Route du Rhum – Destination Guadeloupe : trafic en accordéon sur l'atlantique

Les deux leaders de la classe Ultim sont au niveau des Açores. Charles Caudrelier est bien en tête mais il n’arrive pas à se défaire de François Gabart, toujours à portée de VHF, malgré des trajectoires divergentes au niveau de l’archipel. Gitana est passé au Nord de San Miguel, tandis que SVR-Lazartigue restait au Sud. Un choix qui va peut-être permettre au premier de creuser à nouveau un petit écart, mais il faudra attendre que les sillages se croisent dans quelques heures pour compter les milles. En tous cas, grâce à une route plus Nord, Thomas Coville reste dans le match à la troisième place, alors qu’il aurait pu craindre que les deux premiers s’échappent par un trou de souris entre les deux fronts. Mais il n’en est rien, et les trois suivants au classement, qui sont eux à plus de 200 milles, doivent également être soulagés. Le jeu n’est pas le même en revanche pour Armel Le Cléac’h qui est reparti de Lorient, avec une dérive de rechange et pour la beauté du sport, car 1000 milles derrière le leader.
Au près depuis le départ, les Ocean Fifty, ces trimarans de cinquante pieds, confirment leur capacité à aller presque aussi vite que les Ultims pourtant deux fois plus grands, en n’étant que 300 milles derrière après 3 jours de course. Mieux, la bataille fait rage et reste indécise, les six premiers bateaux sur les sept encore en course après l’abandon du malheureux Sam Goodchild, se tenant en moins de 100 milles. Petit avantage ce soir à Thibaut Vauchel-Camus, mais le benjamin de la classe Quentin Vlamynck n’est pas loin (21 milles) et les trois vieux briscards que sont Sébastien Rogues, Armel Tripon et Erwan Le Roux restent en embuscade.
Chez les Imoca il semble y avoir Charlie (Dalin) et les autres. Même si son avance a été divisée par deux en 24 heures, elle reste conséquente, une cinquantaine de milles, sur un quintet de poursuivants aux dents longues composé de Kevin Escoffier, Jérémie Beyou, Paul Meilhat, Thomas Ruyant et Maxime Sorel. Une chose est sûre, le Havrais est au sommet de son art. Premier à entrer dans les systèmes météo, il choisit sa trajectoire et dicte le tempo. Seuls quelques solistes n’ont pas voulu jouer la même partition. Il y a Louis Duc tout au Nord, sur une route osée dans des vents beaucoup plus forts, et une mer « casse-bateau » entre les fronts. Une option sans doute trop extrême sur le long terme, mais on apprécie l’audace du Normand, tout comme la trajectoire maline d’Arnaud Boissières très proche de l’orthodromie. Avec moins de milles à parcourir et un vent peut-être plus soutenu dans les prochaines heures, il pourrait, avec quelques collègues « Nordistes » tels Guirec Soudée, Antoine Cornic, François Guiffant ou Benjamin Dutreux, faire une bonne opération au classement.
La lutte en Class40 est incroyable d’intensité. Les six premiers se tiennent en 12 milles seulement et parmi eux l’imperturbable Yoann Richomme, revenu du fond du classement après avoir effectué sa pénalité de quatre heures pour départ volé. Son ami et compère d’entrainement, Corentin Douguet, qui a le même bateau et est actuellement en tête, ne peut marquer tous ses adversaires tant ils sont tnombreux à être dangereux, à commencer par Xavier Macaire bien sûr, actuel deuxième. Mais il y a là aussi, Ambrogio Beccaria, Luke Berry, Alberto Bossa et Ian Lipinski, excusez du peu ! Tous ne sont pas à la fête malheureusement puisque quatre bateaux ont dû faire demi-tour ces dernières heures, dont le Guadeloupéen Keni Piperol qui était en tête à la pointe de la Bretagne mais qui, victime d’une voie d’eau fait route vers La Corogne. Abandon aussi et route sur Lorient pour Jonas Gerckens, pourtant souvent cité parmi les favoris.
En classe Rhum Multi, la bataille attendue entre les catamarans de course croisière de dernière génération menés par des skippers chevronnés fait bien rage. Mais les Maisonneuve, Jourdain, Escoffier, Guillemot, Mabire et Chapalain doivent se contenter des places de deuxième à septième, car c’est un trimaran qui est en tête, le Jess de Gilles Buekenhout. Quant à Philippe Poupon, après un premier arrêt devant la Forêt Fouesnant, il s’est de nouveau arrêté à La Corogne. Un arrêt technique qui devrait être le dernier avant Pointe à Pitre d’après le règlement. Est-ce que les conditions de vent permettront au joli Flo de rattraper les 340 milles de retard jusqu’ici cumulés ? C’est une question que ne se pose pas Jean-Pierre Dick, toujours en tête des Rhum Mono, et qui assume pleinement son statut de favori, tandis que Catherine Chabaud s’accroch,e seulement 53 milles dans son sillage. Le troisième quant à lui, Wilfried Clerton est par 48° Nord sur les traces de Louis Duc. Mauvaise nouvelle en revanche pour Guy Pronier qui, au large du Cap Finistère, vient de faire demi-tour et fait route vers l’Espagne.