
Se démarquer du "main stream" est un impératif pour ces unités qui ne manquent donc pas de caractère. Proposer un niveau de performance plus élevé que la grande série est forcément un argument qui tranche quand la majorité du marché semble attirée par toujours plus de confort et d’espace. Mais ils ont bien d’autres qualités à faire valoir, que ce soit sur deux ou trois coques.
Alors qu’en dessous de 35 pieds les aménagements des trimarans proposés sont synonymes de camping côtier, en poussant le curseur jusqu’à 40 pieds, vivre à bord devient vraiment envisageable. La nouveauté de l’année qui a séduit beaucoup de monde, dont l’auteur il faut bien l’avouer, c’est bien sûr le Dragonfly 40. Le niveau de performance et la qualité de fabrication de ce diable de Jens Quorning sont bien sûr au top… tout comme son prix. Mais les sensations apportées par les vitesses à deux chiffres et un confort intérieur assez inédit dans ce format ont-ils un prix ? Il faudra plutôt ici parler d’investissement car forcément, les valeurs de revente des Dragonfly sont élevées. Et certains coûts sont réduits, comme la place de port grâce à ses flotteurs, forcément repliables, ADN Danois oblige.
Les trimarans à l’attaque
Un argument que possède aussi le Corsair 37 dont la conception plus ancienne est visible au premier coût d’œil. Mais les performances sont toujours là et, s’il est bien sûr plus petit que le Dragonfly, que ses aménagements intérieurs n’ont rien à voir, ni en finition ni en espace, son prix est également sans rapport : 60% moins cher ! Un élément à prendre en compte au moment de passer commande et qui incite à bien réfléchir au programme de navigation envisagé. Mais le duo de tris sera bientôt trio, avec le très attendu Rapido 40 annoncé pour cet été. Se positionnant économiquement entre les deux acteurs historiques, l’impétrant dessiné par les architectes Morelli Melvin avance trois arguments chocs : un système de réduction de largeur inédit, des performances flatteuses, servies par des foils innovants.

Catamarans, l’armada Britannique
Précurseurs en matière de catamarans de croisière (Snowgoose, Prout…) les Anglais, s’ils ont laissé le leadership aux français dès la fin des années 80, n’en ont pas pour autant complètement délaissé le marché. Nous avions ainsi pu découvrir lors du salon du Multicoque de La Grande Motte en 2019, le très intéressant Broadblue 346, version compacte du très populaire Broadblue 385 qui en est à sa troisième génération. Avec son mât reculé qui facilite grandement les manœuvres, son cockpit haut et très protégé, le 346 est vraiment unique et ne manque pas d’arguments. Surtout pas économiques avec un prix de base autour de 183 000 euros HT selon le taux de change du jour. Un avantage que n’ont pas les bien plus onéreux Dazcat. Mais dessinés par le très talentueux Darren Newton et magnifiquement construits par l’équipe d’orfèvres de Multimarine à Milbrook (GB) ces poids plumes ont bien d’autres arguments à mettre en avant. À commencer par des performances à même de gagner en temps réel toutes les courses auxquelles ils participent ! Entre le mythique 1195 Legacy et le tout nouveau 1095 Concept, il y a forcément un Dazcat qui convient à qui veut être le plus rapide du plan d’eau à l’automne et au printemps, tout en croisant confortablement l’été, voire en « transatant » en moins de dix jours l’hiver.

Trois 37 pieds pour une troisième voie
Entre ces unités finalement assez atypiques et le "mass market" existe-t-il une troisième voie ? Trois constructeurs y croient. La marque Australienne Seawind, désormais produite au Vietnam dans la même usine que les trimarans Corsair, souffre d’une distribution européenne trop discrète alors que ses catamarans ne manquent pas d’atouts. Le Seawind 1190 est représentatif de la marque avec sa porte basculante ouvrant intégralement le carré sur le cockpit, ses deux barres à roues latérales en façade arrière de roof, son cockpit dépourvu de banquettes mais équipé d’un barbecue à l’arrière, et sa cuisine en coursive. Un plan d’aménagement qui peut surprendre en Europe, qui n’est pas pourtant si éloigné d’un Bali ou d’un Nautitech Open. Mais avec un déplacement de seulement 6 tonnes et des coques tout en finesse, le Seawind 1190 se montre particulièrement véloce sous voiles dans le petit temps. Un poids proche de celui avancé par le C-Cat 37 (5.5 tonnes) dessiné par Marc Lombard et construit à Fiumicino près de Rome par la chantier Comar, connu de longue date en France pour ses Comet sur plans Finot. Nacelle plutôt courte, roof élégant, étraves inversées, grand-voile à corne, disponible avec ailerons fixes ou dérives, ce 37 pieds réussit à être élégant tout en offrant un intérieur confortable. Son unique version d’aménagement en trois cabines le destine à un usage essentiellement privé, et ce choix assumé permet à l’unique représentant Italien de ce comparatif d’être très cohérent. Mais bientôt un troisième concurrent viendra là-aussi animer les débats pour notre plus grand bonheur, puisque est attendue la mise à l’eau et les premiers essais de l’Aventura 37. Dessiné par Samer Lasta et produit en Tunisie comme ses homonymes de 34 et 44 pieds, cette nouvelle unité est annoncée au prix canon de 187 917 Euros HT.

Tout en restant en dessous de 12m, dans une largeur et donc un encombrement au port encore raisonnable, avec des plans de voilure vraiment faciles à manier, et en offrant parfois autant d’espace et de confort qu’un monocoque de 14m, les multicoques de 35 à 40 pieds ne peuvent que rencontrer le succès. Même s’il n’est pas toujours aisé de concilier espace de vie et saine légèreté, on ne peut que se réjouir de l’inventivité des architectes et des chantiers pour proposer une offre aussi variée. Difficile de trouver une excuse pour ne pas trouver de bateau à son goût et surtout à son budget !
