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Le premier point à prendre en compte : l’usage du bateau
Un bateau pour quel usage ? Selon que vous pratiquez la régate, la croisière côtière, hauturière, les sorties à la journée, le choix sera différent. On ne s’improvise pas régatier à la seul vue d’une course. Fréquemment, on pratique ce sport soit sur son propre bateau et on désire en changer, soit sur le bateau d’un ami ou dans un club. En règle générale, les régatiers ont des idées bien arrêtées sur le bateau qu’ils souhaitent acquérir mais cela n’évite pas les pièges lors de l’acquisition.
Pour un bateau de croisière, il en va tout autrement. Si on possède un bateau, bien souvent, on veut changer pour le fameux mètre en plus et ce pour diverses raisons. La famille s’est agrandie, le programme a changé. Par exemple, on envisage des croisières plus longues et pourquoi pas une traversée océanique. Comme pour le voilier de régate, si vous pratiquez ou avez pratiqué, vous avez certainement des idées précises sur votre prochain bateau. Si vous êtes nouveau venu dans le nautisme, mis à part quelques sorties avec des amis ou sur des bateaux de location, le choix est plus difficile et la prudence est de mise.
Bateau de grande série, à l’unité ?
Certains bateaux restent une valeur sûre, d’autres pas. L’une des raisons principales est le nombre d’unités mises sur le marché et la popularité du modèle. Si un chantier produit un bateau à plusieurs centaines d’exemplaires, ce n’est pas sans raisons. Au cours des années de production, le bateau peut évoluer mais, là, il faut être attentif. Généralement, la carène reste identique, seuls changent quelques aménagements intérieurs ou de décoration extérieure. L’année a son importance mais sans doute pas la première. Les bateaux construits à l’unité ou en petite série, peuvent être des unités spécifiques réalisées pour un programme donné (navigation dans les eaux froides, aménagements demandés par l’acheteur, etc.). Certains chantiers de renom en ont fait leurs spécialités. Ces bateaux, en alliage la plupart du temps, gardent la cote et sont peu présents sur le marché de l’occasion et souvent surcotés.
Quant aux constructions amateurs, on trouve le pire et le meilleur. Certains partent d’une coque chantier (plus ou moins finie), terminent les aménagements et le font avec beaucoup de sérieux et de professionnalisme. Pour d’autres, c’est plus discutable. Les amateurs qui construisent leur bateau de A à Z, ont eu leurs heures de gloire dans les années 70 mais bon nombre n’ont jamais été mis à l’eau alors que d’autres naviguent toujours. Le risque d’acheter une telle unité amateur est qu’il est pratiquement impossible de l’assurer. Bien souvent, sa valeur marchande est uniquement justifiée par son équipement et son accastillage.
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Le choix du matériau de construction
Il n’y a pas de matériau idéal. Le polyester vieillit bien, son seul inconvénient est l’osmose. L’osmose, dite naturelle, est présente sur tous les bateaux. Pas toujours visible et, dans la grande majorité des cas, elle ne porte pas à conséquence sur la solidité du bateau. L’osmose, dite accidentelle, est plus grave. Elle provient d’un mauvais dosage des composants de fabrication (résine, tissus, etc.). Elle se déclare rapidement et entraîne des cloques importantes sur la carène.
L’alliage est sensible à la corrosion. Il demande une certaine surveillance (anodes, fuite électrique, etc.) mais si les précautions sont prises, c’est un matériau résistant qui vieillit bien et qui a fait ses preuves.
Reste le bois, le coup de cœur pour un bateau en bois traditionnel peut vite s’avérer une galère. On passe plus de temps à l’entretenir qu’à naviguer, certains aiment ça.
Quant aux nouveaux matériaux dérivés du bois (contreplaqué, lamellé-collé, etc.), ils sont résistants et permettent de réaliser des bateaux souvent plus légers que ceux en polyester. Le point négatif, les réparations en cas de choc. Elles doivent être réalisées par un spécialiste.
Faites le bon choix
Le choix ne dépend que de vous et du programme que vous envisagez. N’hésitez pas à rencontrer des plaisanciers qui possèdent le même bateau que celui que vous convoitez. Croisez les informations car dans la majorité des cas pour un propriétaire son bateau est le meilleur. Pour d’autres qui ont rencontrés des problèmes, c’est le plus mauvais des bateaux. Les propriétaires d’unités de grande série sont parfois regroupés en association, vous pouvez également la contacter.

Les premières démarches
La première démarche est de demander au vendeur (professionnel ou particulier) de vous envoyer un dossier complet sur le bateau (année de construction, inventaire, factures, précédents propriétaires, etc.). Sur cet inventaire doivent figurer tous les équipements (électronique, voiles, etc.) avec leur date d’achat ainsi que des photos de détails (fond du bateau, moteur, voiles, etc.). A la vue des dossiers, vous pourrez déjà faire une présélection des bateaux à visiter. Méfiez-vous d’un vendeur qui ne possède pas d’historique du bateau sous prétexte qu’il fait tout lui-même. L’électronique a une valeur marchande qui dévalue rapidement (voire électronique d’occasion). Certains équipements ont une durée de vie limitée. C’est le cas des batteries (5 à 7 ans), du radeau de survie (15 à 18 ans suivant modèle et vérification). Les voiles sont un point important mais seul un examen sur place vous permettra de juger de leurs états. Il y a aussi la motorisation (type de moteur, année, nombre d’heures), entretien. Le gréement, est-il d’origine ou a-t-il été changé ? un point à ne pas sous-estimer. Certaines assurances, si vous envisagez une grande croisière, demandent que le gréement ait moins de 10 ans ou soit vérifié par un expert.
La première visite à bord
Vous avez retenu quelques bateaux. La première visite à bord doit vous permettre de réduire la sélection. Un vendeur sérieux doit présenter un bateau propre (coffres, fonds, équipets, etc.). Un bateau sale, en particulier les fonds, est synonyme d’un manque d’entretien qui risque d’être général sur l’ensemble du bateau. Le propriétaire ou le vendeur professionnel doit être à même de répondre à toutes vos questions sur son historique et son entretien. Une fois cette première visite effectuée, en principe, vous sélectionnerez un ou deux bateaux qui répondent à vos critères. Faites un tableau comparatif des plus et des moins. Certains équipements peuvent être remplacés facilement, par exemple, une cuisinière, un radeau en fin de vie, l’électronique. Ils ont un coût qui peut justifier la négociation du prix, mais, il est sans commune mesure avec d’autres équipements tels que les voiles, le gréement ou le moteur.

La visite de concrétisation
Si vous tombez d’accord avec le vendeur. Prévoyez une autre visite qui cette fois sera plus complète avec les essais du bateau sous voiles et au moteur, son examen à terre et à flot. Pour celle-ci, nous vous conseillons de faire appel à un expert expérimenté (cf. le rôle de l’expert). Le coût est à la charge du demandeur et peut être négocié avec le vendeur en cas d’achat. A moins de bien connaître le type bateau que vous avez retenu, seul un expert est capable de déceler les points faibles que ce soit au niveau de la coque, des voiles, du gréement ou de la motorisation. Il n’existe pas de bateau idéal quel que soit le chantier. Certains ont de problèmes de liaisons coque/pont, d’autres c’est la motorisation trop faible, l’étanchéité des hublots, etc. Il faut vivre avec et faire des compromis. Dans bien des cas, l’avis d’une femme apporte une vision positive qu’un homme n’a pas toujours, en particulier, sur les équipements de vie à bord tel qu’un double évier, inutile, un simple plus grand est plus pratique, une cuisinière deux feux est préférable à une trois feux, des rangements inadaptés au programme, etc.

En conclusion
Un bateau n’est pas nécessairement un achat coup de cœur. Il doit être examiné sur tous les points surtout en fonction du programme, de la région, par exemple, un grand tirant d’eau est mal adapté dans les zones à marée importante… On considère volontiers que c’est le dernier bateau, c’est rarement le cas. Et même s’il l’était, il faut penser à la revente. Certains bateaux gardent la cote, d’autres se déprécient vite.