Vendée-Arctique : les réactions des trois premiers

Course au large
Par Thomas Darbois

Sur le podium de la Vendée-Arctique on retrouve Jérémie Beyou, Charlie Dalin et Thomas Ruyant. Sur les pontons du port vendéen, ils ont refait le match et raconté leur histoire. Dix jours intenses émaillés d’innombrables péripéties et qui semblent être passés à la vitesse de l’éclair. Au delà des sentiments personnels, un dénominateur commun : l’expérience inégalable engrangée pendant cette course à moins de quatre mois du Vendée Globe.

Sur le podium de la Vendée-Arctique on retrouve Jérémie Beyou, Charlie Dalin et Thomas Ruyant. Sur les pontons du port vendéen, ils ont refait le match et raconté leur histoire. Dix jours intenses émaillés d’innombrables péripéties et qui semblent être passés à la vitesse de l’éclair. Au delà des sentiments personnels, un dénominateur commun : l’expérience inégalable engrangée pendant cette course à moins de quatre mois du Vendée Globe.

ILS ONT DIT 

Jérémie Beyou, Charal - 1er

« C’était vraiment intense. C’est sûr que chaque victoire en solitaire et en particulier en IMOCA se mérite, mais là, c'était particulier. C’était un format inédit. Le parcours n’a jamais été fait. Forcément il y avait mal d’inconnues et de pression, de savoir si toi et ton bateau, vous êtes prêts pour le Vendée Globe parce que c’est demain ! Je m’étais mis sous pression tout seul, c’était important pour moi de bien naviguer… j’étais tendu tout le début de course et je me suis relâché petit à petit. Mais ça n’a pas été tout le temps facile à vivre. Le "rien lâcher" du Figaro, ça sert. Je suis de nature grognon, ça me fait du bien de râler, de manifester qu’à chaque fois que j’étais en tête, il y avait un retournement de situation, ça revenait de derrière. C’est aussi une manière de pas lâcher l’affaire. Le jour où tu baisses les bras, et que tu dis c’est pas grave, ben il faut aller faire autre chose ! Il y a eu des retournements de situation entre nous trois, avec Charlie et Thomas. On a fait la course ensemble. On ne s’est quasiment jamais quitté de vue. Un coup à toi, un coup à moi, ils ont aussi super bien navigué. Mais il fallait faire le dernier petit coup, l’empannage que j’ai initié hier et que tout le monde a suivi. Ensuite, il fallait bien caler la dernière trajectoire. Il fallait en vouloir. Et moi, j’en voulais énormément. J’ai appris sur moi, sur ma confiance dans le bateau, sur la façon d’engager les manœuvres. Tu sors de là, les manœuvres, tu sais les faire, t’es en osmose avec le bateau. Quand le bateau va vite et que ça tape, tu n’es pas trop effrayé. C’était une bonne manière de relier le binôme entre Charal et son skipper, parce que ça faisait longtemps et que l’année dernière, ce n’était que des courses en double. Et le solo, c’est radicalement différent. Or, cette confiance dans le bateau sur le Vendée Globe, si tu ne l’a pas, tu ne peux pas faire un résultat. Cette victoire, c’est une grosse satisfaction. Je m’étais mis beaucoup de pression. Je suis quelqu’un qui a besoin de beaucoup naviguer, de faire beaucoup en compet’, d’être en contact avec mon bateau et c’est vrai que là, depuis la Transat Jacques Vabre, entre le chantier et le confinement, je n’avais plus mes repères et je m’étais mis beaucoup de pression. Là, arriver à faire bien les choses et à gagner, je pose un peu mes valises. Je n’ai plus cette pression à la veille du départ du Vendée Globe. Je sais où je vais, comment il faut y aller, et ça, c’est une grande victoire. Une image que je retiens de cette course : le dernier bord vers l’arrivée, c’était du champagne ! Il y avait 17/20 nœuds, à 120/130 degrés du vent, le bateau sur le foil, la mer plate et là, Charal était vraiment génial. C’était fantastique. » 

Charlie Dalin - Apivia, 2ème

« C’était une fin de course engagée. J’ai décidé, hier après-midi de faire un décalage pour me placer pour la bascule de vent mais au final, ça n’a pas super bien payé. J’étais pas loin de la gagner celle-là.. Je suis un peu déçu, mais en même temps, je suis content de moi parce que je ne savais pas ce que j’allais donner en IMOCA en solitaire. C’était ma première course en solitaire et au final, j’ai l’impression d’avoir réussi mon baptême du feu. J’ai été de nombreuses fois en tête, j’ai eu de bonnes phases de vitesse. J’ai appris beaucoup de choses et ma courbe de progression est encore pentue. Je suis content de partir de cette base. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de compétition – depuis la Transat Jacques Vabre – alors merci aux organisateurs d’avoir réussi à monter cette course, parce que ça commençait sérieusement à me manquer. Ça a été génial de se battre avec Thomas, Jérémie et les autres. Je ne me sentais pas de partir sur le Vendée Globe sans avoir fait une course en solitaire. Là-dessus, cette épreuve a parfaitement rempli son rôle. Il y a eu énormément de choses à gérer, des transitions, des changements de voile : une course d’entraînement parfaite pour valider beaucoup de choses sur le bateau. C’est sûr qu’on ne s’est pas lâché. On n’était sur un rythme Solitaire du Figaro, on était toujours à L’AIS. On pouvait faire de la performance en permanence, vérifier qu’on était bien réglé par rapport aux autres. J’y passais beaucoup de temps. C’était intéressant dans les phases de très haut vitesse en allant vers l’Islande par exemple. Nous avons pu tirer sur les bateaux, on a pu voir beaucoup de choses. C’était fatiguant mais super ! Tout ce qui est choix de voile, comment on fait la manœuvre, il y a différentes façon de manœuvrer… J’ai appris plein de choses, j’ai essayé plein de versions différentes. La grosse question est quand même que ces bateaux vont très vite mais le coût demeure l’inconfort à bord. C’est un travail en cours pour trouver des solutions, pour accepter la vitesse sur de longues périodes. Un Vendée Globe, c’est 7 fois plus long, il va falloir tenir le choc.

Thomas Ruyant - LinkedOut, 3ème

« Intense est l’adjectif qui qualifiera le mieux cette course. C’était étonnant, je n’ai jamais fait une course aussi longue avec autant de rebondissements, de coups à faire, de choses à voir, de choses à faire, d’allures, de voiles différentes, de changements de classement. C’était vraiment l’ascenseur à tous les niveaux, niveau météo, émotionnel et jusqu’à l’arrivée. A ce moment-là précis, je suis un peu déçu de la fin, on matche tous les trois pendant 10 jours et je suis le dernier des trois donc forcément j’ai une petite frustration mais je sais que j’ai un bon bateau qui va vite, j’ai appris plein de choses et ça me donne confiance pour la suite des événements. Avec un peu de recul j’apprécierai plus cette arrivée. Ce sont des bateaux référence qui sont devant et j’arrive à bien les accrocher donc j’essaierai de faire pareil sur le Vendée Globe. Des courses comme cela, ça aide à être prêt, c’est une course qui a été intense. J’espère que le Vendée Globe sera intense aussi mais pas avec la même intensité parce là, les gars, je ne suis pas, je ne fais pas 70 jours comme ça ! Le parcours voulait ça, avec beaucoup de systèmes météo qui nous traversaient. Cela demande de l’énergie à chaque instant, et puis il y a toujours un truc à aller chercher, un changement de voile à prévoir. Je suis bien cuit, j’ai l’impression de ne pas avoir dormi du tout, j’ai dû faire des sommeils par ci, par là. Concernant les bateaux, j’ai senti la vraie transition par rapport au Imoca d’avant, si on n’est pas dessus, ça n’avance pas. Les phase de repos sont d’autant plus difficiles à trouver et elles vont faire encore plus partie qu’avant de la stratégie et de la façon dont on va mener les courses. Parce que si n’on est pas dessus, on perd vite des nœuds de vitesse. Je suis content d’être monté là-haut, et d’être passé en tête là-bas (waypoint COI-UNESCO), c’est ma petite victoire sur la course. Je suis ravi d’avoir navigué aux côtés de Jérémie et de Charlie. J’ai appris plein de choses sur mon bateau, sur la façon de mener une course. » 

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…