
En 1975, au siège des Nations Unies, le commandant Jacques-Yves Cousteau lance un cri d’alarme. Son discours sur l’état de la Méditerranée est sans appel :« Si la tendance actuelle se poursuit, seules les bactéries porteuses de maladies pourront survivre en Méditerranée. La dimension du désastre qui nous menace dans quelques décennies est difficile à imaginer. »L’image est forte, presque apocalyptique. Et pourtant, peu l'entendront vraiment.Un an plus tard, en 1976, c’est au tour de la chanson française de relayer l’angoisse écologique. Michel Sardou, dans J’accuse, fustige l’irresponsabilité humaine :« J'accuse les hommes de salir les torrents, d'empoisonner le sable des enfants, de névroser l'âme des pauvres gens, de nécroser le fond des océans, de pétroler l'aile des goélands. »La Méditerranée devient le symbole d’un désastre écologique global, visible, documenté, mais trop souvent ignoré.En 1997, le journaliste Claude-Marie Vadrot publie un ouvrage au titre glaçant : Mort de la Méditerranée (Éditions Actuels Seuil). Dans une prose percutante, il dresse l’autopsie d’un littoral sacrifié sur l’autel du tourisme de masse, de l’industrialisation aveugle, et de la complaisance politique.« Il n’y a aucune épuration et des millions de m³ d’eaux usées nauséabondes arrivent à la mer. Les fonds sont couverts de déchets de toutes sortes. Les dégâts sont faits et pour longtemps. »Il poursuit, implacable : « La Méditerranée se meurt, et l’administration et les élus le savent. Rien n’est fait ! Le dossier est trop accablant, celui d’un meurtre par préméditation. »Ses mots résonnent comme un acte d’accusation contre l’inaction, la minimisation, et les discours rassurants sur le pouvoir "auto-épurateur" de la mer — cette fable commode qui permet d’éviter d’agir.

Des cris du cœur à l’action : un sursaut tardif mais réelCes trois témoignages — celui du scientifique, du chanteur et du journaliste — dressent le portrait d’une Méditerranée au bord du gouffre, dans une époque où la conscience écologique commence à peine à percer.Et pourtant… malgré le choc des mots, malgré la force des images, le temps a passé. L’urgence a été étouffée sous des promesses creuses et des rapports optimistes. Nous avons oublié à quel point la situation était grave. Désespérée, même. Mais tout n’est pas perdu.Car depuis, peu à peu, des actions ont été engagées. Stations d’épuration, réglementations plus strictes sur les rejets industriels, aires marines protégées, sensibilisation du grand public, mobilisation citoyenne… Un lent réveil s’est opéré.Aujourd’hui, la Méditerranée n’est plus en état de mort clinique. Elle est en convalescence.Les signes sont fragiles, mais ils existent : retour de certaines espèces, amélioration locale de la qualité des eaux, reconstitution partielle de fonds marins.
Se souvenir de ces alertes lancées il y a plusieurs décennies, c’est refuser l’amnésie écologique. C’est aussi mesurer le chemin parcouru, les efforts encore nécessaires, et l’importance vitale de rester vigilants.La Méditerranée ne se meurt plus, mais elle reste vulnérable. À nous de veiller à ce qu’elle ne retombe jamais dans l’oubli, ni dans l’indifférence.À suivre…
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