
Baptisé KISS pour « Keep It Simple and Smart », ce petit trimaran aux allures de pirogue polynésienne du XXI° siècle se veut simple et malin comme son nom l’indique et comme un certain Vaurien. Le plan signé Jean-Jacques Herbulot pour les Glénan au début des années cinquante, bénéficia autant qu’il participa à la popularisation de la voile. D’abord en contre-plaqué puis en polyester, ce sont 34 000 exemplaires qui ont été construits au fil des ans, pour un succès qui ne se dément pas.
10 kits fournis à 10 lycées
Et cette volonté de rendre la voile accessible à tous est restée dans l’ADN de l’Association et ils se sont alors posé la question de ce que pourrait bien être le “Vaurien 2.0”. L’idée était de rapprocher les gens de la pratique, proposer un bateau plus écologique dans sa conception pour être bien dans son époque. Bien sûr il s’agissait aussi de faire un bateau amusant sur l’eau, facile, stable, et sécurisant. Pas une caravelle en lin, même si l’idée pouvait paraître sympathique, ni un bateau à foils pour ne pas être exclusif, mais au contraire s’adresser à tout le monde, dès le niveau zéro. Le résultat, est un trimaran de 6.60m à la fois ludique, moderne et écologique. Comme nous l’a expliqué Guillaume Voizard, Responsable Développement et Innovations aux Glénan, sur le stand de la célèbre école de voile, l’objectif de production est bien plus modeste puisqu’au-delà du prototype présenté, il s’agit de construire 10 Kiss dans 10 lycées. Les premiers lycées heureux bénéficiaires du programme sont déjà connus. Il s’agit de Concarneau, Pont l’Abbé, Marie Galante, La Seyne sur Mer, et Les Sables d’Olonne. Accompagnés techniquement par Guillaume Voizard et par l’architecte Hervé Penfornis, ils recevront un kit complet et n’auront rien à débourser, et à ce jour l La moitié du projet est déjà financée. Les cinq premières constructions vont donc pouvoir être lancées, la seule différence notable par rapport au prototype fabriqué à la base des Glénan à Concarneau et exposé Porte de Versailles, c’est que la coque centrale sera en contre-plaqué sur lisse, avec une stratification d’étanchéité non-structurelle, au lieu d’être en composite lin, mousse PET et résine epoxy biosourcée, mais avec le même devis de poids. Les flotteurs eux restent identiques, en lin et liège, mais seront fournis par Les Glénan grâce à leurs moules.

En bateau la jeunesse !
L’esprit de simplicité est en tous cas bien là, le principe ayant guidé toute la conception étant non pas de toujours augmenter la puissance mais plutôt de réduire la traînée. "Si les Polynésiens mettent des voiles sur leurs pirogues à rames, nous on a plutôt mis des rames sur notre petit trimaran. Faire les choses simplement était un vrai pari” nous confie Guillaume Voizard. Pari réussi avec seulement quatre taquets sur le bateau par exemple, pas de hale-bas, pas de rails, un mât entièrement autoporté, sans câbles. Attention, l’objectif initial n’est pas d’en faire un bateau école, dont le cahier des charges aurait été trop restrictif. C’est plutôt un bateau open-source, dont un particulier ou une association, voire un chantier, pourrait bénéficier des plans, avec l’accord de l’architecte et l’association des Glénan. Le prototype a été réalisé à deux en cinq mois, ce qui n’est sans doute pas très éloigné du nombre d’heures nécessaires à un particulier pour en faire de même. Le bateau est entièrement démontable, il s’assemble en une heure environ et l’ensemble pèse 200 kilos. Le kit complet fourni par les Glénan aux lycée comprend : les plans du bateau et des pièces, l’ensemble des éléments du bateau, les matériaux de construction. Mais l’accompagnement est également inclus et va très loin, avec une assistance technique en présentiel ou à distance, une formation aux métiers de la mer, ainsi qu’une formation environnementale pour l’ensemble des élèves. Enfin, les lycéens concernés bénéficieront aussi d’un stage de voile mi-temps de 5 jours, une invitation à participer à un rallye de 3 jours rassemblant tous les lycées participants.