Transat Café L'Or : départ canon
À la VHF, les mots "bon départ" ont retenti trois fois, signifiant que chaque classe était désormais engagée sur la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. Une autre voix a résonné, celle de la marraine de cette 17e édition, l’astronaute Claudie Haigneré, qui a tenu à encourager chaque catégorie de bateaux dans leur périple vers Fort-de-France.
Un départ musclé
Comme une première confrontation, les éléments étaient bien décidés à ne pas faciliter la tâche des skippers au départ. Dans une mer formée et sous un vent soutenu d’environ 18 nœuds, les ULTIM ont ouvert le bal. Anthony Marchand et Julien Villion (Actual ULTIM 4) franchissent la ligne en premier ainsi que la bouée Normandie (première marque de parcours).
Vingt minutes plus tard, les IMOCA se placent. Leurs sillages irréguliers témoignent de leur impatience. Lancés comme une flèche, Louis Burton et Clément Commagnac (Bureau Vallée) s’envolent en tête avant de se faire griller la priorité par Jérémie Beyou et Morgan Lagravière (Charal) au détour de la bouée Normandie.
Derniers à s’élancer, les 42 Class40 ont fermé la marche avec là aussi un bon départ mettant le Havre et la région à l’honneur puisque les trois premiers bateaux à laisser la bouée Normandie sur tribord sont normands : Seafrigo-Sogestran (Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau) en tête, suivi de Legallais (Fabien Delahaye et Pierre Leboucher) et Zeiss (Thimoté Polet et Pierrick Letouzé).
Des Class40 qui vont faire escale à La Corogne en Espagne. En effet, suite à l’arrivée d’un front et une dégradation des conditions météo prévues à l’entrée du golfe de Gascogne, la direction de course a pris la décision d’ajouter une étape à leur parcours pour les mettre à l'abri et organiser un second départ dès que les conditions le permettront.
Trois départs auxquels le public a pu assister depuis la plage du Havre et les hauteurs de Sainte-Adresse puis en direct à la télévision après être venus les encourager une dernière fois.
"Les bateaux évoluent mais l’émotion reste la même"
Petit flashback, ce matin à 9h, lorsqu’une petite file d’attente se forme à l’entrée du village. Dernière chance pour admirer les bateaux, mais surtout ressentir l’émotion gagner chaque ponton à mesure que l’heure de larguer les amarres approche.
Il y a bien sûr la famille, les amis, et quelques curieux. Venus de Dreux pour les vacances, la famille de Céline et Guillaume a découvert par hasard le village hier soir. Happés par l’ambiance, ils se devaient de revenir ce matin. "Je ne m’y connais pas trop en bateau mais je suis très émue de les voir, ils m’impressionnent tout simplement", confie Céline. Son mari Guillaume enchérit : "Il y a quelques années, les bateaux étaient beaucoup plus simples. Aujourd’hui, ce sont des bijoux de technologie." Alors que les premiers Class40 quittent tour à tour le ponton, Céline, les yeux embués, savoure ce moment de partage et de communion avec ces aventuriers des temps modernes. La magie de la course au large opère.
Tandis qu’une file indienne de mâts remonte le bassin Paul Vatine, certains spectateurs convergent vers un autre sport : le quai de Southampton. C’est l’heure de la parade avant que les bateaux ne partent se positionner au large. Dernier shoot de bonheur pour les marins comme les terriens. "J’étais déjà là en 1993, confie une habitante du Havre. Les bateaux sont devenus des grosses machines mais l’émotion quand on les voit passer et hisser leur première voile, ça ne s’explique pas." Car ici, peu importe la taille du bateau ou la notoriété des navigatrices et des navigateurs, les applaudissements retentissent à chaque passage, "c’est le moins qu’on puisse faire", souffle un joggeur encore essoufflé mais déjà le téléphone en l’air pour immortaliser l’instant.
Ils étaient des centaines le long des quais du Havre, un dernier au revoir, sous un ciel digne des plus belles toiles impressionnnistes.