L'importance de bien communiquer à bord

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Par François Tregouet

Même si nous rêvons tous en cette période de Vendée Globe, tout le monde ne fait pas le tour du monde en solitaire. Alors que l’on soit en régate ou en croisière, soigner la communication est indispensable pour : la sécurité, la performance et, non négligeable, l’ambiance du bord. Heureusement, grâce à quelques principes simples et avec l’aide éventuelle d’un équipement spécifique, vos navigations se dérouleront dans la plus grande sérénité.

©D. Wilko - Ineos Team UK
Même si nous rêvons tous en cette période de Vendée Globe, tout le monde ne fait pas le tour du monde en solitaire. Alors que l’on soit en régate ou en croisière, soigner la communication est indispensable pour : la sécurité, la performance et, non négligeable, l’ambiance du bord. Heureusement, grâce à quelques principes simples et avec l’aide éventuelle d’un équipement spécifique, vos navigations se dérouleront dans la plus grande sérénité.

N’est-ce pas sur le trimaran Orma 60 Fujicolor de Loïck Peyron que nous les avons vus apparaître ? Je crois me souvenir d’équipiers d’avant déjà reliés à leur skipper/barreur par la voix des ondes. Plus récemment, vous les avez vus à bord des trimarans Ultim ou des monocoques volants de l’America's Cup équipés de casques-micros. Il faut dire que filant régulièrement à plus de 35 nœuds avec donc un vent apparent bien supérieur, sur une plateforme de plus de 700m² (Classe 32/23) tout en carbone qui résonne, inutile de crier le message n’arrivera jamais. D’autant plus que, notamment sur les AC75, les manœuvres sont de véritables chorégraphies cadencées à la seconde près. Tout dysfonctionnement peut donc mener à la catastrophe comme nous avons pu le constater lors du quasi-naufrage d’American Magic il y a quelques jours. Cette sortie de piste spectaculaire est sans doute le résultat d’un cumul de causes encore pas totalement élucidé. Mais un décalage de quelques fractions de secondes entre barreurs, régleurs de voile et de l’équipier en charge du contrôle… du vol, n’est pas à exclure.

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© Vincent Curutchet / Sodebo

Que faut-il en retenir pour nos croisières estivales ou nos régates IRC du printemps ? Tout d’abord que rien ne sert de crier, il faut communiquer à point ! Avec les caméras embarquées retransmettant en direct ou en différé mais dans leur intégralité, il est aisé de constater l’économie de mots en vigueur à bord des bateaux les plus rapides de la planète. Et bien entendu pas un mot au-dessus de l’autre. S’il reste quelques capitaines ayant pour fâcheuse habitude de crier sur leurs équipiers, ou pire leur équipière préférée, il est urgent qu’ils entrent dans le XXIème siècle et adoptent quelques règles toutes simples. La première d’entre-elles étant d’anticiper. Décomposer en avance la manœuvre à venir qu’il s’agisse d’un simple virement de bord, d’un empannage, d’un affalage, d’une arrivée de port ou d’un mouillage avec l’ensemble de l’équipage est une très bonne habitude à prendre. Que chacun, quel que soit son niveau connaisse le dérouler de la manœuvre, son rôle, les moments clés et bien entendu les mots qui déclencheront les différentes phases est un gage de rassurance pour tous. L’expérience aidant, la complexité augmentant, surtout en régate, plusieurs scénarios possibles seront envisagés et déclencheront des manœuvres différentes, typiquement : « A la bouée sous le vent, on affale, et on repart sur le même bord sauf si on se retrouve sous le vent de notre concurrent direct, auquel cas on virera le plus rapidement possible pour se dégager ». Ainsi tout le monde sait qu’il faut être prêt à virer de bord très vite.

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© Yann Riou

Une fois dans le feu de l’action, il y a deux façons de communiquer. La première est à sens unique, le plus souvent émise par le skipper, mais pouvant l’être aussi par le tacticien, le navigateur ou le barreur. C’est simple, rapide, efficace, « je vire », « je mouille », aucune réponse n’est attendue et il n’y a donc aucun retour sur le fait que tour le monde ait bien entendu et compris l’information. La communication à double sens, certes prend plus de temps, car nécessite un échange, mais au moins l’émetteur initial sait à quoi s’en tenir quant à la compréhension qu’ont eu de son message, celui ou ceux à qui il était destiné. Les difficultés commencent quand le bruit (moteur et vent principalement…), les obstacles (capuches), l’orientation (quand la voix suit le regard…à l’opposé de l’interlocuteur, grand classique des manœuvres de mouillage). Deux solutions sont alors à votre disposition. La première, ancestrale et totalement gratuite mais nécessitant d’avoir été anticipée, est la communication non-verbale. Pour reprendre l’exemple de l’arrivée ou du départ d’un mouillage, indiquer l’orientation de la chaîne d’ancre au barreur avec l’avant-bras est visuellement très parlant. De nombreux signes peuvent ainsi avoir été convenus en amont pour différents moments de la vie du bord. Cependant leur nombre restera toujours limité et ne pourra concerner qu’un public habitué. Alors en dernier ressort, comme me le confiait un lecteur très prévenant, il existe depuis quelques années sur le marché à des prix tout à fait abordables, à partir d’une centaine d’euros la paire, un équipement « anti-divorce » très efficace, des Talkie-Walkie étanches avec oreillettes. Quel plaisir d’arriver au mouillage et de pouvoir échanger presque à voix basse, avec votre moitié. Quelle meilleure impression laisser qu’un bateau arrivant sans un mot plus haut que l’autre au ponton ou dans une crique ? Indéniablement, l’essayer c’est l’adopter.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…