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ILS ONT DIT
Jérémie Beyou, Charal - 1er
« C’était vraiment intense. C’est sûr que chaque victoire en solitaire et en particulier en IMOCA se mérite, mais là, c'était particulier. C’était un format inédit. Le parcours n’a jamais été fait. Forcément il y avait mal d’inconnues et de pression, de savoir si toi et ton bateau, vous êtes prêts pour le Vendée Globe parce que c’est demain ! Je m’étais mis sous pression tout seul, c’était important pour moi de bien naviguer… j’étais tendu tout le début de course et je me suis relâché petit à petit. Mais ça n’a pas été tout le temps facile à vivre. Le "rien lâcher" du Figaro, ça sert. Je suis de nature grognon, ça me fait du bien de râler, de manifester qu’à chaque fois que j’étais en tête, il y avait un retournement de situation, ça revenait de derrière. C’est aussi une manière de pas lâcher l’affaire. Le jour où tu baisses les bras, et que tu dis c’est pas grave, ben il faut aller faire autre chose ! Il y a eu des retournements de situation entre nous trois, avec Charlie et Thomas. On a fait la course ensemble. On ne s’est quasiment jamais quitté de vue. Un coup à toi, un coup à moi, ils ont aussi super bien navigué. Mais il fallait faire le dernier petit coup, l’empannage que j’ai initié hier et que tout le monde a suivi. Ensuite, il fallait bien caler la dernière trajectoire. Il fallait en vouloir. Et moi, j’en voulais énormément. J’ai appris sur moi, sur ma confiance dans le bateau, sur la façon d’engager les manœuvres. Tu sors de là, les manœuvres, tu sais les faire, t’es en osmose avec le bateau. Quand le bateau va vite et que ça tape, tu n’es pas trop effrayé. C’était une bonne manière de relier le binôme entre Charal et son skipper, parce que ça faisait longtemps et que l’année dernière, ce n’était que des courses en double. Et le solo, c’est radicalement différent. Or, cette confiance dans le bateau sur le Vendée Globe, si tu ne l’a pas, tu ne peux pas faire un résultat. Cette victoire, c’est une grosse satisfaction. Je m’étais mis beaucoup de pression. Je suis quelqu’un qui a besoin de beaucoup naviguer, de faire beaucoup en compet’, d’être en contact avec mon bateau et c’est vrai que là, depuis la Transat Jacques Vabre, entre le chantier et le confinement, je n’avais plus mes repères et je m’étais mis beaucoup de pression. Là, arriver à faire bien les choses et à gagner, je pose un peu mes valises. Je n’ai plus cette pression à la veille du départ du Vendée Globe. Je sais où je vais, comment il faut y aller, et ça, c’est une grande victoire. Une image que je retiens de cette course : le dernier bord vers l’arrivée, c’était du champagne ! Il y avait 17/20 nœuds, à 120/130 degrés du vent, le bateau sur le foil, la mer plate et là, Charal était vraiment génial. C’était fantastique. »
Charlie Dalin - Apivia, 2ème
« C’était une fin de course engagée. J’ai décidé, hier après-midi de faire un décalage pour me placer pour la bascule de vent mais au final, ça n’a pas super bien payé. J’étais pas loin de la gagner celle-là.. Je suis un peu déçu, mais en même temps, je suis content de moi parce que je ne savais pas ce que j’allais donner en IMOCA en solitaire. C’était ma première course en solitaire et au final, j’ai l’impression d’avoir réussi mon baptême du feu. J’ai été de nombreuses fois en tête, j’ai eu de bonnes phases de vitesse. J’ai appris beaucoup de choses et ma courbe de progression est encore pentue. Je suis content de partir de cette base. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de compétition – depuis la Transat Jacques Vabre – alors merci aux organisateurs d’avoir réussi à monter cette course, parce que ça commençait sérieusement à me manquer. Ça a été génial de se battre avec Thomas, Jérémie et les autres. Je ne me sentais pas de partir sur le Vendée Globe sans avoir fait une course en solitaire. Là-dessus, cette épreuve a parfaitement rempli son rôle. Il y a eu énormément de choses à gérer, des transitions, des changements de voile : une course d’entraînement parfaite pour valider beaucoup de choses sur le bateau. C’est sûr qu’on ne s’est pas lâché. On n’était sur un rythme Solitaire du Figaro, on était toujours à L’AIS. On pouvait faire de la performance en permanence, vérifier qu’on était bien réglé par rapport aux autres. J’y passais beaucoup de temps. C’était intéressant dans les phases de très haut vitesse en allant vers l’Islande par exemple. Nous avons pu tirer sur les bateaux, on a pu voir beaucoup de choses. C’était fatiguant mais super ! Tout ce qui est choix de voile, comment on fait la manœuvre, il y a différentes façon de manœuvrer… J’ai appris plein de choses, j’ai essayé plein de versions différentes. La grosse question est quand même que ces bateaux vont très vite mais le coût demeure l’inconfort à bord. C’est un travail en cours pour trouver des solutions, pour accepter la vitesse sur de longues périodes. Un Vendée Globe, c’est 7 fois plus long, il va falloir tenir le choc.
Thomas Ruyant - LinkedOut, 3ème
« Intense est l’adjectif qui qualifiera le mieux cette course. C’était étonnant, je n’ai jamais fait une course aussi longue avec autant de rebondissements, de coups à faire, de choses à voir, de choses à faire, d’allures, de voiles différentes, de changements de classement. C’était vraiment l’ascenseur à tous les niveaux, niveau météo, émotionnel et jusqu’à l’arrivée. A ce moment-là précis, je suis un peu déçu de la fin, on matche tous les trois pendant 10 jours et je suis le dernier des trois donc forcément j’ai une petite frustration mais je sais que j’ai un bon bateau qui va vite, j’ai appris plein de choses et ça me donne confiance pour la suite des événements. Avec un peu de recul j’apprécierai plus cette arrivée. Ce sont des bateaux référence qui sont devant et j’arrive à bien les accrocher donc j’essaierai de faire pareil sur le Vendée Globe. Des courses comme cela, ça aide à être prêt, c’est une course qui a été intense. J’espère que le Vendée Globe sera intense aussi mais pas avec la même intensité parce là, les gars, je ne suis pas, je ne fais pas 70 jours comme ça ! Le parcours voulait ça, avec beaucoup de systèmes météo qui nous traversaient. Cela demande de l’énergie à chaque instant, et puis il y a toujours un truc à aller chercher, un changement de voile à prévoir. Je suis bien cuit, j’ai l’impression de ne pas avoir dormi du tout, j’ai dû faire des sommeils par ci, par là. Concernant les bateaux, j’ai senti la vraie transition par rapport au Imoca d’avant, si on n’est pas dessus, ça n’avance pas. Les phase de repos sont d’autant plus difficiles à trouver et elles vont faire encore plus partie qu’avant de la stratégie et de la façon dont on va mener les courses. Parce que si n’on est pas dessus, on perd vite des nœuds de vitesse. Je suis content d’être monté là-haut, et d’être passé en tête là-bas (waypoint COI-UNESCO), c’est ma petite victoire sur la course. Je suis ravi d’avoir navigué aux côtés de Jérémie et de Charlie. J’ai appris plein de choses sur mon bateau, sur la façon de mener une course. »