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Le skipper suisse réalise une très belle performance pour son entrée dans l’Océan Indien en naviguant en 4e position, à une cinquantaine de milles du leader et à une vingtaine de noeuds. Rencontre avec l'architecte de son voilier.
Le voilier de Bernard Stamm, Cheminées Poujoulat, est le seul plan Kouyoumdjian de la flotte. L’architecte franco-argentin, créateur de bateaux vainqueurs de la Volvo Ocean Race, a développé une silhouette taillée à la serpe qui a forcé l’admiration, notamment sur la Rolex Fastnet Race 2011 (3e). « C’est un bateau construit pour performer sous reaching, au portant, avec 14 à 20 nœuds, explique Juan Kouyoumdjian. On l’a voulu performant dans ces conditions mais pas trop mauvais dans les autres, non plus ! » Le voilier a été ajusté grâce à l’expérience de Bernard Stamm, juste avant le départ. Rien n’a été laissé au hasard, à l’image des caissons de rangement intérieurs qui peuvent se déplacer d’un bord à l’autre pour matosser en limitant les efforts. «Dans le très, très petit temps, quand on n’utilise pas la bascule de la quille, le bateau est moins confortable, précise Juan Kouyoumdjian. Mais après les dernières modifications, Bernard m’a dit qu’il était très content car ce sont les pires conditions pour le bateau mais il n’a pas l’air si faible que cela par rapport aux autres bateaux. » L’architecte n’est pas surpris par la performance de Bernard Stamm, bien au contraire : « Je pense qu’il ne s’est pas encore exprimé à 100 %, il est loin d’avoir dit son dernier mot. » Juan Kouyoumdjian suit très attentivement la course, « je consulte 90 % des updates », et observe particulièrement les trois premiers bateaux. « Leur légèreté est admirable mais j’aurais peur de toucher le poids du bateau jusque-là », analyse-t-il. « Je pense aussi que le performance tient beaucoup aux choix des marins en terme de gréement, de manœuvre… Il est très difficile de faire la part entre ce qui vient du bateau et ce que le marin apporte. » Depuis le départ de la course, l’architecte n’a pas encore eu l’occasion de discuter avec Bernard Stamm. « Non, mais je suis accoutumé à la Volvo pendant laquelle on ne parle pas du tout aux skippers », précise-t-il dans un sourire. L’architecte assure que maintenant, le plus délicat pour les bateaux, ce sont bien les collisions avec les objets flottants.
Un parcours délicat jusqu’à la prochaine porte des glaces
Jetons maintenant un œil sur les conditions météo de Cheminées Poujoulat. Les quatre leaders filent en direction de la porte Crozet et profitent d’un vent bâbord amure. « Ce sera pas mal pour Bernard Stamm qui pourra se coller sérieusement au podium lors des prochaines 24 heures, observe Eric Mas, directeur de l’information météo chez Météo Consult – La Chaîne Météo. Mais il ne pourra pas atteindre la porte sans virer de bord ce qui le pénalisera par rapport à ses concurrents. » Bernard Stamm devrait tirer des bords jusqu’à Crozet et passer la porte à l’Est. « D’ici 48 heures, il devrait toucher la porte à l’Est tandis qu’Armel Le Cleac’h pourra toucher l’extrémité Ouest de cette porte d’ici 24 heures », précise Eric Mas.