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Comment jugez-vous ce premier mois de Vendée Globe?
Je suis la course d'assez loin. De ce que je vois, les portes des glaces rendent l'épreuve inaccessible à des grands talents comme Jean Le Cam qui n'ont pas la chance d'avoir des bateaux aussi développés que les skippers de tête. C'est regrettable que des petits bateaux n'aient pas leur chance. La course devient un Figaro autour du monde. Et puis quand on a peur des icebergs, on ne fait pas le Vendée Globe tout simplement. La Route du Rhum offre assez de liberté pour que les moins rapides puissent tout de même s'en sortir, le Vendée Globe a enlevé cela. Le risque existe partout et il n'y a pas eu d'accidents dans le Vendée Globe liés aux icebergs.
Vous êtes proche de Jean Le Cam, que pensez-vous de sa course malgré les portes?
Il fait partie des grands perdants de ce système de portes des glaces. Il reste malgré tout un de mes favoris. J'espère qu'il va tenir et nous sortir un exploit, ce ne serait pas la première fois. Il est capable de nous surprendre. Mais encore une fois, la course manque vite d'intérêt, à cause de trop de règles, le Vendée Globe perd en humanité, c'est dommage.
Qui suivez-vous avec attention?
Ceux de mon époque bien sûr, (Bertrand) de Broc et (Jean) Le Cam. Il y a aussi le jeune devant (François Gabart). Je sais que Michel Desjoyeaux en attendait beaucoup et il réalise une super course, bravo à lui. Place à la jeunesse désormais. Il y a aussi Arnaud Boissières. J'ai trouvé adorable qu'il se souvienne de la date de ma victoire sur la Route du Rhum alors que moi-même je ne la connais pas exactement. Je suis fière d'avoir marqué des personnes et peut-être de les avoir amenées vers la voile.
Thomas Coville disait que le Vendée Globe manque de présence féminine, qu'en pensez-vous?
Je suis d'accord malheureusement. Quand j'ai commencé ma première Route du Rhum, je n'avais que 21 ans et il y avait un classement féminin, nous étions quatre femmes. Maintenant il y a de moins en moins de navigatrices.Je pense que ça vient de la base. Il faut expliquer aux gens que plutôt que d'envoyer le fils à l'école de voile et la fille à la danse, il faut emmener les deux à la voile. Après 30 ans de carrière, je suis dans l'optique de transmettre. Je veux prouver que la voile est accessible à tous et c'est pour ça que j'ai créé ma fondation. On n'offre pas assez l'accès aux jeunes. Je vois à Marseille, il y a une rade magnifique et personne n'en profite.
Quels sont vos projets aujourd'hui dans la voile?
Professionnellement, je ne vois plus rien. Je me suis rendue compte que les sponsors préféraient confier un budget à un homme plutôt qu'à moi, ça m'a écoeurée. Pour les 20 ans de ma victoire, j'ai voulu recourir la Route du Rhum. Et le bateau que je convoitais a été finalement été donné à un homme, ça a fini de me dégoûter. Désormais, je cherche à organiser une course qui serait uniquement faite pour les femmes et qui aurait lieu en Méditerranée. Je veux donner l'opportunité à des gens de venir vers la voile. Chaque bateau aura une professionnelle à bord et le reste de l'équipage sera fait de femmes étrangères, des Libanaises, des Sénégalaises par exemple. J'aimerais que la première édition ait lieu en 2014, je commence à trouver des partenaires. C'est plus facile parce qu'on est sur des plus petits budgets que ceux de la course au large.