
Forcément, sur une plateforme de près de 18 mètres de long par 9 mètres de large, il y a de l’espace à revendre. Même en gardant des coques fines, gage de performances, un roof court et discret pour limiter le fardage, une nacelle haute sur l’eau pour ne pas taper, et en intégrant des puits de dérives pour remonter au vent et filer au portant. C’est perceptible dès le premier pied posé à bord. La large jupe qui prolonge le bordé offre un accès des plus aisés. C’est en passant d’un siège de barre à l’autre que l’on se rend compte de l’immense largeur disponible. Le cockpit en profite pour prendre ses aises. Longue banquette sur la poutre arrière et deux autres, plus à l’abri, derrière le roof. La table de cockpit s’invite à bâbord et accueillera sans sourciller une dizaine de convives. Les astucieux tabourets maison en polyester, qui font aussi office de rangements, passent de l’intérieur à l’extérieur avec facilité.

Eloge de la sobriété
On en fait de même via la grande baie vitrée qui ne sépare les deux que lorsqu’il fait mauvais. Peu de différences d’ailleurs une fois passé sous le roof : même vision sur l’extérieur à quasiment 360 degrés, même sol antidérapant, même finition laquée blanche. Difficile de faire plus sobre, plus lumineux, plus efficace et moins contraignant, on n’hésite d'ailleurs pas à rentrer avec son ciré mouillé et ses bottes, dans cet intérieur marin, dont la seule décoration est le fruit d’un partenariat fort cohérent avec le voisin Lorientais 727 Sailbags. La grande table à cartes face à la route est un très bon poste de veille bien abrité, mais elle devient très vite bureau pour Jérôme, le directeur commercial du chantier, que la magnifique vue sur mer n’empêche visiblement pas de travailler. Les convives qui prendront place autour de la table de carré, aussi grande que celle du cockpit, pourront continuer à converser avec le cuisinier qui, sur tribord, fait face à la route. Si la hauteur sous barreau est partout suffisante (entre 208 et 196 cm dans la nacelle) l’organisation de la cuisine ne nous a en revanche pas semblée optimum. Il manque là un volume poubelle, ici un peu de rangements, et une protection antiéclaboussures devant l’évier. Mais Marsaudon Composites n’est pas un acteur industriel figé dans ses plans. Le chantier propose au contraire un haut niveau de personnalisation, et il est certain qu’ils réaliseront le plan de cuisine de vos rêves.
© Photo François TREGOUET - MULTI.media

Le luxe de l’espace
Le « sur-mesure » est également disponible dans les coques, mais le plan d’aménagement en trois cabines de ce numéro 1 ne manque pas d’atouts. Les planchers noir carbone (maison) contrastent avec les bordés et le mobilier laqués blancs, donnant à l’ensemble un style sportif et moderne fort à propos. La coque bâbord est une longue suite propriétaire, avec couchage arrière de 195 par 195 cm, qui permet de dormir dans le sens souhaité, mais toujours avec un œil sur l’extérieur, grâce aux vitrages présents tant dans le bordé que sur le tableau arrière. Un élégant bureau et de nombreux rangements partagent la zone centrale avec le puits de dérive, plutôt discret. A l’avant, la salle d’eau est immense, s’offrant une double vasque, un toilette électrique et une cabine de douche plus grande qu’à la maison. A tribord, la cabine arrière reprend les dimensions de la cabine propriétaire, la cabine double avant limitant la largeur de couchage à 150 cm. Les deux se partagent une salle d’eau commune et une douche séparée en arrière du puits de dérive. Avec des lits intégrés à la structure et non en îlots, ce qui ne choquera aucun marin expérimenté, c’est là la seule concession faite à la performance, et c’est bien peu cher payé pour garder le déplacement de ce beau vaisseau juste en dessous des 12 tonnes.

Le meilleur des deux mondes ?
Et c’est sans doute là que l’ORC 57 réalise ce que l’on pourrait croire contradictoire : proposer des performances hors-normes avec un volume et un confort permettant d’envisager toutes les croisières, y compris la grande croisière. L’utilisation parcimonieuse du carbone, juste là où il faut, en est une parfaite illustration. Dans les cloisons principales, là où les efforts sont les plus importants, et dans le roof (option) pour gagner du poids dans les hauts, mais pas dans les coques ce qui nuirait trop au confort. La proposition de Marsaudon Composites ne peut que séduire le marin averti. Partager les sensations de glisse que seul procure un multicoque performant, avec un équipage pas forcément aguerri qui appréciera lui le confort et la sécurité procurés par cette grande plateforme, est une équation que peu d’unités arrivent à résoudre.
Caractéristiques techniques :
Longueur de coque : 17,56 m Longueur hors-tout (avec bout-dehors): 18,40 m Largeur plate-forme : 9,05 m Largeur hors-tout (sièges en place) : 9,40 m Poids lège (norme ISO) : 11,9 T Tirant d’eau standard : 1,65 m / 3,30 m Hauteur sous nacelle : 1,07 m Tirant d’air : 25,80 m Longueur de mât : 22,85 m Surface Grand-Voile : 107 m² Génois (J1) à recouvrement : 84 m² Motorisation diesel : 2 x 57 cv, saildrives Réservoir GO : 2 x 200 L Réservoirs eau douce : 2 x 200 L