Pneumatiques : quel tissu choisir et comment le réparer...

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Si le pneumatique est un équipement incontournable pour un bateau de croisière, son utilisation ne s'arrête pas là. Il est devenu pour beaucoup de plaisanciers une embarcation facile à utiliser, transporter et hiverner. Il faut bien le choisir ! De l'annexe au bateau habitable, il y a cependant un point qui fait toujours débat : le choix du tissu.

Deux tissus se partagent le marché : le PVC et l'Hypalon/néoprène, un caoutchouc synthétique. Le PVC est le matériau le plus présent mais sans aucun doute le plus décrié. ©©Romain Sandt/Zodiac
Si le pneumatique est un équipement incontournable pour un bateau de croisière, son utilisation ne s'arrête pas là. Il est devenu pour beaucoup de plaisanciers une embarcation facile à utiliser, transporter et hiverner. Il faut bien le choisir ! De l'annexe au bateau habitable, il y a cependant un point qui fait toujours débat : le choix du tissu.

Hypalon ou PVC : deux techniques de fabrication différentes

Deux tissus se partagent le marché : le PVC (chlorure de polyvinyle) et l’Hypalon/néoprène, un caoutchouc synthétique. Le PVC est le matériau le plus présent mais sans aucun doute le plus décrié. C’est le plus utilisé pour une raison simple : sa mise en œuvre. Si elle demande de gros moyens techniques qui nécessitent de l’outillage important pour la fabrication, cette dernière est automatisée. La toile est découpée par une machine et l’assemblage des différents éléments est fait par collage sous haute fréquence. Cette technique parfaitement maîtrisée permet d’obtenir une finition parfaite.

L'Hypalon demande pour sa mise en œuvre moins de moyens techniques mais beaucoup de personnel qualifié. Si le découpage du tissu peut être réalisé par une machine, l’assemblage et le collage à froid restent une opération en partie manuelle.

Hypalon et PVC : pas égaux devant les éléments extérieurs

Le soleil, le sel et les hydrocarbures sont des éléments néfastes pour les tissus. On a tendance à dire que les rayons UV et les hydrocarbures sont sans effet sur l’Hypalon et nuisibles au PVC, c’est une image un peu dépassée et qu’il faut nuancer. En pratique, l’Hypalon est peu sensible aux UV mais le reste aux hydrocarbures. En leur présence, il a tendance à gonfler. Le PVC est plus sensible aux UV que l’Hypalon et avec les hydrocarbures, dans des conditions extrêmes, il durcit et peut aller jusqu’à se déplastifier. Mais, dans la pratique, on ne navigue pas nécessairement dans une nappe de pétrole.

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Le soleil, le sel et les hydrocarbures sont des éléments néfastes pour les tissus. L'Hypalon est peu sensible aux UV mais le reste aux hydrocarbures. Le PVC est plus sensible aux UV que l'Hypalon.© © Romain Sandt/Zodiac

Le bon usage d’un pneumatique

Le point le plus important est la pression de gonflage des boudins. Elle est fixée par le constructeur. Un sous gonflage ou une surpression engendreront des dégâts importants qui pourront aller jusqu’aux ruptures des assemblages voire à celles des cloisons internes. Il faut savoir que les bateaux en PVC sont sensibles aux variations de températures. Lorsque le bateau est au soleil, par exemple sur une plage, il est conseillé de légèrement dégonfler les boudins pour éviter les surpressions. L’Hypalon est également sensible à la température mais dans une moindre mesure. L’idéal pour avoir la bonne pression est d’utiliser un manomètre. Il peut être indépendant ou intégré au gonfleur. C’est un équipement peu onéreux qui permet de gonfler à la bonne pression. Avec un peu de pratique, on peut estimer si la pression est correcte en appuyant avec le poing sur l’arrière du boudin. S’il s’enfonce d’une façon importante, le boudin est sous gonflé, s’il ne s’enfonce pas, il est trop gonflé et lorsqu’il s’enfonce légèrement, la pression est bonne. Le gonflage, s’il a son importance sur la durée de vie des flotteurs, a également une part non négligeable sur le comportement du bateau. Sous-gonflé, le bateau est moins manœuvrant et la consommation de carburant est plus importante. Surgonflé, ne pensez pas qu’il déjaugera plus vite et, à régime moteur constant, qu’il aura une vitesse supérieure. Ce sont des idées reçues. La seule conséquence est l’usure prématurée, voire irréversible des boudins. En résumé, respectez la pression indiquée par le constructeur et, en cas de forte chaleur, pensez à le dégonfler légèrement, en particulier pour ceux réalisés en PVC.

Ne pas négliger l’entretien

Laver régulièrement votre bateau avec un produit adapté car le sel et le soleil sont les deux ennemis du PVC et de l’Hypalon. Ce dernier est toutefois moins sensible. Pour l’hivernage, après un nettoyage sérieux, il est conseillé, si vous en avez la possibilité, de le gonfler modérément (simplement mis en forme) et de le stocker dans un endroit sec à l’abri de la lumière et des intempéries.

Réparer un bateau pneumatique

Il est toujours livré avec une trousse de réparation. Dans la pratique, ne comptez pas trop sur elle. Lorsque l’on en a besoin, bien souvent, la colle est périmée. Une petite crevaison (PVC ou Hypalon) est tout à fait réparable par un plaisancier. Mais, attention, les produits utilisés pour le PVC et l’Hypalon sont différents.

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Un PVC doit être réparé avec du PVC, l'Hypalon avec de l'Hypalon. Les colles sont également spécifiques. Pour le PVC, c'est du mono-composant, pour l'Hypalon du bi-composant. Demandez conseil à un spécialiste© ©Albert Brel

Pour une réparation réussie, il faut procéder en cinq phases.

  1. Choisir un jour où le degré d’hygrométrie est faible et, par beau temps, opérer à l’abri du soleil, du vent et de la poussière.

  2. Déterminer l’endroit où se trouve le trou, bien nettoyer la zone et la dégraisser avec un produit adapté. On peut utiliser un dégraissant spécifique, de l’acétone ou mieux du MEK (Méthyl-Ethyl-Cetone ou Butanone). La rustine, beaucoup plus grande que le trou, sera nettoyée avec le même produit.

  3. Effectuer la réparation sur une surface plane.

  4. Enduire la partie à réparer ainsi que la rustine d’une fine couche de colle. Lorsque celle-ci n’adhère plus au doigt en passer une deuxième voire une troisième couche.

  5. En dernier, appliquer la rustine sur le boudin en prenant soin de bien presser la pièce sur celui-ci. On peut utiliser un morceau de bois et un marteau. Une fois l’opération terminée, on peut nettoyer les bords (excès de colle) avec le dégraissant.

Remarques importantes

Un PVC doit être réparé avec du PVC, l’Hypalon avec de l’Hypalon. Les colles sont également spécifiques. Pour le PVC c’est du mono-composant, pour l’Hypalon du bi-composant. Demandez conseil à un spécialiste pour avoir les produits adaptés.

Notre avis 

PVC ou Hypalon ? Un bateau en PVC, compte tenu de l’outillage nécessaire à sa réalisation, ne peut être fabriqué que par une grosse société et sa finition est bien souvent irréprochable. C’est moins évident pour l’Hypalon qui peut être plus facilement mis en œuvre. En pratique, si vous vous tournez vers une société importante reconnue pour son sérieux, que vous optiez pour le PVC ou l’Hypalon, vous aurez en principe peu de problèmes. Car, s’il y a bien sûr les moyens utilisés pour la fabrication, il faut, en premier, tenir compte de la matière première, le tissu. On trouve sur le marché des tissus en PVC comme en Hypalon de bonne qualité, de qualité moyenne et de qualité médiocre et là, le sérieux du constructeur est un atout important. En conclusion, sur deux bateaux, l’un en PVC, l’autre en Hypalon, s’ils sont bien réalisés, un examen visuel ne permet pas de faire la différence. Le seul examen qui permette de lever le doute est l’examen des boudins au niveau des collages ou des pièces rajoutées (mains courantes, taquets, réparation, etc.), sur ceux réalisés en Hypalon, on voit apparaitre des petits fils.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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