emplacements. Une anode est conçue pour se désagréger dans le temps. Si elle ne s’use pas c’est aussi inquiétant que si elle s’use rapidement. Dans le premier cas, c’est un équipement du bateau qui joue le rôle d’anode (vanne, hélice, arbre, embase, etc.). Alors que dans le deuxième cas, c’est très souvent synonyme d’une fuite électrique. Il est difficile de quantifier une usure normale. Elle dépend du bateau, de son environnement et du port. Sur un bateau qui reste continuellement à flot, on peut estimer que les anodes doivent être suffisamment attaquées (60 à 70%) pour être changées annuellement. Profitez du carénage pour le faire. Pour assurer une efficacité maximum, la liaison mécanique avec les pièces à protéger (arbre, safran, hélice) doit être parfaite. En aucun cas, on ne doit mettre un produit entre l’anode et le métal à protéger. De même, elle doit être en contact avec l’eau. Ne jamais les recouvrir d’antifouling ou de peinture.