Arrivée à Pointe-à-Pitre mercredi, mais à quelle heure ?

Cette édition ne déroge pas à la règle, après la descente périlleuse vers les Açores, la négociation d’une forte perturbation sur l’archipel puis la route des alizés, pas si tranquille que cela. Les Ultim 32/23 ont montré tout leur potentiel, les obligeant parfois à freiner pour ne pas chavirer, mais les vitesses affolantes atteintes par le trio de tête depuis 48h, et notamment le leader Charles Caudrelier et son Maxi Edmond de Rothschild, leur ont permis de se rapprocher rapidement de l’arc antillais pour envisager une arrivée mercredi.
Une fois arrivés au nord de la Guadeloupe, il restera l’exercice toujours difficile du contournement de l’île par l’ouest sur 80 milles, une descente qui avait complétement changé la donne il y a quatre ans pour François Gabart. En avance de plus de 35 milles, ce dernier s’était fait rattraper puis dépasser par Francis Joyon, le devançant, in fine, d’un peu plus de 7 mn à l’arrivée à Pointe-à-Pitre. Cette descente le long de la côte sous le vent, puis la remontée vers la baie de Pointe-à-Pitre est souvent semée d’embûches, avec des conditions de vent très changeantes en raison des zones de déventes des montagnes, comme la Soufrière qui culmine à près de 1500 m de hauteur, et des zones d’accélération. Ce sera encore le cas jusqu’à l’arrivée de cette édition 2022.
Prévisions : du classique et toujours des doutes
Ce mardi, Charles Caudrelier progresse bâbord amure à près de 30 nœuds. Il bénéficie toujours d’un alizé modéré, de secteur est entre 15 et 20 nœuds avec des rafales sous grains autour de 30 nœuds. Ces conditions générales ne devraient pas trop évoluer jusqu’en milieu de nuit, malgré un empannage principal et d'autres secondaires. En effet, avec le vent qui prendra un peu de gauche vers le nord-est, C. Caudrelier devrait remonter un peu vers le nord pour se caler sur l'orthodromie. Ensuite, la bascule du vent de nouveau vers l'est l'obligera à d'autres empannages avec une route plus au sud, pour garder un meilleur angle de progression vers le nord de la Guadeloupe. Il aura en ligne de lire « La tête à l’Anglais », cet îlot situé au nord de l’île et qui tient son nom de sa ressemblance avec un casque colonial britannique.
Passé celui-ci en milieu de nuit, heure française, où les vents s’accélèrent un peu, il lui faudra décider de contourner l’île à une distance plus ou moins éloignée de la côte, une décision toujours délicate à prendre, car selon les heures, comme le disent certains, « ça passe plus ou moins bien ».
L’analyse de la situation, sur la base de notre modèle METEO CONSULT, montre un scénario classique. Dans un premier temps, l’alizé de nord-est autour de 15 nœuds devrait se maintenir au nord-ouest de l’île, près de Deshaies. Il baissera ensuite partiellement autour de 10 nœuds, entre Deshaies et Vieux-Habitants à quelques milles de la côte, alors que des calmes s’observeront près du rivage. S’en suivra la partie la plus délicate à gérer, la descente vers Basse-Terre et la remontée vers l’arrivée mercredi, entre la fin de nuit et le début de matinée, heure française. Le vent pourrait dès lors tomber quelques heures, avant de reprendre un peu de vigueur à l’approche de la baie de Pointe-à-Pitre.
Dans cette situation météorologique, et selon l’heure d’arrivée de C. Caudrelier le long de la côte sous le vent, de nombreux paramètres autres que la météo sont à prendre en compte pour établir un ETA précise :
- l’état du bateau
- le moral et la fatigue du skipper
- la connaissance du plan d’eau
- les courants
- les risques de rencontre de sargasses
- les filets de pêcheurs
- et autres évènements imprévisibles
Néanmoins, une forte probabilité se dégage pour un ETA mercredi en fin de matinée au plus tôt, heure française.
Pascal Scaviner, METEO CONSULT