
Même entouré de maxi-trimarans et de moult Imoca dernier cri, le dessin de Marc Lombard Yacht Design ne passe pas inaperçu dans le port de Lorient. Les bordés sculptés, les brions d’étraves fièrement au-dessus de l’eau, le roof discret, le mât haut perché et le siège de barre franche avenant sonnent comme une promesse de milles avalés à grande vitesse. Si bien sûr, certains propriétaires enthousiasmés par les performances des productions Marsaudon succombent aux sirènes des grandes courses au large, l’objectif de départ de la gamme n’était pas là, et ne l’est toujours pas avec ce troisième modèle qui vient coiffer en taille les ORC 42 et 50. L’idée originelle, et qui prévaut toujours, c’est de proposer des bateaux simples, légers, induisant un minimum d’efforts pour rendre la navigation facile et rapide, toujours entre 10 et 12 nœuds de moyenne, hors pointes à plus de 20 nœuds, et sans prendre de risques.
© Photo François Tregouet - MULTI.mediaA la poursuite du soleil

Et c’est exactement ce que nous avons expérimenté lors de cette première journée d’essai. En fin de matinée, le vent souffle à 20 nœuds pas très loin de l’axe de la sortie de la rade de Lorient. Une fois sortis du chenal à bonne vitesse grâce aux deux moteurs Yanmar de 57 CV, la grand-voile est prudemment hissée avec deux ris, et la trinquette (J3) déroulée. Nous prenons la direction des Glénan comme nous l’avions prévu, au bon plein, filant 8-9 nœuds à une cinquantaine de degrés du vent réel. Le bateau mouille peu, le barreur joue avec les vagues, calé dans son siège baquet, la barre franche bien en mains, sans plus d’efforts. Arrivés à la pointe Nord de Groix, à cette vitesse l’archipel n’est plus qu’à une heure et demie de navigation mais le ciel s’éclaircit par le Sud, pas dans notre direction. Et si on changeait de programme et allions au-devant du beau temps ? Va pour un tour de l’île de Groix et une descente vers Houat. Le virement de bord est facile, grâce au faible recouvrement de la voile d’avant et on se sent en toute sécurité dans ce cockpit où chaque manœuvre tombe sous la main, à bonne hauteur. Groix paré, on abat de quelques degrés direction la Baie de Quiberon et le speedo accélère franchement, ne descendant plus en dessous des 12 nœuds. Mieux, il suffit que le vent monte de quelques crans pour que le bateau en fasse tout autant et atteigne 15 nœuds sans que l’ambiance du bord ne s’en trouve changée.
© Photo François Tregouet - MULTI.mediaUne petite pointe à 18 nœuds ?

Passé La Teignouse, quelques rayons de soleil percent les nuages mais le vent ne se calme pas. Une mer plus plate, quelques rafales à 28 nœuds et le speedo s’affole encore, dépassant les 18 nœuds. Ça rigole à bord, ça jubile à la barre, mais nulle inquiétude au sein de l’équipage, on serait même plutôt sous-toilé non ? Le mouillage de la Grande Plage de Houat ne semble pas très abrité en revanche. Et si on entrait dans le Golfe du Morbihan plutôt ? Excellente idée, nous serons bien abrités, et le cadre enchanteur pourrait donner de belles images. C’est donc reparti pour une traversée de la Baie de Quiberon dans sa longueur puis une entrée dans le golfe du Morbihan. On enlève un ris et on déroule le génois (J1) dans un vent qui commence à faiblir pour compenser le courant contraire. Le vent est complètement tombé une fois l’ancre posée devant la grande plage de l’île aux Moines. Le coucher de soleil magnifie cet écrin toujours aussi exceptionnel.
© François Tregouet - MULTI.mediaChoisir sa météo est un must

Le bilan de cette journée de croisière automnale et rapide ? Entre la sortie de la rade de Lorient et l’entrée du Golfe du Morbihan nous avons parcouru une cinquantaine de milles nautiques en tout juste cinq heures, ce que nous pourrions qualifier de « belle après-midi de navigation ». Plutôt sous-toilés, et en équipage réduit, nous aurions pu être entre amis ou en famille que nous n’aurions jamais eu la moindre inquiétude. La vitesse du bateau nous a permis de choisir notre météo en changeant de programme en cours de route. De parcourir toute la distance que nous souhaitions sans stress ni effort démesuré. Il est magique de voir le bateau saluer chaque risée d’une accélération aussi naturelle, d’aller plus vite que tout le monde avec seulement la grand-voile à deux ris et la trinquette, quand certains étaient grand-voile haute et solent. Une certitude s’installe doucement à bord, croiser à 10 nœuds, ou plus, redessine les cartes marines, modifie le champ des possibles, ouvre à de nouvelles croisières, de nouvelles façons de naviguer.