Tom Laperche (SVR-Lazartigue) : « Avec ce bateau, je m'éclate ! »

Par Figaronautisme.com
carte de la course Arkea Ultim en direct

Le skipper de SVR-Lazartigue, toujours leader en cet après-midi, est un homme heureux. Ça se voit sur les vidéos, ça s’entend derrière le smartphone. Tom a appelé la direction de course tout à l’heure. Même si la connexion faisait parfois des siennes, on devine à chaque réponse son enthousiasme à revenir sur un début de course réussie de façon spectaculaire. Le marin n’oublie jamais qu’il y a moins de deux semaines, son équipe a remis le bateau à l’eau, ce qui renforce encore un peu plus toutes les petites joies du bord. Confidences d’un marin qui ne boude pas son plaisir et qui sait si bien le transmettre.

Il fait encore très froid en France et ça n’a pas l’air d’être le cas pour toi… Peux-tu décrire les conditions que tu as ?

"Moi aussi je vais bientôt avoir froid ! Mais c’est vrai que depuis quelques jours, il fait chaud. Ça va commencer à se rafraîchir à partir de demain. Là, je suis en tee-shirt, la température est élevée, c’est agréable. On est au portant avec toute la toile, le grand gennaker, la mer est plate, c’est juste génial. Et on va avoir un peu plus de vent cette nuit."

Tu es au coude-à-coude avec Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) depuis plusieurs jours. Comment vit-on ce duel de l’intérieur ?

"C’est plutôt sympa d’être bord à bord avec Charles (Caudrelier). On a réussi à aller assez vite par rapport à lui au large de Recife, en arrivant dans l’Atlantique Sud. Avec la météo et les conditions de chacun, on fait parfois l’élastique. Ça reste une belle bataille, c’est cool de régater et de voir un autre trimaran à côté !"

« C’est le but de ces bateaux de tenir de telles vitesses »

Il n’y a pas eu de grosses différences en matière de stratégie entre vous deux. Comment l’expliques-tu ?

"On est parti dimanche avec du vent au portant et la route était plutôt idéale. Il n’y a pas eu de gros choix tactiques à faire hormis quelques petits décalages de l’un ou de l’autre en fonction des variations de vent. On n’a pas eu beaucoup de vent dans la transition à Madère, puis il y a eu un front assez costaud à passer. La suite, ça a été du portant jusqu’au Pot-au-Noir, le passage de l’équateur avant de contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. Et là, on va bientôt attaquer au portant dans du vent un peu plus fort !"

Ça devrait bien s’accélérer dans les prochains jours…

"Oui ça va être le cas et forcément, il y aura un peu d’appréhension. On va attraper le haut d’une des dépressions qui tournent autour de l’Antarctique. Nous sommes sur le bon timing pour avoir une mer plate et du vent fort. Les vitesses théoriques sont assez élevées, certes, mais c’est le but de ces bateaux de tenir de telles vitesses. Ils ont été conçus pour ça. Et puis ce sont de super bords… Ça va le faire !"

Une fois le Cap de Bonne Espérance atteint, ça s’annonce plutôt complexe. Quel regard portes-tu sur cette nouvelle étape ?

"Le Cap de Bonne Espérance est dans un peu plus de trois jours et j’avoue ne pas avoir trop regardé la suite pour l’instant. J’essaie de me concentrer sur les conditions du moment, de trouver la bonne trajectoire… Il va y avoir du vent plus soutenu et plus rapide pendant deux jours d’ici un petit 24 heures… L’océan Indien, on verra, je n’ai pas encore téléchargé les fichiers météos. Mais je sais qu’à terre (à la cellule routage NDRL), ils en ont déjà un bon aperçu."

Nautisme Article
© Tom Laperche - SVR-Lazartigue

« C’est un privilège, il faut en profiter »

Pour revenir à ton début de course, Michel Desjoyeaux sous-entendait que ça avait été un avantage, par rapport aux autres, de naviguer les jours qui ont précédé le départ pour être d’attaque le Jour J…

"Bien sûr, si on avait eu à choisir, on n’aurait pas fait comme ça et on serait resté au village toute la semaine. Mais oui, naviguer l’avant-veille et la veille du départ, être sur mon bateau, ça a été positif. Et ça s’est vu puisque j’ai pris un super départ et j’ai été dès le début parmi les premiers."

Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) s’est arrêté lundi, Charles Caudrelier a confié avoir eu des soucis de voile vendredi… Toi pour l’instant tu n’as eu aucun souci technique ?

"Je n’ai pas eu de gros soucis mais des petites bricoles, des trucs du quotidien. Il n’y a rien eu de très handicapant en matière de vitesse donc c’est hyper satisfaisant. Et ça fait seulement deux semaines qu’on a remis le bateau à l’eau !"

Dans les vidéos que tu envoies, on a l’impression que tu prends beaucoup de plaisir, c’est le cas ?

"Oui, je m’éclate avec ce bateau ! J’ai bien profité, le début de course est assez génial. Les bateaux ont des conditions propices pour voler et pour aller vite depuis le départ de Brest. C’est un privilège, il faut en profiter d’autant que tout se passe bien, je suis en tête et j’ai l’impression d’être dans le bon rythme."

« J’étais ému de voir le bateau… »

Est-ce que tu peux décrire justement le meilleur moment que tu as passé à bord depuis le départ, celui qui t’a le plus marqué ?

"Je crois que c’était un peu après Recife, en longeant les côtes brésiliennes. Ça commençait vraiment à accélérer, la mer était belle, le bateau était sous J2, c’était vraiment génial. Du pur vol, sans forcer. Je repensais un peu à tout… Je trouve ça merveilleux d’être à bord de SVR-Lazartigue. J’étais ému de voir le bateau aussi à l’aise et gagner quelques milles sur le Maxi Edmond de Rothschild."

Repenser à tout, c’est une façon d’apprécier que tout se concrétise après des mois de travail ?

"À ce moment-là, ça ne faisait qu’une semaine qu’on avait remis le bateau à l’eau. J’étais en tête de ce tour du monde, sans gros problème technique. Ça montre le travail qui a été fait par l’équipe pour arriver là. Il y a eu un super travail réalisé depuis longtemps, depuis la conception de ce bateau."

On a appris que tu avais embarqué trois boites d’œufs… Est-ce que tu t’es déjà fait une omelette et est-ce qu’ils « tiennent » encore ?

"J’en ai fini une hier et oui, ça tient ! Ils sont bien emballés… Ça se conserve bien, le seul problème c’est que c’est fragile. À terre, ce n’est pas vraiment mon activité favorite de cuisiner mais en mer, j’aime bien manger ! "

Meteoconsult marine
Partenaire météo officiel des plus grandes courses au large
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…