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Pas courant de perdre son mouillage en navigation et pourtant cela peut arriver. Un incident qui peut non seulement se transformer en accident grave mais qui vous prive aussi de mouillage si vous n’en n’avez pas prévu un de secours.
Le mouillage à poste, oui, mais sous certaines conditions
La sécurité veut que le mouillage soit à poste, prêt à être largué mais cela impose certaines précautions. Un mouillage (ou ligne de mouillage) se compose d’une ancre, d’une ligne de chaîne seule ou mixte (chaîne plus câblot) et d’un guindeau. Pour être opérationnel, l’ancre doit être à poste sur le davier et la chaîne sur le barbotin du guindeau. Cette technique permet de mouiller rapidement en cas de problème, par exemple : une panne de moteur dans une zone à courant, un cordage pris dans l’hélice mais s’utilise aussi dans certains ports qui ne disposent pas de pendille et où l’on doit mouiller arrière au quai. Les exemples où cette manœuvre est nécessaire sont nombreux. Mais, en navigation, pour éviter de perdre son mouillage, voire d’endommager le guindeau, certaines précautions sont à prendre.
Que peut-il arriver en navigation ?
Si le mouillage est à poste avec la chaîne sur le barbotin, tous les mouvements de l’ancre sont directement transmis au guindeau. Les coups de rappel peuvent être brutaux. Le guindeau n’est pas fait pour ce type de traitement. Ces chocs répétés peuvent l’endommager. Le cas le plus courant est le frein qui se desserre ou la goupille du barbotin qui casse. Dans ce cas, le mouillage est largué et part à la mer. On ne peut rien faire, il ne faut surtout pas essayer d’arrêter la chaîne, au risque de se blesser grièvement. Si la chaîne (ou le câblot) n’est pas assurée dans la baille, c’est la perte totale du mouillage. Si elle est assurée et s’il y a peu de fond, vous vous retrouvez mouillé sinon le mouillage pendra à l’étrave. Dans le premier cas, vous pouvez espérer le remonter en vous aidant d’une drisse et d’un winch. L’opération est longue et le résultat dépend du poids du mouillage, de la hauteur d’eau et de l’état de la mer.
Dans le second cas, c’est plus difficile voire impossible. Récemment sur un catamaran équipé de 100 m de chaîne de 12 mm et d’une ancre de 40 kg (poids total du mouillage 365 kg), le remonter s’est avéré impossible malgré tous les efforts de l’équipage. La seule solution a été de couper le cordage de retenue dans la baille et de laisser partir le mouillage à la mer. Mais, attention, pour effectuer cette opération, il faut tout d’abord assurer la chaîne avec un cordage tourné sur un taquet placé loin de la chaîne, ensuite couper la retenue et en dernier le cordage de sécurité pour éviter tout accident.
Comment éviter cet incident ?
Le guindeau n’est pas conçu pour encaisser des à-coups répétés qui peuvent être violents et une ancre placée sur un davier ne peut que bouger en navigation surtout lorsque la mer est agitée. Les solutions sont d’assurer avec un cordage l’ancre sur le davier et également la chaîne au niveau du guindeau. En prenant ces précautions, l’ancre bouge moins voire très peu et les rappels ne sont plus encaissés par le barbotin mais par le cordage. Bien entendu, avant de mouiller, il ne faut pas oublier d’ôter ces sécurités.