Transat Jacques Vabre 2023 : une flotte canalisée

Par Figaronautisme.com

Alors que les ULTIM entament leur dernière ligne droite le long de la zone d’interdiction brésilienne et que les Ocean Fifty ont touché l’alizé pour descendre vers le Cap Vert, IMOCA et Class40 progressent plein Sud sur ce qui est loin d’être une autoroute mais leur garantit une progression sans dommages vers des contrées plus accueillantes. Les 40 pieds visent Madère qu’ils atteindront la nuit prochaine avant de pouvoir penser à faire de l’Ouest. Plus libres de leurs mouvements, les IMOCA restent pour l’instant en convoi serré vers le Sud, même si l’impatience se fait sentir dans les troupes du côté des premiers bateaux à dérive, chatouillés par une option Ouest qui reste néanmoins hypothétique…

ULTIM : Banque Populaire XI creuse

A chaque pointage, le constat est le même. Banque Populaire XI semble intouchable au portant, navigant toujours plus vite et souvent plus bas que son poursuivant direct SVR Lazartigue. Le delta est plus marqué encore avec Maxi Edmond de Rothschild désormais à plus de 200 milles. « Si on avait une recette miracle pour aller aussi vite qu’eux, on l’appliquerait tout de suite » répondait ce matin Tom Laperche qui «continue à y croire et va tout faire pour revenir ». De nombreuses opportunités restent sur la route, notamment dans ces prochaines 24 heures où les ULTIM vont retraverser le Pot au noir ou ce qu’il en reste à leur longitude. « Ça va naviguer très proche de la zone d’exclusion, le plus à l’ouest possible, avec pas mal d’empannages » confirmait le co-skipper de François Gabart ce matin. Le passage dans l’alizé de Nord-Est est prévu pour la nuit prochaine et le bord tribord amures deviendra très rapprochant vers l’arrivée sur la Martinique. Se dire qu’à 1800 milles du but, les ULTIM sont attendus dans deux jours dans l’arc antillais a quelque chose d’irréel mais c’est bien la réalité sur ces bateaux capables d’aligner 800 milles dans la journée quand l’angle et la force du vent sont optimum.

Pour les deux autres ULTIM, le match continue à distance mais n’est pas non plus de tout repos et Christian Dumard faisait remarquer ce matin l’inégale performance de Sodebo Ultim 3 d’un bord sur l’autre. C’est malheureusement en tribord amures que Thomas Coville et Thomas Rouxel semblent les moins rapides. Une opportunité pour Actual Ultim 3 pour un match rapproché en fin de course ?

ETA des premiers ULTIM : Le 12 Novembre

IMOCA : Charal contrôle

Belle trace que celle du monocoque noir et rouge de Jérémie Beyou et Franck Cammas !Positionnés à l’ouest de toute la flotte, ils ont progressé nettement plus vite que les bateaux qui s’étaient décalés sous leur vent et se ré-alignent devant eux ce matin en touchant plus tôt le nouveau vent comme le confirme Franck Cammas : « C’est bien revenu par l’ouest ce matin. Là, ça va vite à plus de 25 noeuds. On gagne vers le Sud avec un petit clapot de face pas très agréable et on reste calfeutrés sous notre casquette ! » Au classement, Charal a toujours la main mise sur un paquet de cinq ou six IMOCA dans lequel on trouve Paprec-Arkéa (Richomme-Eliès)  en pointe devant For The planet (Goodchild-Koch)  et Initiatives coeur (Davies-Boutell). Mais la palme au classement est à décerner ce matin à Teamwork. Bien décalés dans l’ouest, les « Jujus »comme on surnomme sur les pontons Justine Mettraux et Julien Villion font un superbe début de course avec leur bateau de 2018 qu’ils ont su préserver coup de vent et font marcher très fort. Pas de forfanterie à bord néanmoins et Julien Villion constatait ce matin avoir « moins de facilité que Charal de transformer l’avantage de l’ouest en abattant de quelques degrés pour passer à la caisse ».

Dans tous les cockpits d’IMOCA par le travers du cap Saint Vincent, ça doit toujours cogiter pas mal entre la tentation de partir dans l’Ouest sur une route en théorie gagnante de 24 heures selon les routages de Christian Dumard, le météorologue de la Route du Café,  ou bien rester sur la route Sud. Mais derrière la stratégie générale, il y a la tactique et dans sa position, ce n’est pas à Charal de déclencher les hostilités le premier.  « Ça fait trois jours qu’on regarde ces routes mais elles sont complexes avec plusieurs fronts et beaucoup de transitions » nous disait Franck. La donne a aussi changé sur les nouveaux bateaux, capables de voler dès 12/13 noeuds de vent  à toutes les allures: « Le delta entre les performances au près et au portant s’est nettement réduit. Donc, ça change pas mal le jeu stratégique ». C’est peut-être du côté des bateaux plus anciens, qui n’ont pas cette facilité que viendra la sécession. Louis Duc et Rémy Aubrun (Fives Group-Lantana environneent) ont d’ailleurs déclenché les premiers ce matin leur virement de bord, emmenant avec eux un groupe de cinq IMOCA. Peut-être n’est ce qu’un recalage en prévision du passage de la petite bulle qu’ont contourné les leaders, mais ce sont des traces à suivre…

ETA des premiers IMOCA : Le 18 novembre

Ocean Fifty : Premier sorti, premier servi

Thibault Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck maîtrisent parfaitement leur sujet et continuent de creuser leur avance sur leurs deux poursuivants. Sorti le premier de la dorsale par l’ouest, Solidaires en Peloton tient en respect Viabilis et Réalités, distants d’une bonne centaine de milles. Le trio va continuer à descendre assez rapidement vers le Cap Vert et au moment de décrocher son combiné, Thibault Vauchel Camus venait d’empanner, cap sur le way-point au Nord de l’île de Sal : « Tout va bien, on espère s’être assez décalé pour ne pas subir les dévents des Canaries. On a 17-18 noeuds de vent, ça glisse tout seule GV haute et grand gennaker, mais c’est pas les vacances pour autant  ! »

 

Dans leur sillage, à 120 milles derrière, la bonne opération des dernières 24 heures a été réalisée par Réalités. Décalé à l’Est à la latitude de Gibraltar, le trimaran de Fabrice Cahierc et Aymeric Chappellier a bénéficié de plus de pression et d’un vent plus Nord pour se recaler, sans se faire enfermer le long des côtes marocaines. Il a doublé à la régulière Viabilis et vient d’empanner à l’heure où nous bouclons ces lignes. A voir s’il est suivi tout de suite par Pierre Quiroga et Ronan Treussart (Viabilis) ou si ces derniers prennent un peu plus de marge pour s’écarter des Canaries et pointer avec un meilleur angle vers le Cap Vert… Un duel d’empannages qui devrait conduire la flotte au Cap Vert d’ici demain soir, avant de pouvoir tourner les étraves vers la Martinique dans un alizé pas très vigoureux pour l’instant.

ETA des Ocean Fifty : Le 17 novembre

Class40 : Bientôt Madère

Elle est belle la régate des petits monocoques de cette Route du Café. Si la flotte s’étire sur déjà plus de 400 milles, le combat que se livrent les leaders est de très bon niveau. Canalisée par le contournement obligatoire de Porto Santo, les Class40 de tête se livrent à un jeu de placement sur leur route Sud qui a profité aux bateaux les plus à l’Ouest de la flotte. Achille Nebout « aurait signé pour ce bon début de course, au vent de la flotte avec un peu d’écart ». Leader au général avec 20 milles d’avance sur Café Joyeux, Amarris est en effet en position favorable et ce sont les tenants de l’Est qui paient le plus lourd tribut de la traversée de la première zone de vent faible. « C’était bizarre hier soir, le vent est rentré Est puis a forci par l’Ouest avec 20 noeuds et on a bien cavalé sous gennaker toute la nuit » confirmait le co-équipier de Gildas Mahé, plus rapide d’un bon noeud que le reste de la flotte les huit dernières heures.

Le vent va adonner toute la journée pour les Class40 de tête et les spis vont être rapidement de sorti avec un empannage à caler pour rejoindre Madère. « Ce n’est pas très facile avec le fond de houle, mais ce sont quand même de belles conditions de navigations » se félicitait le leader, pas fâché d’ avoir laissé dans son sillage les côtes européennes et leur cohorte de dépressions.

A noter dans ce paysage qui se dégage le retour aux affaires de Legallais (Delahaye-Douguet), reparti de Cascaïs avec 230 milles de retard et qui peut encore nourrir des espoirs puisqu’il reste près de 3000 milles à courir pour les petits monocoques…

ETA des Class40 : Le 22 Novembre

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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