
Bientôt six ans que ce record résiste à toutes les tentatives. Six ans que Francis Joyon et son équipage sur IDEC Sport ont mis très exactement 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes pour faire le tour de la terre. Revenir à Brest après être parti de Brest c’est un peu comme « partir de nulle part pour revenir nulle part » pour paraphraser Titouan Lamazou mais c’est la définition du Trophée Jules Verne. Cela fait trente ans, c’était en 1993, que Bruno Peyron et ses « explorers » ont les premiers mis moins de 80 jours sur ce parcours déjà légendaire et qu’ils ont rendu mythique. 79 jours, six heures, 15 minutes et 56 secondes, et le magnifique trophée créé par l’artiste Américain Thomas Shannon, longue et élégante carène métallique en sustentation dans son écrin, était à eux. Provisoirement, car l’année suivante les deux Sirs, Peter Blake et Robin Knox-Johnston Améliorent de quatre jours le record. Ils seront les premiers et les derniers non français à détenir le titre. Car ensuite se sont succédé au palmarès, Olivier de Kersauson et Bruno Peyron qui se sont par deux fois échangé le trophée entre 1997 et 2005, année où l’aîné de la fratrie Bauloise porte le record à 50 jours, 16 heures, 20 minutes et quatre secondes qui restera inégalé pendant cinq ans. Franck Cammas sur Groupama met un peu plus de 48 jours en 2010, puis Loïck Peyron en 2012, 45 jours et 13 heures… jusqu’au record hallucinant de Joyon et ses cinq équipiers seulement divisent presque le temps du défi initial de moitié.

Yann Guichard en stand-by
Depuis 2017 toutes les tentatives ont échoué, aucun équipage ne parvenant même à boucler le parcours. En 2019, Spindrift est contraint d'abandonner après seulement une journée de navigation en raison de problèmes de gouvernail. Même avarie en 2020 pour Thomas Coville sur Sodebo Ultim 3 alors qu’il venait d’entrer dans l'océan Indien. Quelques jours auparavant, Cammas et Caudrelier sur le Gitana 17 qui vient de remporter la Route du Rhum, avaient cassé un de leurs foils et avaient dû abandonner. Repartis début 2021, ils sont eux aussi victimes du signe indien, connaissant une panne de gouvernail alors qu'ils contournent la pointe Sud de l'Afrique. Spindrift 2, rebaptisé Sails of Change ne pourra même pas tenter sa chance l’an passé, aucune fenêtre météo favorable ne s’ouvrant devant ses étraves. Est-ce que la saison 2022-2023 leur sera plus favorable ? En tous cas, désormais nommé « Sails of change 30x30 » le grand trimaran noir-blanc-vert est déjà en « stand-by » depuis Brest.

Coville et Caudrelier au stand
Un peu plus au Nord, à Lorient, après un retour de Route du Rhum express, deux autres trimarans géants sont rentrés dans leurs bases voisines pour une révision express. Ils seront dès la fin décembre eux aussi prêts à saisir toute opportunité météo qui se présenterait. Thomas Coville qui aime ce parcours et sait, pour l’avoir battu en solitaire après trois tentatives infructueuses, combien il faut d’opiniâtreté pour battre un record autour du monde. Son Maxi Sodebo Ultim 3 va donc reprendre la route du Sud avec plein d’ambition, dans un mode équipage qui sied aux méthodes de management doux du Breton. Et puis, pointera ses étraves à la pointe Bretagne, le Maxi-Edmond de Rothschild. Le vainqueur de la Route du Rhum mais qui repartira cette fois-ci bien sûr en équipage, le héros de Pointe-à-Pitre devant retrouver pour l’occasion son compère Franck Cammas. Enfin ça, c’est quand ce dernier aura fini d’affoler les compteurs à bord du Charal 2 de Jérémy Beyou ! Parce que la nouvelle fusée noire signée Sam Manuard, déjà auteure d’une jolie troisième place sur la transat aller en solitaire, alors qu’elle n’a été mise à l’eau qu’à l’été, confirme tout son potentiel sur le chemin du retour. Bien que non homologué comme record, les quatre équipiers ont parcouru 558 milles en 24 heures soit une moyenne de 23.25 nœuds ! Autour des trois caps, il pourra tenter de battre les 908 milles réalisés en une journée par Pascal Bidégorry en équipage sur Banque Populaire V (l’actuel Sails of Change). C’était en 2009, une éternité, ils seront trois cet hiver à s’y attaquer.