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Figaro Nautisme : Déjà 10 ans ! Pouvez-vous nous raconter les origines de Samboat et la vision que vous aviez à l'époque ?

Nicolas Cargou : "L'histoire est très simple. J'étais passionné d'Airbnb. J'ai dû faire partie des premiers propriétaires sur Paris à l'époque quand c'est arrivé sur le marché. Et mon associé, Laurent Calando faisait de la plaisance. Et du coup, ça a été un peu le mariage des deux mondes à une époque où l'économie circulaire était à la mode, et donc la relation entre un propriétaire de bateau particulier et un locataire de bateau particulier. Nous sommes également partis d'un constat simple : un bateau, ça coûte cher et c'est compliqué à entretenir. Tout le monde devenait alors gagnant.
Quant à notre objectif il était clair : rendre la mer accessible à tous, quel que soit le budget, le lieu ou le type de bateaux.
Nous avons commencé avec rien, à la sortie de l'école. Nous nous sommes installés à Bordeaux dans un incubateur, mais on avait juste le concept et une landing page. Nous avons alors réussi à entrer en contact avec AXA pour une assurance tous risques qui assurait toutes les locations de bateaux et tous les bateaux sur la plateforme. Cela a été l'élément déclencheur pour nous, pour nous lancer.
Au fil des années, nous avons construit un site internet, nous avons constitué une équipe avec tous les postes nécessaires au bon fonctionnement de la start-up. Nous avons réussi à structurer, à s'implanter, à prendre de la place et à devenir incontournable aujourd'hui.
Il y a 10 ans, nous n'aurions jamais imaginé arriver si loin aujourd'hui. Notre vision a évolué. On est passé d'un objectif de dimension française à l'Europe puis au monde.
Après des levées de fond, un fonds d'investissement, etc. nous avons été racheté par Dream Yacht, plus gros acheteur et vendeur de bateaux au monde. Nous sommes passés d'une start-up à une belle société qui compte plus 60 collaborateurs en France. Nous avons également des locaux en Espagne, en Allemagne, aux Etats-Unis."
Figaro Nautisme : Vous avez commencé par la location entre particuliers, les professionnels sont arrivés plus tard chez Samboat ?
Nicolas Cargou : "Les choses se sont faites progressivement. On a commencé par la location entre particuliers, très axée dayboat, parce que chez nous, il y a deux segments. Il y a le dayboat qui concerne les bateaux à moteur de moins de 7 mètres et le charter avec des catamarans loués pour une semaine de location en moyenne. On a rapidement évolué vers le monde professionnel car on s'est vite rendu compte que le marché particulier, cela ne sortait pas de marge suffisante.
On s'est ouvert au marché professionnel aux alentours des années 2016-2017 pour ensuite devenir une marketplace au global. On se décrit aujourd'hui comme une marketplace de la location de bateaux. Quelle que soit l'offre, qu'elle soit particulière ou professionnelle, on vient sur notre site pour trouver un bateau et surtout le meilleur service, que l'on a développé avec les croissances externes que nous avons fait ces deux dernières années. Nous avons acheté des experts locaux, un peu comme des agences de voyages locales, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne ou encore en Suède.
Figaro Nautisme : Avec le développement rapide de Samboat, l'augmentation des loueurs, notamment professionnels, comment arrivez-vous à gérer la demande, de plus en plus forte ?
Nicolas Cargou : "Oui nous avons été confrontés à des problématiques opérationnelles, notamment garantir la disponibilité, le calendrier des bateaux sur la plateforme.
Pour n'importe quelle acquisition de client qui vient sur la plateforme, qui fait une demande de location, c'est très déceptif quand on n'a pas de réponse ou quand il y a un refus. Donc, on veut vraiment s'axer sur la qualité de l'offre et donc avoir des propriétaires qui jouent le jeu et qui mettent à jour au maximum les disponibilités. C'est pour ça qu'on a lancé un SaaS en ligne, un logiciel en ligne de gestion de calendrier pour les professionnels.
Figaro Nautisme : La location se dématérialise de plus en plus ses dernières années, les entreprises doivent suivre.
Nicolas Cargou : "Le nautisme a 5 à 10 ans de retard sur le tourisme de façon générale. Quand on doit le comparer à l'hébergement, par exemple. Il est évident qu'aujourd'hui, on doit couvrir même pas 30% des locations en ligne. Tout le reste, c'est en direct. Tout le reste est géré sur un bout de papier, sur un paperboard. On a donc beaucoup de choses à faire."
Figaro Nautisme : Quels sont vos projets pour les dix prochaines années ? L'international ?
Nicolas Cargou : "Notre objectif est de renforcer nos positions européennes. Nous avons beaucoup à faire en Allemagne notamment et en Europe du Nord, qui sont des pays sources, où l'on va chercher les locataires. Nous avons tout le marché européen à aller chercher avec notre logiciel de gestion pour les professionnels évoqué précédemment, et bien sûr les Etats-Unis ! C'est un marché monstrueux et plutôt très axé yachts de luxe. On s'est bien emplanté là-bas, mais on n'est vraiment pas connus encore comparé à ce qu'on pourrait faire. Mais en tout cas, le lancement s'est bien passé."
Et pour conclure : sauriez-vous deviner pourquoi "Samboat" ? Et bien pour le jeu de mot "ça me botte" (c'est bon vous l'avez ?). Mais aussi Sam, capitaine de soirée, pour le côté rassurant, et l'oncle Sam of course !