
Pourquoi une climatisation à bord ?
Sur un bateau, on passe bien souvent plus de temps dans les ports qu'en navigation ou en mouillage forain. Dans les ports, en période estivale, selon notre zone de navigation, il y fait souvent chaud et il est difficile de ventiler le bateau. C’est dans ces conditions qu’elle devient un élément de confort très appréciable. En navigation, elle l’est moins de même qu’au mouillage où ventiler le bateau est plus aisé. Reste son alimentation. Au port, cela ne se pose pas de difficulté puisque, dans la plupart des cas, on dispose d’une borne de quai 230 volts. En navigation et au mouillage, pour obtenir du 230 volts, il faut avoir un groupe électrogène ou alors s’orienter vers un modèle de climatiseur basse tension (12 volts), mais là, la puissance est réduite.

Les différents systèmes de climatiseurs
Plusieurs solutions sont possibles. Elles vont du climatiseur portable au système à circulation d’eau.
- Le modèle portable : utilisation limitée
C’est le même que celui que l’on trouve dans le caravaning. Sur un bateau, on le positionne sur un panneau de pont. Son avantage est qu’il est peu vorace en énergie (300 à 500 watts) et certains modèles peuvent être alimentés en basse tension (12 ou 24 volts). Un de ses inconvénients, il ne peut climatiser qu’une seule cabine et, s’il est bien adapté au port, voire au mouillage, il ne l’est pas en navigation car sa conception n’est pas prévue pour une utilisation en atmosphère saline. Une autre solution est de s’orienter vers un modèle conçu pour une utilisation domestique. Il en existe différentes versions qui vont du simple climatiseur au réversible (froid/chaud), déshumidificateur, ioniseur etc. Mais attention, s’ils sont efficaces, ils ne sont pas conçus à l’origine pour être installés sur un bateau. Leur utilisation doit être strictement réservée au port.
- Le climatiseur monobloc : le plus utilisé jusqu’à 50 pieds
Comme son nom le laisse présager, sur un monobloc, on trouve sur un même ensemble tous les éléments du climatiseur : compresseur, évaporateur et ventilateur. L’air (froid ou chaud) est véhiculé vers les cabines par des gaines. Suivant le volume à chauffer et la place dont on dispose, différentes versions sont proposées. La plus simple, si l’on désire climatiser qu’une ou deux cabines est le monobloc compact. Ce type de climatiseur ne dispose que d’une seule commande. Si on climatise deux cabines, la température sera identique dans les deux (une maître, une esclave). Pour climatiser indépendamment plusieurs cabines, la solution retenue il y a quelques années et qui a tendance à disparaître, était le monobloc avec l’échangeur (traitement de l’air) séparé de plusieurs mètres du compresseur. Il permettait un gain de place important dans sa version simple (split) pour une cabine et, pour plusieurs cabines, on avait la version multisplit avec distribution directe de réfrigérant aux différents évaporateurs. Le côté positif était de pouvoir régler indépendamment chaque évaporateur situé dans les cabines. L’inconvénient était la complexité de l’installation. Chaque évaporateur étant relié par des tuyaux de cuivre véhiculant le liquide frigorifique, en cas de fuite, les interventions restent délicates. La tendance actuelle, sur des bateaux jusqu’à 50 voire 60 pieds est d’installer dans chaque cabine un climatiseur compact et, au-delà de 60 pieds, de passer à un système à circulation d’eau glacée (ou chaude).

Le climatiseur à eau bien adapté à partir de 50 pieds
C’est la solution actuelle retenue sur les bateaux de plus de 50 pieds y compris pour naviguer dans les eaux froides. La centrale est semblable à celle du monobloc mais on refroidit (ou chauffe) de l’eau à la place de l’air. Cette eau est propulsée dans des canalisations, à travers des échangeurs d'air ventilé. L’installation doit être faite par un spécialiste. Le gros avantage est que chaque cabine peut être climatisée (ou chauffée) indépendamment des autres. Quant aux interventions de maintenance et de dépannage, elles sont moins délicates avec de l’eau que du gaz réfrigérant.
La bonne puissance
Pour déterminer le nombre de Watt/h nécessaire pour climatiser un volume, il faut appliquer la formule suivante : Watt/h = S x (Te - Ti) x K
"Te-Ti" correspond à la différence de température entre l’extérieur et celle que nous désirons à l’intérieur. Cette différence dépend de la zone de navigation. Pour la Méditerranée, on prend entre 8 et 10 et pour les climats plus chauds comme les Antilles, on peut prendre 15. S est la surface en m² de la cabine et K son coefficient thermique. C’est la valeur la plus difficile à évaluer car elle dépend de l’isolation, du matériau de construction du bateau, de la surface vitrée, du volume, etc. L’expérience a amené les professionnels à prédéfinir des valeurs de K, par exemple, K = 28 à 30 pour un carré standard ou K = 35 lorsqu’il y a un salon de pont. Une autre solution plus réaliste et qui tient compte de l’expérience, est de se reporter aux abaques fournis par les fabricants de climatiseur.
Prenons un exemple en Méditerranée sur un bateau avec un carré de 9 m² et deux cabines de 8 m². On a pour le carré 2700 W/h (9x10x30), pour chaque cabine 2400 W/h (8x10x30). Les W/h doivent être transformés en BTU/h (British Thermal Unit), le rapport entre ces deux unités est de 3.4 soit pour le carré 9 180 BTU et pour chaque cabine 8 180 BTU/h. La solution la plus rationnelle pour climatiser ce bateau est trois climatiseurs indépendants de 10 000 BTU. L’autre solution est un de 10 000 BTU/h pour le carré et un de 20 000 BTU/h pour les cabines. Reste l’alimentation électrique.

La consommation électrique
Mis à part les petits climatiseurs qui fonctionnent sous basse tension (12 ou 24 volts) voire à partir d’un convertisseur 12/230 volts, la solution est un groupe électrogène à bord. Sa puissance dépendra de l’appareil à alimenter. Les constructeurs ont fait en sorte de bien optimiser cette dernière, en particulier, le pic de courant au démarrage. A titre indicatif, un modèle 9 000 BTU/h consomme 1200 watts, un de 30 000 BTU/h 2500 watts.
Le bon choix et le coût
Si votre bateau n’est pas équipé, l’installation est toujours envisageable. Beaucoup de chantiers la propose en option. Dans ce cas, l’emplacement de la climatisation est prévu. Sur un bateau de voyage, bien souvent, on cherche à ne climatiser que la cabine propriétaire. Là, le modèle le mieux approprié et le plus simple à installer est le monobloc. Avec un tel système, vous pouvez envisager deux sorties, par exemple, le carré et la cabine prioritaire. Si vous souhaitez climatiser indépendamment plusieurs cabines, la solution d’un monobloc par cabine est bien adaptée jusqu’à 50 pieds, au-delà, l’eau réfrigérée est conseillée. Reste le coût. Pour cela, nous avons demandé à Webasto de nous chiffer les trois gammes de produits qu’il conseille sur les bateaux. La S-séries (Monobloc compact) de 6 000 à 27 000 BTU/h est proposée entre 2 400 et 4 900 €, la C-séries (eau glacée) de 16 000 à 108 000 BTU/h entre 3 880 et 19 490 € et la V-séries (eau glacée) de 50 000 à 77 000 BTU/h entre 12 220 et 17 800 €. Dans cette version, les modèles 2019 V64T (64 000 BTU/h) et V77T (77 000 BTU/h) sont équipés de deux compresseurs.