Nouveau coup dur pour Stamm

Course au large
Par Figaro Nautisme

Dans la nuit de samedi à dimanche, Bernard Stamm a heurté un objet flottant non identifié. Privé d’hydrogénérateurs après le choc, le Suisse envisage un nouvel arrêt.

Dans la nuit de samedi à dimanche, Bernard Stamm a heurté un objet flottant non identifié. Privé d’hydrogénérateurs après le choc, le Suisse envisage un nouvel arrêt.

A 3h30 dimanche matin, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) a informé son équipe à terre qu’il venait de heurter un objet flottant non identifié. Lors du choc, son hydrogénérateur bâbord a été arraché alors que le second semble également être hors d’usage et ne chargeait plus. Stamm a donc aussitôt coupé l’ensemble des sources de consommations d’énergie du bord pour préserver ce qui lui reste d’électricité dans les batteries pour l’usage du pilote automatique. 


 

Un nouvel arrêt ?



Stamm est à 1 000 milles environ du cap Horn. Son équipe regarde les possibilités d’un arrêt dans un abri du côté du littoral chilien ou argentin, ou encore l’hypothèse de récupérer du carburant car la sécurité du bateau est engagée. En sachant que Cheminées Poujoulat n’a pas dû trop souffrir structurellement car dimanche, au pointage de 16 heures, Stamm naviguait à 16,8 noeuds dans la bonne direction vers la pointe de l’Amérique du Sud.



 

Poursuivi par la malchance !



Décidément, le skipper suisse a la poisse sur ce Vendée Globe, car il avait déjà dû s’arrêter le 23 décembre dernier dans une baie au sud de l’île d’Enderby, en Nouvelle-Zélande, pour remettre en état les fixations de ses hydrogénateurs. C’est là que Stamm avait reçu une aide extérieure de la part des marins du navire  scientifique russe « Professor Khromov » alors que l’ancre de Cheminées Poujoulat chassait. Un épisode qui avait entraîné la disqualification de Stamm par un jury international. Une sanction qui est aujourd’hui rejugée en appel. Ca fait vraiment beaucoup pour un seul homme !



 

Des leaders au près



En tête de la course, François Gabart (Macif) et Armel Le Cléac’h (Banque Populiare) remontent toujours au près l’Atlantique à 10 noeuds face à des vents de secteur Nord de l’ordre de 25 noeuds. Décalé de 140 milles latéralement dans l’est, Gabart, qui compte seulement 43 milles d’avance sur Le Cléach, a bien conscience que la partie est difficile : « Je sais quelle route j’ai choisi mais je ne connais pas celle d’Armel. Je pense que nos routes vont converger dans 3-4 jours. Il n’y a pas d’ambigüité dans nos routages, mais les fichiers météo ne sont pas excellents donc il faut prendre pas mal de précautions quant à la précision sur plusieurs jours. Quand on est au près, on est face aux vagues et au vent. Ça penche, c’est compliqué. On navigue un peu contre nature. Le vent est aussi un peu différent. On doit être attentif car les changements de voiles sont assez fréquents et il faut anticiper au maximum ». 255 milles derrière Macif, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) rencontre les mêmes difficultés pour progresser vers le nord dans des conditions météo similaires, tout comme Alex Thomson (Hugo Boss).



 

Un enfer Pacifique



Dans la traversée du Pacifique de Jean Le Cam (Synerciel), cinquième, qui devrait rejoindre lundi le cap Horn jusqu’à Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered), dixième, les conditions de navigation répondent à celles du Grand Sud. 45 nœuds dans les claques, une mer démontée, le cerveau aux aguets. Les marins vivent des jours compliqués. Avec deux ou trois ris dans la grand-voile, trinquette ou solent à l’avant, les solitaires emmitouflés dans leurs cirés trempés sont parés à choquer la grand-voile pour préserver le matériel et éviter de partir au tas. Ecouter le bruit des vagues, faire corps et esprit avec son bateau, somnoler, boire un café… froid, et tenir jusqu’à ce cap Horn tant espéré. « C’est la guerre ! » soulignait le skipper de Synerciel samedi soir. Dans cet enfer, on imagine mal Bernard Stamm privé d’énergie et de pilote automatique. Souhaitons qu’il puisse réparer au moins l’un de ses deux hydrogénérateurs...

 

LES VOIX DU LARGE



François Gabart (Macif) : « Le bateau va bien, c’est important. J’ai tout fait pour qu’il aille bien et pour ne pas l’abîmer. Du coup, dans l’Atlantique, j’ai un bateau qui est performant, qui va vite. J’espère que ça va durer jusqu’à l’arrivée car dans le Golfe de Gascogne, il vaut mieux avoir un bateau qui est en bon état ».



 

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « Les conditions : c’est le calme avant la tempête. Il y a 20 nœuds et des bonnes vagues. Une brume très tenace, on ne voit pas à plus de 200m. On a une dépression qui arrive vers nous. On se pose pas mal de questions sur les stratégies à venir. (Sur son retour sur le duo de tête) C’est bien d’être revenu. C’est un peu à la force du poignet. Je ne serai peut-être pas devant à l’Equateur mais je veux être le plus près possible. Je veux être environ 12h derrière eux au niveau de l’Equateur. Il faut grignoter doucement et jouer sa carte jusqu’au bout. L’arrivée dans l’Atlantique, c’est comme une nouvelle course pour moi, notamment par rapport au sud ».




Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) : « Tout va bien à bord. Les conditions ont été un peu longuettes pendant 2-3 jours mais désormais le vent revient un peu. Mais ce n’est pas très fort, j’ai 25 nœuds de vent. Je n’avance pas très vite, le vent est trop derrière, du coup, c’est empannage sur empannage ».



 

Jean Le Cam (SynerCiel) : « En ce moment, le temps est instable. Cette nuit, on a pris 42 nœuds. Une soirée un peu mouvementée, on va dire, et j’ai dû empanner. Du coup, il faut rouler le genak, tout préparer, monter le chariot et après il faut rematosser, revirer de bord, c’est prenant. Ça demande beaucoup d’organisation et en plus, je pense qu’il va y avoir pas mal d’empannages jusqu’au cap Horn. Après je me suis rapproché du centre de la dépression, sinon ça aurait été l’horreur ».



 

Mike Golding (Gamesa) : « Les conditions sont très difficiles actuellement, avec en particulier un début de matinée sur les chapeaux de roues. Je n’ai même pas eu le temps de mettre ma veste de quart, le vent s’est mis à souffler à 42 nœuds et le pilote automatique a mis le bateau en vrac. Du coup, je me suis retrouvé sur le pont en sous-vêtements, trempé des pieds à la tête, et le tout par un froid glacial. J’ai connu des réveils plus agréables ! Le nuit n’a pas été simple non plus, j’ai dû réparer une fuite de ballast. Ce matin, j’ai pu le remplir et j’avance à nouveau à une vitesse normale. Ce n’était pas évident car la fuite était assez importante et elle a inondé la rigole d’écoulement centrale qui court sur toute la longueur du bateau et donne directement sur la zone où se trouve le moteur.  J’ai vraiment dû m’activer car je ne voulais pas avoir de l’eau dans les systèmes électriques. Ça a l’air d’aller, maintenant, mais je vais devoir garder un œil là-dessus ».




Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur) : « C’était ma première traversée des mers du sud en solo et je me suis éclaté, vraiment, malgré des moments intenses, difficiles et effrayants. Mais j’ai également bien apprécié les périodes de calme qui ont suivi ces passages compliqués ! Le bateau va bien, et ça c’est une satisfaction. Je devrais atteindre le cap Horn dans 9 jours, ça va arriver vite. C’est un lieu mythique, j’ai vraiment hâte. N’empêche, je pense que les mers du sud vont me manquer.  
J’ai 17-18 nœuds de vent et je vais empanner bientôt avant de prendre la direction de la prochaine porte. Et là, en pleine accalmie, je profite d’un bon petit repas, de la viande en sauce préparée par mon oncle. Plutôt sympa, pour fêter un passage de porte ».




CLASSEMENT



Positions du 06/01 à 16 heures : 1. François Gabart (Macif) à 5 747 milles de la ligne d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 43,7 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) à 226 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 617,8 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 777,9 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 2 101,2 m; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 167,7 m; 8.Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) à 2 182,3 m; 9.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 314 m; 10.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 323,7 m; ; 11.Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 7118,2 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 988,5 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 880,7 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).

L'équipe
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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