Le Cap Horn en ligne de mire

Course au large
Par Figaro Nautisme

Tous les voyants sont au vert pour Armel Le Cléac’h et François Gabart qui filent à vive allure vers le Cap Horn.

Tous les voyants sont au vert pour Armel Le Cléac’h et François Gabart qui filent à vive allure vers le Cap Horn.

Le ciel est toujours aussi dégagé au dessus des têtes d’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et François Gabart (Macif) qui déboulonnent entre 19 et 20 noeuds vers le Cap Horn. 10 milles devant Gabart mercredi après-midi, Le Cléac’h envisage la suite sereinement. «C’est l’heure des choix. On a des routes différentes devant nous avec une transition devant, dans les prochaines 24 heures, quand on passera la porte Pacifique-est. On va garder notre stratégie, mais on va effectivement s’intéresser à la météo. Pour l’instant nos routes ne sont pas très différentes avec François, donc il n’y a pas beaucoup de stress Le vent a molli un peu, ce qui n’est pas mal car on a eu une nuit plus agitée que ce qu’on avait prévu. C’était assez tonique. Là on a 25-28 nœuds à peu près. J’ai eu le temps de dormir un petit peu pour me reposer avant d’attaquer la journée ».

 

Dick distancé

 

La situation est plus compliquée pour Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) empêtré dans des vents instables qui ne lui permettent pas de naviguer à plus de 10 nœuds. « C’est incroyable dans les mers du Sud : même quand il n’y a pas de vent, la grande houle reste. Les phénomènes ondulatoires sont importants ici, ce n’est pas comme en Méditerranée. Le bateau tape même dans le vent faible. Le vent devrait rentrer dans quelques heures. L’effet d’élastique est bien présent lors de mon tour du monde. Hier, j’avais grappillé 50 milles, ce matin (heure française), j’ai perdu 162 milles dans la pétole. Rien n’est joué, chaque jour est une nouvelle aventure ». A bientôt 700 milles de Banque Populaire, Dick paie un lourd tribut aux éléments et va devoir maintenant surveiller ses rétroviseurs où grossit Alex Thomson (Hugo Boss) qui n’a plus que 385 milles de retard sur le bateau bleu.

 

Le Cam en pleine forme

 

Solide cinquième, Jean Le Cam (SynerCiel) est sur son petit nuage. « J’ai eu une journée de rêve comme je n’en avais pas eu depuis longtemps : soleil, ciel bleu, 22 nœuds de vents… J’ai inspecté le bateau de A à Z, de l’arrière à l’avant, j’ai vérifié les pilotes, les connexions. J’ai fait du ménage et asséché la soute à voile et les compartiments arrière. Même s’il n’y avait pas beaucoup d’eau (un demi-seau), c’est toujours cela de gagner pour la performance ! ». Derrière Le Cam, pas de changement, tout va bien pour le restant de la flotte avec des vitesses comprises entre 14,5 et 18 noeuds. Le plus rapide des retardataires étant Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) qui ferme la marche.

 

Stamm toujours à Dunedin

 

Des nouvelles enfin de Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) ancré depuis deux heures du matin dans la baie de Kaikai, face à Murdering Beach sur le côté nord-ouest de l'entrée du port de Dunedin au sud de la Nouvelle-Zélande. Stamm s’affaire pour réparer les fixations de ses deux d'hydrogénérateurs en espérant reprendre la course rapidement.

 

LES VOIX DU LARGE

 

Dominique Wavre (Mirabaud) : « J’ai réalisé de belles moyennes ces dernières vingt-quatre heures. Je navigue dans un ciel de traîne, avec un vent relativement stable en direction qui varie de 20 à 35 nœuds en force. Ce sont donc des conditions musclées, dans lesquelles il faut beaucoup manœuvrer – lâcher des ris, reprendre un ris, vider les ballasts, les remplir à nouveau…Mike m’a repris quelques milles ces dernières heures, et il va encore accentuer un peu son avance car le vent faiblit de l’arrière. Mais le vent va se relever plus fort d’ici 24 heures. Nous allons alors passer par le travers des îles Campbell, qui seront les dernières terres avant le Cap Horn ».

 

Jean Le Cam (SynerCiel) : « Pour moi, le passage important du tour du monde c’est quand tu passes ce fameux antiméridien. Jusque-là, ta position augmentait dans l’Est et là, arrivé à 180°, le décompte s’inverse, un peu comme un compte à rebours. Tu as fait la moitié de la terre et plus ça va plus tu te rapproches de la latitude de l’Europe. Les Sables d’Olonne sont à 2°Ouest et le Cap Horn est à 67°Ouest. Il ne me reste plus que 113° pour le Horn et ça fait plaisir. Ce n’est plus beaucoup en comparaison de tout ce que l’on a fait ».

 

Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) : « Le chariot de la drisse de grand-voile s’est de nouveau cassé, mais pas au même endroit que la première fois. Ce matin, quand j’ai pris un ris, le chariot était coincé : j’ai réussi à le faire descendre mais une pièce est restée dans le rail, à environ 27 mètres du pont. Demain j’essaierai de grimper à nouveau au mât, voir ce qu’il se passe là-haut. Théoriquement, ça devrait être plus simple que la dernière fois, car le bateau sera stable et ne fera pas d’embardées. Je pense que je pourrai résoudre ça au lever du jour. Je suis remonté un peu au Nord car j’avais les doigts congelés. En haut, je pourrai mieux travailler... J’espère que ça m’aidera ».

 

Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) : « Il y a entre 20 et 32 nœuds de vent, la mer n’est pas très belle. Ce n’est pas simple. Le ciel est bleu par moment puis se couvre d’un coup. La mer est toujours en avance sur le vent, les conditions sont un peu difficiles. On va avoir une météo calme pendant 3 jours mais à long terme ça a l’air pas mal. On navigue relativement près des côtes, donc les conditions sont assez particulières. Le soir de Noël c’était sympa, 25 nœuds dans la nuit noire c’est toujours rigolo. Le bateau ne tapait pas trop, il glissait c’était plutôt agréable ».

 

Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) : « Ça se passe bien. Il fait gris depuis ce matin, il pleut il y a du vent, des vagues mais c’est super. Il y a une belle allure qui nous permet d’avancer vite, le bateau se porte bien et je veux rester à l’avant du front. Un peu comme un tapis roulant, la dépression va finir par me dépasser mais plus je reste avec elle plus je peux réduire l’écart avec ceux de devant. Il ne faut pas trop lâcher prise et garder de la toile pour avancer le plus vite possible, même si parfois c’est un peu chaud. Ce matin j’ai fait le tour du bateau avec un tournevis et une clé mais je n’ai rien eu à toucher. Ça prouve que les gars ont bien bossé avant de partir. Tout va bien, aucun problème ».

 

Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) : « Aujourd’hui c’est une journée un peu grise qui a commencé par un empannage. Je suis en tribord amures avec 2 ris dans la grand-voile et le petit gennaker. On est à 140° du vent, ça avance plutôt vite. Le vent et en train de passer à l’ouest donc ça me rapproche de la route direct, c’est nickel. On est à 500 milles de la porte Ouest Australie donc c’est super. Dans les conditions actuelles c’est un peu plus difficile de faire des images à l’extérieur mais en général ça me prend une heure, une heure et demie par jour. Le plus long, c’est le montage, ça dépend de la longueur des rushs et j’essaye de ne pas avoir à refaire mes prises ».

 

CLASSEMENT

Positions du 26/12 à 16 heures : 1.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 9 198 milles de la ligne d’arrivée; 2.François Gabart (Macif) à 10,3 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 687,8 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 1 072,8 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 968,6 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 2 341,2 m; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 380,2 m; 8.Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) à 2 430,3 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 623 m; 10.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 3 079,9 m; 11.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 602,6 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 4 007,1 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 781,2 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).
 

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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