
Bonjour Alain Thébault, qu’est-ce qui vous a amené cette année à passer une journée sur le Cannes Yachting Festival ?
J’ai deux projets en cours. Il y a d’abord The Jet ZeroEmission, qui est quelque part un engin de luxe technologique, comme une Bentley Aquatique, qui intéresse beaucoup les hôtels de luxe, pour remplacer les hélicoptères par des navettes qui ne rejettent que de la vapeur d’eau. Pour les Sea Bubbles, j’étais parti d’un design un peu iconique, parce que j’adore les bandes-dessinées, qui vole sur l’eau, et j’avais ensuite rentré les batteries un peu au chausse-pied. Mais là, mes ingénieurs-associés m’ont tous dit, « Alain il faut faire le contraire. Il faut partir d’un groupe motopopulseur, soit de batteries, soit de piles à combustibles et dessiner le bateau autour. Et c’est ce que nous avons fait pour The Jet ZeroEmission.

© Image E-Nemo Alain Thebault - DREt le deuxième projet, pouvez-vous nous en dire plus ?

Et bien après avoir créé Sea Bubbles parce que mes filles m’avaient dit « ce que tu fais dans la vie (NDLR l’Hydroptère) ne sert à rien », mes deux petits garçons de 2 et 5 ans, cet été sur la plage en face de Porquerolles m’ont dit « papa, est-ce que tu saurais faire un petit bateau qui vole sur l’eau sans bruit, sans vague, qui vient nous chercher sur la plage ? ». Comme il faut toujours écouter ce que nous disent les enfants, c’est comme cela qu’est né E-nemo. Un ami qui travaille chez Apple, que j’avais connu à San Francisco, me dit que le bateau devrait voler tout seul, que ce serait plus simple. Et comme mes enfants m’ont aussi dit « Papa, il faut qu’il fonctionne avec un iPhone ». J’ai trouvé une idée que j’ai très vite fait breveter. Car comme pour un planeur, le foil sous l’eau a besoin d’un grand allongement pour chercher l’efficience, un rapport portance / traînée important. Mais sous un bateau les foils dépassent alors du maître-bau donc pour le E-nemo j’ai imaginé un système comme une ampoule à baïonnette. Ça sera un bateau autonome, même si pour l’instant il y a un pilote avec un joystick, c’est comme un Moth à foils, il y a un foil central, des commandes de vol électrique, le contrôle du roulis avec deux flaps en extrémités de foil qui se replient dessous. On tape par exemple "Iles de Lerins" sur l'app pour commander l'E-nemo, qui vient au ponton, on choisit une plage et il n'y a plus qu'à préparer masques et tubas ! Et sur l'eau c'est beaucoup plus facile qu'en voiture où il y a beaucoup plus de paramètres à gérer. Il faut faire évoluer un peu la législation mais techniquement ce n'est pas compliqué d'éviter les obstacles. Le plus compliqué c'est ce qui est juste en surface. Une bille de bois qui flotte entre deux eaux à la même densité que l'eau. Pour les manœuvres de port il y a un petit moteur électrique à l’arrière et le prototype de cet engin va voler cet hiver.
La suite de cet entretien bientôt sur Figaro Nautisme !