
Payer comptant, une solution économique mais… qui coûte cher ?Jusqu’en 2020, la très grande majorité des achats de bateaux en France passait par le leasing. Une solution qui, par le biais d’une niche fiscale, permettait mécaniquement de baisser la TVA sur le bateau de 20 à 10%. Une économie qui justifiait largement les coûts générés par le recours à une banque pour monter ce financement.L’argument de l’économie sur la TVA ayant été évacué, le paiement « cash » redevient une solution intéressante. En effet, le recours à une banque pour financer un achat n’est jamais gratuit. Et si vous avez l’argent disponible pour votre achat, pourquoi ne pas le dépenser et ainsi ne pas le laisser sur votre compte ou investi dans un placement risqué ou peu rentable, surtout en période inflationniste ?Cette solution est surtout valable pour les unités les moins onéreuses (intéressante aussi pour une place de port par exemple ou un refit de son bateau). Mais certains acheteurs aujourd’hui peuvent décider d’acheter comptant des bateaux de plus de 10m. « C’est une question d’arbitrage », nous confiait ainsi Adrien Collot directeur de Nautibanque, que nous avons interrogé sur le sujet du financement, « il y a des zones de rentabilités plus performantes que l’achat d’un bateau, notamment pour des chefs d’entreprises qui préfèrent investir leurs deniers au profit de l’exploitation de leur entreprise, et arbitrent ainsi pour le recours à un endettement profitable »…

Un crédit pour un bateau ?L’avantage principal du crédit dit « classique » est que le contractant est le propriétaire du bateau, cela permet de financer des bateaux d’occasion, des travaux de refit et même des places de ports. En effet, la banque pourra ainsi s’adosser sur une hypothèque maritime. L’inconvénient, les banques n’ayant le droit de financer que le montant hors taxes, il vous faudra autofinancer les 20% de la TVA ainsi que l’apport indispensable, car il est très rare, toujours d’après Adrien Collot « qu’une banque finance la totalité d’un achat de bateau qu’il soit financé en crédit ou en leasing. »… Comme pour tous les prêts, le taux d’intérêt et les conditions de remboursement anticipé sont définis contractuellement tout comme la durée du crédit qui varie, en général, entre quelques mois et 15 ans. Attention, un crédit ne peut se transmettre, donc si vous souhaitez vendre votre bateau, il faudra rembourser le solde du crédit, alors que le leasing, lui, peut être transmis.
LOA, crédit-bail, leasing… LA solution idéale pour acheter le bateau de ses rêves ?Le leasing – aussi appelé crédit-bail ou LOA – fonctionne sur le même principe qu’un crédit. Un organisme bancaire va vous aider à financer l’achat du bateau en contrepartie d’un paiement mensuel sur une durée définie contractuellement (là encore, souvent d’un maximum de 15 ans). Mais dans le cas du leasing, c’est le bailleur (l’organisme de prêt) qui est propriétaire du bateau et qui va vous le louer. A la fin de la durée de la période de location, vous devenez – c’est le choix de la très grande majorité des contractants – propriétaire du bateau en levant l’option d’achat finale (généralement comprise entre 5 et 15%), d’où le nom de LOA -location avec option d’achat. Les avantages du leasing sont nombreux : vous pouvez financer l’équipement du bateau et des options, vous gardez vos liquidités disponibles, fiscalement, vous n’êtes pas propriétaire du bien et le leasing est transmissible à un nouvel acquéreur. Autre avantage, vous pouvez bénéficier d’un taux de TVA réduit ou même à 0% sur les loyers dans certains cas (en proportion du temps où vous ne naviguez pas dans les eaux européennes) et ce qui est vraiment important, y compris sur le premier loyer, en général majoré (équivalent à l’apport sur fonds propres) et qui peut représenter entre 20 et 35% du prix du bateau… Si vous allez naviguer en dehors des eaux européennes (y compris donc au Maroc, Tunisie, Royaume-Uni ou Norvège…), l’économie est bien réelle. A vous de prouver à l’administration fiscale, par tous les moyens à votre disposition, que votre bateau est en dehors des eaux européennes (des entreprises spécialisées tels que des agents maritimes peuvent vous y aider)…

Comme pour les assurances plaisance, il convient de s’adresser à des organismes qui ont une vraie compétence dans le financement si particulier des bateaux. Selon l’usage de votre nouvelle embarcation (location ponctuelle ou régulière, zone de navigation, achat en copropriété, navigation hauturière ou pas, création d’une société pour l’achat…) les solutions ne seront pas les mêmes !L’inconvénient principal du leasing (au-delà de son coût forcément plus important que l’achat comptant) est qu’il est restrictif pour les bateaux d’occasion. Les organismes de prêts n’acceptant que les bateaux neufs ou très récents. Donc si vous avez porté votre dévolu sur un bateau d’occasion, il sera possible de le financer via un leasing, mais uniquement dans le cas où la TVA est récupérable et qu’il est en excellent état. Enfin, le bailleur, qui reste propriétaire du bateau, peut aussi vous imposer certaines restrictions d’utilisation.

Copropriété, gestion-location : ou comment acheter moins cher un bateau plus grand ?Financer l’achat d’un bateau consiste à trouver un moyen de s’offrir le bateau de ses rêves. CQFD ! La copropriété est aujourd’hui plébiscitée par de nombreux marins qui se sont rendu compte qu’ils n’utilisaient leur bateau que quelques semaines par an. La copropriété permet de partager les coûts d’achat, d’entretien et de naviguer sur une unité plus récente et/ou plus grande à un prix intéressant. Concrètement, la copropriété peut être une indivision (chaque copropriétaire a une part définie du bateau mais est responsable de manière égale devant la loi) ou une société commerciale qui va acheter un bateau et le gérer et dont chaque actionnaire peut profiter. Dans tous les cas, il convient de passer par un notaire pour le montage de l’opération pour définir un règlement de copropriété qui va gérer les droits et devoirs de chacun des copropriétaires. La gestion-location est un concept mis en place depuis des décennies par de nombreux loueurs à travers le monde. Le principe est très simple : vous achetez un bateau que vous mettez en location chez un loueur. Vous pouvez utiliser ce bateau (ou un autre équivalent dans l’une des bases du loueur) X semaines par an (selon le contrat passé avec le loueur). Le reste du temps, le bateau est loué, ce qui permet de réduire les mensualités du crédit ou de la location du leasing. A la fin de la période de gestion, vous êtes propriétaire d’un bateau qui ne vous aura couté qu’une fraction du prix… Tout en vous permettant de naviguer plusieurs semaines par an !
Remerciements : Merci à Adrien Collot, Directeur de Nautibanque, banque spécialisée dans le financement des plaisanciers et des entreprises spécialisées dans le domaine maritime.