Erwin Bamps : « Prestige c'est trois univers »

Figaro Nautisme : Sur ce Boot Düsseldorf 2023, quel sens donnez-vous à la présence de Prestige Yachts ?
Erwin Bamps : "Dans le passé nous avons exposé jusqu’à six bateaux ici, mais cette fois-ci nous n’en avons amené que trois, pour concentrer la discussion sur les univers de Prestige. L’univers Flybridge avec les Prestige S et F qui ont fait notre réputation depuis 30 ans. Puis nous avons lancé il y a bientôt trois ans la X-Line pour répondre aux clients qui voulaient plus d’espace de vie à bord, une circulation plus facile, une interaction intérieur/extérieur encore jamais vue, en utilisant presque toute la largeur du pont. Les deux modèles de cette gamme sont très appréciées non seulement pour les qualités que je viens d’évoquer, mais aussi pour le niveau de finition que Prestige a encore monté plus haut. Et enfin, nous avons amené la M48, troisième univers de Prestige où, pour vraiment vivre XXL, on utilise le seul concept technique qui permet de le faire en préservant le comportement en mer, le multicoque. On l'a entièrement imaginé, ce n’est pas une plateforme de voilier reconvertie. Certains clients ici font le tour des trois bateaux, des trois univers, on leur explique le concept, les différents compromis entre vitesse de pointe et espace de vie à bord. Et ce n’est qu’en descendant de la M48, où ils ont l’impression d’avoir le volume d’un 60 pieds, qu’ils réalisent que c’est un catamaran. La technique s’est complètement effacée derrière l’usage, l’expérience et ça c’est très bien. Nous avons donc bien réussi à créer une Prestige avant tout, mais le fait que l’on soit sur un multicoque permet d’augmenter notre promesse de qualité de vie à bord, ce qui est au cœur de notre marque, « l’art de vivre à la Française »".
F. N. : Un art de vivre augmenté bientôt par l’annonce d’une plus grande Prestige M ?
E. B. : "Oui nous avons annoncé cette semaine la M8, avec laquelle nous montrons une continuité, un vrai investissement dans cette famille de produit, et l’ambition de Prestige dans le haut de gamme. C’est aussi la première unité que nous construisons dans notre nouveau chantier de Monte Falcone. Nous y bénéficions de tout l’héritage de construction des grands Monte Carlo Yachts. Nous ajoutons à l’art de vivre à la Française, un peu de Dolce Vita Italienne, qui relèvent quelque part du même univers, de cette envie de profiter de la vie dans l’élégance. Nous sommes le seul constructeur à associer ces deux inspirations. Nous intégrons le côté industriel du groupe Bénéteau, tout en gardant cette envie de bateaux raffinés, de se concentrer sur les détails, la finesse et le choix des matériaux. C’est une combinaison vraiment unique qui a en plus le potentiel pour produire de grands bateaux en nombre, en associant, c’est ce que nous souhaitons, le meilleur de deux mondes. Nous avons une histoire de plus en plus riche à raconter à nos clients, qui peuvent déjà visiter notre nouvelle usine de Monte Falcone, qui rencontrent notre équipe Italienne, qui voient les échanges entre les deux Côtes d’Azur (rires) avec toujours l’envie de progresser, pas seulement en taille, mais aussi en finition. Notre offre reste concentrée sur l’élégance, le raffinement, l’espace de vie à bord, avec une variation multicoque. Nous sommes les seuls à le proposer dans ce hall 6 (celui des grands motor-yachts ndlr) et c’est sans doute pour cela qu’il y a une jolie file d’attente pour visiter la M48."
F. N. : A plus long terme, quelle sera la stratégie de Prestige autour de ses trois gammes ?
E. B. : "On va continuer à investir dans la gamme Multicoque, car nous sommes convaincus que cela deviendra de plus en plus « main stream ». Mais nous sommes également conscients que cela ne convient pas à tout le monde, qu’il y a toujours un compromis entre vitesse de pointe et élégance. Celui ou celle qui aime la finesse des lignes d’une Prestige S ne sera pas forcément convaincu par celles d’un M48 qui a le volume d’un loft. Nous n’essayons pas de convaincre tout le monde, mais certains préfèrent naviguer plus lentement, passer plus de temps à bord, dormir à bord, et l’expérience d’une nuit au mouillage sur un monocoque ou sur un multicoque peut ne pas être la même. C’est comme dans l’univers automobile, certains préfèrent avoir un SUV, d’autres un coupé sport. Pour nous, monter en taille est certes une stratégie, mais la priorité, c’est cette diversification horizontale avec une offre complémentaire et un espace de vie à bord exceptionnel, où la vitesse de pointe n’est plus 27 nœuds mais 19. Cela fait des offres très différentes, tout en restant dans les valeurs de la marque entre luminosité, vue à 360 degrés et facilité d’utilisation. Avec la M8, que nous présenterons à Cannes en septembre prochain, puis un mois plus tard à Fort Lauderdale, nous construisons pour cela deux premières unités, nous proposons dans un 65 pieds, le volume d’un 90 pieds monocoque avec un niveau de finition hérité de Monte Carlo Yachts."