Sam Davies et Justine Mettraux dans le regard de leur coéquipier
À cet égard, la voile professionnelle est un sport qui se distingue par la manière dont elle permet aux hommes et aux femmes de courir non seulement sur le même terrain de jeu - ou océan - mais aussi à bord des mêmes bateaux.
Nous nous sommes intéressés à deux duos qui visent le top 10 en Martinique : Justine Mettraux et Julien Villion sur Teamwork ainsi que Sam Davies et Jack Bouttell sur le nouvel Initiatives-Cœur 4. Pour cela, nous avons rencontré Julien et Jack au Havre afin d'en savoir plus sur la navigation avec leurs nouveaux skippers.
Julien fait partie de l'équipe de Justine depuis 2022, en tant que stratège et expert en performance, avant d’embarquer cette année en tant que co-skipper sur les épreuves en double de 2023. Cette transat sera sa première grande course avec la Suissesse qui a aussi disputé et remporté The Ocean Race en début d’année avec 11th Hour Racing Team.
Comment trouve-t-il le fait de naviguer avec Justine Mettraux ? « Tout d'abord, c'est une très bonne navigatrice avec une grande expérience car ces trois ou quatre dernières années, elle n'a navigué qu'en IMOCA et plus de 200 jours par an ! », rappelle-t-il. « Deuxièmement, c'est une personne toujours heureuse d'être en mer, notamment sur de longues distances. Elle est aussi douée pour naviguer en solitaire et en double.»
Justine est aussi connue comme « JuJu, the machine », un surnom gagné à bord de 11th Hour Racing Team en raison de son éthique de travail implacable, de sa combativité et de son obsession à tirer chaque once de vitesse de son bateau. Néanmoins, Julien Villion - 36 ans et originaire de La Trinité-sur-Mer -, n'est pas certain que ce surnom soit tout à fait approprié.
« Je n'aime pas ce terme de "machine", car je ne pense pas que l'on puisse être une machine sur un bateau », explique-t-il. « Juju est très calme et stable dans ses émotions, ce qui est important et aussi très agréable pour moi parce que c’est difficile de naviguer avec quelqu’un qui a en permanence des hauts et des bas. »
Sur le bateau rouge vif Initiatives-Coeur 4, amarré à l'autre bout du Bassin Vauban du Havre, Jack Bouttell a eu moins de temps pour s'adapter, puisqu'il a rejoint Sam Davies quelques jours avant le Défi Azimut. Cependant, l'Australo-Britannique de 32 ans a apprécié ses premières navigations avec la Britannique qui court en IMOCA depuis 16 ans.
« Il faut trouver rapidement les forces et les faiblesses de chacun et être capable de se faire confiance. Je pense que nous y sommes parvenus assez rapidement », confie celui qui, comme Justine Mettraux, était membre de l'équipage de 11th Hour Racing Team.
« Avec Sam Davies, il est facile de voir à quel point elle connaît son bateau. De plus, on voit tout de suite sa solide expérience de navigatrice hauturière, elle n’a pas peur de s’engager », ajoute-t-il. « D'après mon expérience, je n'ai jamais considéré ce sport comme un sport masculin ou féminin, mais plutôt comme un sport d'équipage, d'équipe ou de skippers. Le plus difficile pour les navigatrices n'est pas la question des compétences, mais souvent d'expérience. Sam a cet énorme bagage et elle a, en plus, sa formation d'ingénieur, ce qui est un atout. »
Jack parle des mêmes caractéristiques chez Sam que Julien observe chez Justine. « Sam a un objectif clair et s'y tient », explique-t-il. « Elle connaît les limites du temps que nous avons pour accomplir les choses et se concentre sur l’essentiel. Elle est très calme, détendue, ce qui est le fruit de son expérience. Elle me fait confiance depuis le premier jour et me laisse essayer différentes choses, sans stress. »
De retour sur Teamwork, Justine Villion explique que même si sa skipper est très concentrée sur le prochain Vendée Globe, elle est également déterminée à faire un bon résultat sur cette Transat Jacques Vabre. « Elle sait comment décomposer sa campagne et Justine est très focus sur la Transat Jacques Vabre. Ensuite, elle se concentrera sur le Vendée Globe, mais elle sait comment planifier les objectifs », complète-t-il.
Nous avons demandé à Julien son avis sur la vision qu’ont certains de Justine comme une personne timide en public mais à l’aise dans la sphère privée. « Juju est une femme drôle », confie-t-il. « Peut-être que parce qu'elle est un peu timide, les gens la connaissent moins lorsqu'elle est sûre d’elle, dans notre environnement de régatiers, ou en mer avec un petit groupe, car elle est cool et drôle. »
Si Justine et Julien viseront sans aucun doute une place dans les dix premiers à Fort-de-France, Sam Davies et Jack Bouttell leur livreront une résistance acharnée dans ce qui devrait être l'une des batailles les plus intéressantes de la course.
Sam Davies cherchera à confirmer ses trois cinquièmes places consécutives cette saison et Jack Bouttell met de grands espoirs dans leur nouvelle association. « Pour moi, notre objectif, c'est une place dans les cinq premiers. C'est ce que nous avons fait au Défi Azimut et ce que Sam a fait cette saison. Elle a fait cinq, cinq et cinq avec trois co-skippers différents. C'est un bon niveau de régularité ! » conclut Jack.
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