
Il fallait avoir les nerfs solides sur cette Solo Maître Coq, épreuve de rentrée du Championnat de France Solitaire Elite de Course au Large qui se court en Figaro 3. Dans un format réduit par le mauvais temps, qui n’a permis de ne disputer qu’un seul parcours côtier au lieu de deux, on savait que la longue course offshore serait déterminante. Et en la matière, le grand huit de 340 milles nautiques dessiné par Denis Hugues, le Directeur de Course, pour les skippers, n’a pas déçu. Entre Les Sables d’Olonne, l’île de Ré et Belle-Île, plus un petit aller-retour vers une bouée fictive au large d’Oléron, les solitaires ont connu en seulement un peu plus de 48 heures, toutes les conditions météorologiques possibles, du petit temps à 35 nœuds de vent. Si l’an passé, sur la Solitaire, les bizuths avaient souvent joué aux avant-postes, sur cette épreuve d’ouverture l’expérience a été décisive d’entrée. A ce jeu c’est Corentin Horeau (Mutuelle Bleue) qui l’emporte, lui qui attaque sa troisième saison à plein temps en Figaro. Derrière lui, l’encore plus expérimenté Alexis Loison (Groupe RÉEL) signe un joli retour sur le circuit et Élodie Bonafous (Quéguiner – La Vie en Rose) complète le podium. Après avoir animé la course et été dans le trio de tête une bonne partie de la course, Guillaume Pirouelle (Région Normandie) n’a pas été très heureux dans les derniers milles et termine cinquième sur trente skippers au départ. L’an passé c’est un certain Tom Laperche, futur vainqueur de la Solitaire du Figaro et du championnat annuel, qui avait remporté l’épreuve. Le vainqueur y verra un signe encourageant, les autres éviteront toute superstition… ça porte malheur.

Nouveau départ sur The Ocean Race
La voile c’est fou. Trois semaines de course depuis Cape Town, 550 milles d’avance une semaine après le départ pour Holcim-PRB et aujourd’hui, dans un temps de demoiselle et une dorsale anticyclonique presque incongrus par 52 degrés Sud, les quatre Imoca en course naviguent à vue. Alignés comme sur une nouvelle ligne de départ longue de 13 milles, avec seulement 6 milles d’écart en distance au but selon leur latitude. Une goutte d’eau au regard des 5000 milles nautiques qu’il leur reste à parcourir, et encore plus à l’échelle de l’océan Pacifique qui les mènera jusqu’au cap Horn avant de remonter vers Itajai. Est-ce que Kevin Escoffier et ses équipiers rencontrent des soucis techniques qu’ils nous auraient caché, ou ce resserrement des positions n’est-il dû qu’à un enchaînement météo vraiment défavorable ? Même le vent légèrement plus fort au sud, le long de la zone d’exclusion des glaces, ne leur permet pas de combler un léger déficit de vitesse qui ne leur ressemble pas, eux qui ont remporté les deux premières étapes et survolé le début de cette troisième. En attendant un renforcement du vent en début de semaine, avec des conditions plus conformes à ce que l’on peut attendre dans ces contrées, les équipages en profitent pour se reposer, vérifier, et réparer leurs montures. Selon les derniers routages météo, la flotte devrait atteindre le cap Horn autour du 26 mars, tandis que l'ETA à Itajaí, au Brésil est estimée à l’heure actuelle pour le premier week-end d'avril. Mais en voile rien n’est jamais sûr, demandez aux « cimentiers ».

Le Canada dans l’histoire
La vidéo a fait le tour du monde. Il y a trois semaines à Sydney, l’aile du catamaran F50 Canadien détruisait tout sur son passage, hors de contrôle du grutier sous les bourrasques de vent. Le professionnalisme des équipes de SailGP a permis de tout remettre en ordre dans un temps record, et le grand-prix de Christchrch en Nouvelle-Zélande a bien pu avoir lieu. On ne sait pas si les Canadiens ont été galvanisés par ce coup du sort, mais on est sûr qu’ils n’ont pas été traumatisés, puisqu’ils remportent là leur première victoire sur le circuit. Ils battent qui plus est, dans une finale à trois extrêmement serrée, les néo-zélandais à la fois favoris et locaux de l’étape, ainsi que les Australiens, leaders de la saison ! Ironie de l’histoire, le skipper du bateau Canadien est le Kiwi Phil Robertson, qui naviguait en quelque sorte à domicile. Au classement général du championnat, les Australiens sont toujours leaders devant la Nouvelle-Zélande. La France reste troisième avec 69 points malgré sa cinquième place à Christchurch. Mais l’équipe tricolore menée par Quentin Delapierre ne possède plus qu’un petit point d'avance sur Emirates Team GBR, quatrième sur ce Grand-Prix. Le suspens sera donc insoutenable début mai à San Francisco pour le dernier Grand-Prix avant la grande finale annuelle qui se jouera entre les trois premiers du classement général.