
Figaro Nautisme. - Comment jugez-vous votre premiere partie de Vendee Globe?
Jean-Pierre Dick. - C'est difficile a dire. Je n'ai pas pris un bon depart et donc, je me suis fait distancer assez vite. Ma premiere nuit n'a pas ete bonne du tout mais c'est alle crescendo. J'ai pris une belle option sur la descente de l'Atlantique et ca m'a permis de me reprendre au classement et meme d'etre leader par moments. Je ne vais pas faire la fine bouche, c'est tout de meme satisfaisant. Meme si sur les derniers jours je n'ai pas forcement eu la meilleure phase, la tete n'est pas loin. J'ai eu quelques problemes donc j'espere que les evenements me seront plus favorables a l'avenir. Actuellement, la mer est tres difficile, les orages ont rythme ma nuit et j'ai perdu un peu de terrain. Je vais aller vers le sud pour avoir du meilleur vent, remonter vers le nord pour passer la porte de Crozet puis a nouveau prendre une option sud.
L'Ocean Indien est-il, selon vous, la partie la plus difficile de cette course?
L'Indien est complique, mais on garde une route assez nord avec les portes des glaces, ce qui fait qu'on est un peu moins expose au froid. Je me mefie plus du Pacifique. Quand on est en groupe, comme c'est le cas a l'avant en ce moment, ca aide a rester a 100 % en eveil, la concentration ne faiblit pas. Par contre, lorsqu'on sera dans le Pacifique, des ecarts se seront peut-etre creuses et la vigilance pourrait retomber, ca ne pardonnera pas.
Chaotique, c'est le mot qui revient pour decrire la mer dans laquelle vous naviguez. Comment vous organisez-vous pour gerer votre vie a bord et repondre aux sollicitations exterieures?
Heureusement que le pilote automatique est la. On ne peut pas toujours barrer. Dans ces conditions, on fatigue tres vite a tenir la barre. On laisse donc le pilote gerer cette partie et nous, skipper, on s'occupe de tout le reste, tout ce qui releve du bateau mais aussi la gestion du bonhomme qui est tres importante. Les contacts exterieurs sont assez brefs, donc on peut prendre le temps de repondre. Apres pour la navigation, j'ai de la musique. C'est un moyen plutot efficace pour rester dans le rythme et a la fois s'evader.
Etre sponsorise par une entreprise familiale, est-ce une pression en moins pour un marin ou au contraire une pression supplementaire?
La pression est la, mais elle est positive. En general, la pression, c'est moi qui me la mets et je demande parfois a mes amis de me la mettre mais c'est une pression pour progresser. Je n'ai pas de pression du resultat. Les sponsors veulent gagner bien sur, tout comme moi, mais ce n'est pas un imperatif. Je suis serein de ce cote-la.
Etes-vous satisfait de votre bateau?
Mon bateau me va tres bien. C'est un bateau de derniere generation qui va tres vite. J'ai eu un an de plus pour le prendre en main que Francois Gabart et Armel Le Cleac'h, ca pourrait faire la difference car je le connais tres bien desormais. Malgre tout, je redoute vraiment Armel, il a un excellent bateau, beaucoup d'experience, c'est le favori numero 1. Attention aussi a Bernard Stamm qui revient bien.
L'election du marin de l'annee est lundi. Qui voyez-vous pour vous succeder?
Je vois Franck Cammas parce que ce n'est pas tous les jours qu'un Francais gagne la Volvo Ocean Race, mais Loick Peyron merite aussi pour son tour du monde.