Eviter les pièges lors de l'achat d'un voilier d'occasion

Voiliers

Devant l’offre importante de voiliers à vendre, il peut sembler simple d’en acquérir un. En fait, il n’en est rien. Pour éviter les pièges de l’achat rapide voire du coup de cœur, un certain nombre de points sont à prendre en considération. Les premiers sont l’usage que l’on compte en faire et la région de navigation.

©Albert Brel
Devant l’offre importante de voiliers à vendre, il peut sembler simple d’en acquérir un. En fait, il n’en est rien. Pour éviter les pièges de l’achat rapide voire du coup de cœur, un certain nombre de points sont à prendre en considération. Les premiers sont l’usage que l’on compte en faire et la région de navigation.

Le premier point à prendre en compte : l’usage du bateau 

Un bateau pour quel usage ? Selon que vous pratiquez la régate, la croisière côtière, hauturière, les sorties à la journée, le choix sera différent. On ne s’improvise pas régatier à la seul vue d’une course. Fréquemment, on pratique ce sport soit sur son propre bateau et on désire en changer, soit sur le bateau d’un ami ou dans un club. En règle générale, les régatiers ont des idées bien arrêtées sur le bateau qu’ils souhaitent acquérir mais cela n’évite pas les pièges lors de l’acquisition.

Pour un bateau de croisière, il en va tout autrement. Si on possède un bateau, bien souvent, on veut changer pour le fameux mètre en plus et ce pour diverses raisons. La famille s’est agrandie, le programme a changé. Par exemple, on envisage des croisières plus longues et pourquoi pas une traversée océanique. Comme pour le voilier de régate, si vous pratiquez ou avez pratiqué, vous avez certainement des idées précises sur votre prochain bateau. Si vous êtes nouveau venu dans le nautisme, mis à part quelques sorties avec des amis ou sur des bateaux de location, le choix est plus difficile et la prudence est de mise.

Bateau de grande série, à l’unité ?

Certains bateaux restent une valeur sûre, d’autres pas. L’une des raisons principales est le nombre d’unités mises sur le marché et la popularité du modèle. Si un chantier produit un bateau à plusieurs centaines d’exemplaires, ce n’est pas sans raisons. Au cours des années de production, le bateau peut évoluer mais, là, il faut être attentif. Généralement, la carène reste identique, seuls changent quelques aménagements intérieurs ou de décoration extérieure. L’année a son importance mais sans doute pas la première. Les bateaux construits à l’unité ou en petite série, peuvent être des unités spécifiques réalisées pour un programme donné (navigation dans les eaux froides, aménagements demandés par l’acheteur, etc.). Certains chantiers de renom en ont fait leurs spécialités. Ces bateaux, en alliage la plupart du temps, gardent la cote et sont peu présents sur le marché de l’occasion et souvent surcotés.

Quant aux constructions amateurs, on trouve le pire et le meilleur. Certains partent d’une coque chantier (plus ou moins finie), terminent les aménagements et le font avec beaucoup de sérieux et de professionnalisme. Pour d’autres, c’est plus discutable. Les amateurs qui construisent leur bateau de A à Z, ont eu leurs heures de gloire dans les années 70 mais bon nombre n’ont jamais été mis à l’eau alors que d’autres naviguent toujours. Le risque d’acheter une telle unité amateur est qu’il est pratiquement impossible de l’assurer. Bien souvent, sa valeur marchande est uniquement justifiée par son équipement et son accastillage.

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Ce Nicholson 38, bien qu'ayant quelques années, reste une valeur sûre.© Albert Brel

Le choix du matériau de construction

Il n’y a pas de matériau idéal. Le polyester vieillit bien, son seul inconvénient est l’osmose. L’osmose, dite naturelle, est présente sur tous les bateaux. Pas toujours visible et, dans la grande majorité des cas, elle ne porte pas à conséquence sur la solidité du bateau. L’osmose, dite accidentelle, est plus grave. Elle provient d’un mauvais dosage des composants de fabrication (résine, tissus, etc.). Elle se déclare rapidement et entraîne des cloques importantes sur la carène.

L’alliage est sensible à la corrosion. Il demande une certaine surveillance (anodes, fuite électrique, etc.) mais si les précautions sont prises, c’est un matériau résistant qui vieillit bien et qui a fait ses preuves.

Reste le bois, le coup de cœur pour un bateau en bois traditionnel peut vite s’avérer une galère. On passe plus de temps à l’entretenir qu’à naviguer, certains aiment ça.

Quant aux nouveaux matériaux dérivés du bois (contreplaqué, lamellé-collé, etc.), ils sont résistants et permettent de réaliser des bateaux souvent plus légers que ceux en polyester. Le point négatif, les réparations en cas de choc. Elles doivent être réalisées par un spécialiste.

Faites le bon choix

Le choix ne dépend que de vous et du programme que vous envisagez. N’hésitez pas à rencontrer des plaisanciers qui possèdent le même bateau que celui que vous convoitez. Croisez les informations car dans la majorité des cas pour un propriétaire son bateau est le meilleur. Pour d’autres qui ont rencontrés des problèmes, c’est le plus mauvais des bateaux. Les propriétaires d’unités de grande série sont parfois regroupés en association, vous pouvez également la contacter. 

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Il ne doit pas y avoir de traces d'oxydation sur les cosses des batteries© Albert Brel

Les premières démarches

La première démarche est de demander au vendeur (professionnel ou particulier) de vous envoyer un dossier complet sur le bateau (année de construction, inventaire, factures, précédents propriétaires, etc.). Sur cet inventaire doivent figurer tous les équipements (électronique, voiles, etc.) avec leur date d’achat ainsi que des photos de détails (fond du bateau, moteur, voiles, etc.). A la vue des dossiers, vous pourrez déjà faire une présélection des bateaux à visiter. Méfiez-vous d’un vendeur qui ne possède pas d’historique du bateau sous prétexte qu’il fait tout lui-même. L’électronique a une valeur marchande qui dévalue rapidement (voire électronique d’occasion). Certains équipements ont une durée de vie limitée. C’est le cas des batteries (5 à 7 ans), du radeau de survie (15 à 18 ans suivant modèle et vérification). Les voiles sont un point important mais seul un examen sur place vous permettra de juger de leurs états. Il y a aussi la motorisation (type de moteur, année, nombre d’heures), entretien. Le gréement, est-il d’origine ou a-t-il été changé ? un point à ne pas sous-estimer. Certaines assurances, si vous envisagez une grande croisière, demandent que le gréement ait moins de 10 ans ou soit vérifié par un expert.

La première visite à bord

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Le compartiment moteur doit être propre sans huile dans les fonds© Albert Brel

Vous avez retenu quelques bateaux. La première visite à bord doit vous permettre de réduire la sélection. Un vendeur sérieux doit présenter un bateau propre (coffres, fonds, équipets, etc.). Un bateau sale, en particulier les fonds, est synonyme d’un manque d’entretien qui risque d’être général sur l’ensemble du bateau. Le propriétaire ou le vendeur professionnel doit être à même de répondre à toutes vos questions sur son historique et son entretien. Une fois cette première visite effectuée, en principe, vous sélectionnerez un ou deux bateaux qui répondent à vos critères. Faites un tableau comparatif des plus et des moins. Certains équipements peuvent être remplacés facilement, par exemple, une cuisinière, un radeau en fin de vie, l’électronique. Ils ont un coût qui peut justifier la négociation du prix, mais, il est sans commune mesure avec d’autres équipements tels que les voiles, le gréement ou le moteur.

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Vérifier l'installation électrique© Albert Brel

La visite de concrétisation

Si vous tombez d’accord avec le vendeur. Prévoyez une autre visite qui cette fois sera plus complète avec les essais du bateau sous voiles et au moteur, son examen à terre et à flot. Pour celle-ci, nous vous conseillons de faire appel à un expert expérimenté (cf. le rôle de l’expert). Le coût est à la charge du demandeur et peut être négocié avec le vendeur en cas d’achat. A moins de bien connaître le type bateau que vous avez retenu, seul un expert est capable de déceler les points faibles que ce soit au niveau de la coque, des voiles, du gréement ou de la motorisation. Il n’existe pas de bateau idéal quel que soit le chantier. Certains ont de problèmes de liaisons coque/pont, d’autres c’est la motorisation trop faible, l’étanchéité des hublots, etc. Il faut vivre avec et faire des compromis. Dans bien des cas, l’avis d’une femme apporte une vision positive qu’un homme n’a pas toujours, en particulier, sur les équipements de vie à bord tel qu’un double évier, inutile, un simple plus grand est plus pratique, une cuisinière deux feux est préférable à une trois feux, des rangements inadaptés au programme, etc.

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Vérifier que toutes les fonctions du tableau sont opérationnelles© Albert Brel

En conclusion

Un bateau n’est pas nécessairement un achat coup de cœur. Il doit être examiné sur tous les points surtout en fonction du programme, de la région, par exemple, un grand tirant d’eau est mal adapté dans les zones à marée importante… On considère volontiers que c’est le dernier bateau, c’est rarement le cas. Et même s’il l’était, il faut penser à la revente. Certains bateaux gardent la cote, d’autres se déprécient vite.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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