
Reprise en 2018 au célèbre motoriste Suédois par le trio Richard Brisius, Johan Salén et Jan Litborn, la course qui fêtera ses 50 ans en 2023 a fait une longue pause pour cause de pandémie. Son dernier vainqueur, en 2018, est un certain Charles Caudrelier qui, à la barre du bateau Chinois Dongfeng Race team. Il accroche alors une deuxième victoire à son palmarès, après celle remportée au sein de l’équipage de Groupama 4 en 2012 aux côtés de Franck Cammas. Les deux se verront alors confier conjointement le trimaran Ultim du team Gitana, avec les succès que l’on connaît. Seul Lionel Péan avant eux, en 1986 sur L’Esprit d’Équipe, avait mené un équipage français à la victoire. La course partait alors de Plymouth pour y revenir après seulement trois escales, à Cape Town, Auckland et Punta del Este.

Départ le 15 janvier d'Alicante
Le parcours 2023 partira lui d’Alicante en Espagne le dimanche 15 janvier pour une courte étape jusqu’au Cap Vert. Les équipages reprendront ensuite leur souffle à Cape Town avant une très longue étape (12 750 milles, un record) dans les mers du Sud, qui les mènera jusqu’à Itajaí au Brésil, via les trois caps mythiques, le cap de Bonne Espérance, le cap Leeuwin et le cap Horn. Les incertitudes géopolitiques et sanitaires encore récentes ont en effet conseillé aux organisateurs d’éviter toute la zone Proche et Moyen-Orient ainsi que l’Océanie, ce qui ne favorise pas les partenariats économiques sur cette édition, mais rend le défi sportif encore plus intéressant. Direction ensuite Newport aux Etats-Unis, un des bastions de l’establishment du yachting, avant de mettre le cap sur l’Europe où une série de sprints seront disputés entre Aarhus aux Pays-Bas, Kiel et La Hague, avant une grande étape finale qui emmènera les concurrents en Méditerranée, jusqu’à Gênes très précisément. Terre natale de Christophe Colomb, on ne pouvait rêver ligne d’arrivée plus symbolique pour un tour du monde à la voile.

Onze bateaux autour du monde
Mais combien seront ils en juillet prochain à voir l’Italie devant leurs étraves ? Onze, espèrent les organisateurs qui ont réussi, pour cette édition de relance, à réunir cinq Imoca et six VO65. En ouvrant leur course aux 60 pieds Open, les organisateurs et la classe ont tenté un sacré pari. Celui de faire courir en équipage des bateaux conçus jusqu’ici essentiellement pour des courses en solitaire, et celui de l’internationalisation pour l’Imoca, à qui l’on pouvait reprocher jusqu’alors un entre-soi franco-français, voire vendéo-breton ! Il s’agissait pour les uns d’étoffer le plateau avec des bateaux performants au sein d’une classe dynamique qui ne connaît pas la crise, et pour les autres de séduire des sponsors de dimension internationale en leur proposant une visibilité bien au-delà de l’hexagone.

Une fenêtre sur le monde pour l'Imoca
Au sein de la flotte Imoca, la présence de Kevin Escoffier est particulièrement révélatrice de ce mouvement. Son sponsor historique, le Vendéen PRB, ayant été racheté par le groupe Holcim, qui figure parmi les leaders mondiaux des matériaux de construction, son bateau a été repeint, rebaptisé, et The Ocean Race ajouté au programme. Les organisateurs ne manquent pas d’afficher fièrement le pavillon Suisse du sponsor, ce qui fait qu’aux côtés de l’Allemand Boris Herrmann sur Team Malizia, de l’Américain Charlie Enright sur 11th Hour racing Team, et du duo franco-allemand Benjamin Dutreux et Robert Stanjek sur Guyot environnement – Team Europe, le seul drapeau tricolore est celui du bateau de Paul Meilhat, qui avec Biotherm, filiale du groupe L’Oréal illustre lui aussi l’orientation économique prise par la course. Car la flotte de six VO656 est toute aussi internationale : Austrian Ocean Racing (Autriche), Wind Whisper Racing Team (Pologne), Team Jajo (Pays-Bas), Ambersail 2 (Lituanie), Mirupi Foundation Racing Team (Mexique) et envin Viva Mexico (Mexique). Les équipages seront mixtes, avec 4 ou 5 marins sur les Imoca et au moins sept sur les VO65.
Tous les bateaux sont désormais en Méditerranée, même ceux ayant participé à la Route du Rhum, qui se consacrent désormais à une sérieuse révision technique. Ils seront au plus tard le 2 janvier à Alicante, pour prendre le départ le 15 d’une étape de 1900 milles nautiques jusqu’à Mindelo sur l’île de Saõ Vicente au Cap Vert, une courte entrée en matière mais qui peut être virile autour de Gibraltar en plein hiver, mais ce ne sera qu’un hors-d’œuvre sur un tour du monde qui emmène les bateaux jusqu’à 60 degrés Sud. La tradition est respectée, ce sera dur, physique, sportif et engagé.