Francis Le Goff - Route du Rhum - Destination Guadeloupe : « On dépassera probablement les 130 bateaux »

A moins de 8 mois du coup d'envoi du plus grand évènement voile de l'année, c'est la dernière ligne droite pour les organisateurs de la course ! Nous avons posé quelques questions à Francis Le Goff, directeur de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, de passage dans nos locaux pour parler course et météo avec METEO CONSULT.

A 8 mois de l’évènement, quelles sont vos principales préoccupations, notamment en termes d’organisation ?

Francis Le Goff : "Nous avons publié un avis de course très tôt, c’était une volonté afin que les coureurs puissent en prendre connaissance rapidement. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase opérationnelle. Il faut que Saint-Malo soit prête à accueillir le flot de bateaux, d’autant plus que la nouveauté cette année est que nous allons faire rentrer les Ultims dans les bassins et à eux seuls, ils prennent 300 m de linéaire de pontons supplémentaires, par rapport au passé. Il a donc fallu trouver d’autres quais pour mettre les bateaux. Puis il y a aussi un peu d’inflation notamment dans la classe Imoca car le Vendée Globe a annoncé 40 bateaux au départ et la Route du Rhum fait partie des courses qui permettent aux skippers d’engranger des milles pour le Vendée. Il y a donc une forte pression des différentes classes pour avoir un peu plus de monde au départ. On dépassera probablement les 130 bateaux, contre 123 à la dernière édition.

Il y a également un travail technique sur l’écluse, que l’on mène avec les services techniques du grand port de Saint-Malo. L’écluse fait 25 m et les bateaux font 23 m… c’est juste ! Ils ne peuvent donc pas rentrer et s’aligner, il y a trop de risques. Il y a donc toute une installation en amont et en aval de l’écluse, pour poser d’abord le bateau et ensuite le déhaler à la main dans l’écluse.

Un autre sujet va arriver très vite : à ce jour, il y a 160-170 demandes pour courir la Route du Rhum, il va falloir faire un choix, pour le 4 avril au plus tard. Les inscriptions clôturent le 31 mars donc on aura 4 jours pour établir la liste de ceux qui pourront participer. Nous allons suivre chaque dossier un par un. Ils ont jusqu’au 6 octobre pour leur qualification de 1200 milles en solitaire sur le bateau sur lequel ils comptent courir la Route du Rhum. Ce sont les critères indispensables.

Nous rencontrons également nos partenaires techniques et notamment METEO CONSULT pour le suivi météo de la course, puisqu’il y aura six classes à suivre, mais aussi la météo du départ.

L’autre point qui nous accapare c’est les parades. C’est aussi une nouveauté de cette édition. Chaque classe aura sa parade. Pour les Ultims et les Ocean Fifty, leurs arrivées seront scénarisées, pour qu'ils n'aient pas à ressortir du port, tandis que les Class 40 et les Rhum Mono et Multi sortiront après."

La Route du Rhum - Destination Guadeloupe va réunir encore plus de bateaux cette année ! Un sacré challenge quant à la sécurité ?

FLG : "Nous travaillons avec les autorités maritimes sur la façon d’organiser le plan d’eau à Saint-Malo le jour du départ. Dès qu’on inscrit un bateau supplémentaire, c’est a minima trois autres bateaux : il faut ajouter la vedette des partenaires, le bateau d’assistance… Cela fait énormément de monde. Il y a beaucoup de ports de plaisance autour de Saint-Malo, cela va attirer les plaisanciers de la région, puis les ferries affrétés aux partenaires, les vedettes qui font la traversée vers les îles, plein de semi-rigides… Le départ est propice aux accrochages pour plein de raisons.

Puis le point critique reste le passage de Fréhel car ça concentre tous les bateaux ! La flotte n’aura pas eu le temps de complétement se séparer même si un premier classement se dessinera, c’est assez stressant. Une fois la nuit tombée et qu’il n’y a plus que les skippers en mer, avec les autres usagers de la mer dont c’est le métier, c’est déjà mieux. En plus les liaisons ne sont pas très bonnes au moment du départ sur la VHF, le téléphone… c’est un gros moment de stress."

Comment gérez-vous la disparité de vitesse des concurrents pour le suivi ?

FLG : "Nous n’avons pas fait le choix d’avoir une équipe par classe, la course est gérée dans sa globalité. Nous sommes plusieurs directeurs de course dans la course, même si je prends les décisions finales. On sépare le suivi en quart avec un principe de base qui est que le directeur de course en titre ne soit pas de quart la nuit et qu’il puisse être appelé à n’importe quel moment. Par contre à l’inverse, le jour il prend à sa charge un des quarts. Et tout le monde est au même endroit, cela permet de gérer plusieurs « crises » en même temps. Ce n’est pas possible d’être sur tous les fronts et je suis entouré de personnes compétentes, qui me permettront de prendre la bonne décision."

Comment s'est formée votre équipe ?

FLG : "J’ai été choisi par l’organisateur de la course et ensuite j'ai composé mon équipe comme je le souhaitais. Nous sommes six : trois directeurs de course en titre (un responsable de l’épreuve, deux adjoints directeurs de course), deux autres adjoints qui ne sont pas directeurs de course et une sixième personne qui gère le suivi des inscriptions, les différents dossiers, les relations avec la presse, etc."

Est-ce qu’il y a des évènements que vous craignez plus que d’autres ? Que redoutez-vous le plus ?

FLG : "L’endroit du parcours qui craint le plus est définitivement la zone de départ, et le Cap Fréhel. La Manche est aussi un problème car ils sont encore très groupés, il y a des DST, des travaux éoliens, un trafic maritime très important, énormément de pêche... Et en plus, il y a peu de routes échappatoires pour sortir de la Manche, tout le monde passe au même endroit.

Ce que nous redoutons le plus c'est l’homme à la mer. Même si tout est fait pour leur rappeler qu’il faut qu’ils s’attachent, qu’ils portent sur eux leur balise, la commande du pilote automatique… pour plein de raisons, il peut y avoir un accident. Dans un premier temps, la flotte est groupée donc il y a des choses qui peuvent s’opérer rapidement mais au fur et à mesure que les routes divergent, ils sont tous isolés et ça c’est un problème."

Comment va se passer le suivi météo avec METEO CONSULT ?

FLG : "Les prévisionnistes de METEO CONSULT vont nous communiquer les prévisions mais nous prendrons les décisions. Par contre ils vont nous nourrir d’informations, nous faire part de leur analyse. Puis le point décisif pour donner un départ c’est d’avoir les prévisions météo à 24h, 36h, 48h car même s’il fait beau le jour J à Saint-Malo, ce n’est pas forcément une bonne idée. Cela m’est déjà arrivé de décaler un départ malgré un grand soleil à l'heure du départ, ce qui n’est pas compris du grand public, mais on savait qu’à peine 18h après le départ en sortie de Manche, il n'y aurait aucune échappatoire possible à part de se réfugier au port de Roscoff. Ce n'était donc pas envisageable. METEO CONSULT et les prévisionnistes nous abreuvent d’informations, ils se projettent avec des routages, comme nous, et en fonction de cela, nous prenons des décisions. S’il y a des doutes sur le moment du départ, il faut amener les partenaires dans la réflexion car il y a énormément de choses prévues le dimanche. Et un départ peut aussi s’avancer de 24h selon les prévisions. Il vaut mieux avancer de 24h le départ, que de le décaler de plusieurs jours, en termes d’organisation c’est plus simple."

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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