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Depuis l'annonce du confinement le 16 mars dernier, Sillage Nautisme est fermé. "Nous n'avons aucune raison d'être ouvert et je ne veux faire courir aucun risque à mes employés. Nous avions 2/3 dossiers très chauds qui sont de fait en stand-by, des achats de gros bateaux avec des budgets importants mais cela reprendra plus tard" explique Alain Bourrust.
Vous n'êtes pas inquiet pour votre entreprise ? "Je n'ai pas d'inquétude à court et moyen terme car financièrement, l'entreprise est solide. Si cela était arrivé en septembre-octobre, pendant les salons d'automne, cela aurait été nettement plus compliqué. En ce moment, nous sommes en période de livraison, du coup nous avons du faire quelques reports. Mais rien de très impactant, puisqu'il s'agit juste de reports, pas d'annulations." Il ajoute : "Ce qui est plus inquiétant à l'avenir, ce sont les conditions dans lesquelles le secteur va repartir. Les chantiers sont la plupart tous fermés, certains sont au ralenti comme Nautitech mais les grands chantiers français vendéens sont à l'arrêt complet. Et puis il y a les sous-traitants pour qui cela va être difficile... Les chantiers vont prendre du retard dans la production et les livraisons, avec peut-être des impacts sur les salons d'automne... tout dépend de la durée du confinement."
Avec l'interdiction de naviguer, on se rend compte que le bateau n'est finalement pas cet endroit refuge que l'on pouvait imaginer... "Je trouve que la communication à ce sujet a été mauvaise. On comprend les mesures, bien évidemment, mais c'est vrai que pour les plaisanciers, on est seul en mer, donc sans risques a priori. Cela a posé quelques problèmes de compréhension au début du confinement ! Mais effectivement en cas de problème, cela nécessite l'intervention des secours, ce qui signifie moins de personnes à terre pour soigner les malades. Les mesures sont justes et nécessaires."
Comment voyez-vous l'avenir, l'après-confinement ? "Ce qui m'inquiète c'est l'impact économique pour l'Europe, mais aussi l'impact psychologique. Avec ce confinement, on revient à des choses plus simples, on se rend compte que l'on peut vivre sans une consommation excessive, ce qui est une bonne chose, mais pour l'économie, cela va prendre je pense un peu de temps avant de revenir. Une chose est sûre : cette crise va fortement modifier les modes de consommation."
Les secteurs du tourisme, de la restauration... sont fortement impactés. L'annulation des Nautiques de Port Camargue va avoir un réel impact sur l'économie locale ? "Le secteur du tourisme va avoir du mal à s'en remettre. L'annulation du salon va représenter une perte énorme pour l'économie locale, notamment les restaurateurs qui réalisent une importante partie de leur chiffre d'affaires durant ce week-end de Pâques. Nous, nous sommes un petit marché donc ça va, mais dans notre profession les petits chantiers, les sous-traitants, les petits shipchandlers, ne s'en remettront pas. Le paysage va être redessiné. Il faudra être prêt à ce moment là."

"Aujourd'hui nous sommes dans l'expectative mais peut-être que nous sommes à la fin d'un système. A nous de trouver de nouveaux moyens de commercialiser les bateaux, de faire du bateau. Les comportements vont changer c'est certain, car au-delà de l'impact économique, il sera fortement psychologique."