Yves Le Blevec « Ces Ultims sont hyper exigeants. Réussir à être à leur niveau est un plaisir, mais c'est douloureux. »

Le skipper Actual Ultim 3, accueilli par Francis Joyon et François Gabart, est heureux et fier de la mission accomplie, du travail d’équipe réalisé depuis des mois. Aucun souci technique n’a entravé la performance globale du bateau, mis à part un gennaker déchiré il y a trois jours qui lui coûte probablement sa 4e place. Mission accomplie. Il raconte ce qu’il ne dit pas en mer. Yves Le Blevec : « Je suis vraiment super content d’être arrivé ! Boucler cette course était l’objectif n°1. Arriver ici… ce sont des sensations très intenses. »
Yves est bien conscient de l'exploit d'avoir traversé l'Atlantique à bord de son Ultim 32/23 « Se faire plaisir n’est pas forcément l’objectif, mais réussir à piloter ces machines capables de traverser l’Atlantique en une semaine est sacrée satisfaction. En mer, on est entre plaisir et douleur. C’est très partagé. Ces Ultims sont hyper exigeants. Réussir à être à son niveau est un plaisir, mais c’est douloureux. »
Il ajoute « Quand le bateau s’emballe, à chaque vague, ça part à 40 nœuds : c’est peut-être le mode « normal », mais tu as quand même l’impression d’être dans un camion sans frein, engagé dans une grande descente avec des virages… Ces bateaux n’ont pas de limite. La limite, c’est ce que le skipper est capable d’endurer. Au-delà d’un certain niveau d’attaque, c’est hyper compliqué de débrancher le cerveau et de se dire ok je vais dormir. Ce n’est pas facile de trouver l’équilibre. »
Et concernant le match avec Francis ? « Il y a 3 jours, à peu près au même moment, j’ai eu trois soucis techniques, sans lien entre eux. Deux ont été résolus (électronique et rotation du mât), mais pas le troisième : la déchirure de mon grand gennaker. Le temps de le remplacer par mon J1 et de réparer, Francis était revenu sur moi et j’allais désormais moins vite que lui. Je n’ai donc pas réussi à conjurer le sort de 2018, mais le match était sympa ! »
« Au près, il y a vraiment des écarts de vitesse avec les nouveaux bateaux. Et, dès le départ, je suis parti avec un ris alors que ça passait GV haute. J’ai renvoyé le ris dès le premier virement, mais j’étais un petit cran derrière et ils ont attaqué très fort. Je suis très impressionné par le niveau d’attaque qu’ils ont réussi à mettre avec ce que ça génère en stress et en fatigue. J’ai été super fatigué à un moment de la course. Heureusement que je me connais, parce que c’est là que tu peux faire de grosses bêtises : l’urgence était de gratter quelques minutes de sommeil. »