Transat Café L'Or : une nuit plutôt hostile !

Par Le Figaro Nautisme
carte de la course Transat Café L\'Or

La nuit n’a pas vraiment été câline autour du Dispositif de Séparation du Trafic des Casquets, zone interdite aux concurrents qui canalise les flux de cargos. Qu’ils passent au Nord pour se donner de l’espace comme les ULTIM et les IMOCA ou au Sud comme les Class40 en ce moment, c’est aussi le timing par rapport au courant et bascules de vent qui a dicté les trajectoires. Dans cet univers hostile pour une mise en route, chaque tandem a cherché la meilleure trajectoire pour s’extraire au plus vite de la Manche, où les rafales à 35 noeuds et une mer atteignant jusqu’à 3 mètres ont secoué les bateaux, mais sans accident majeur à déplorer. L’Atlantique se mérite quand même et tout le monde s’accroche.

ULTIM : Clignotant à gauche pour Maxi Banque Populaire XI

Jusqu’à 2 heures ce matin, le match que se livrait les ULTIM est celui que l’on attendait. Très serré, avec SVR Lazartigue et Banque Populaire XI à touche touche en pointe, et le tandem Actual - Sodebo aux aguets, le tout dans un mouchoir de poche à l’échelle de l’océan. En empruntant le chenal du Four au ras de la côte, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse ne signaient pas un coup tactique et on comprenait après le raz de Sein que les tenants du titre mettaient le clignotant à gauche. Ils ont touché ce matin Lorient pour réparer leur safran tribord endommagé dans la nuit mais pourraient repartir rapidement...

Pendant ce temps, les leaders emmenés par le tandem Laperche-Cammas avalent le Golfe de Gascogne à l’approche de la dorsale qu’ils vont franchir dans la matinée. Deuxième au pointage de 6 heures, Anthony Marchand explique : « Nous naviguons sous 1 ris/J2 à 90° du vent qui va mollir et toute la panoplie des voiles va y passer » Beaucoup de manoeuvres en perspective donc aujourd’hui pour les Ultim « après une nuit intense avec beaucoup de virements, la veille des cargos et les changements de voile » poursuit le skipper d’Actual Ultim 4. « La bonne nouvelle, c’est que le bateau est aussi propre qu’avant hier, on n’ a rien cassé ! »

Entre les manoeuvres qui prennent toujours pas mal de temps sur ces grands trimarans, la journée va être occupée à affiner le passage de la dépression portugaise, « de mieux en mieux calée sur les fichiers au fur et à mesure qu’on s’en rapproche » toujours selon Anthony. « Il faut savoir si l’on va passer au portant ou au près, ce sera de toutes façons beaucoup de manoeuvres et il faudra être très précis »

IMOCA : Les favoris au rendez-vous

Mis à part l’accident hier qui a contraint Paprec Arkéa à rentrer au Havre, tous les favoris sont au rendez-vous en ce début de course, avec Macif Santé Prévoyance en tête. En file indienne vers la sortie de la Manche, les 60 pieds sont allés tirer un grand bord jusqu’à la baie de Weymouth en Angleterre pour viser ensuite la pointe Bretagne que les leaders vont atteindre dans la matinée. « C’était plus lié à une rotation de vent à droite qu’à la protection de la côte » expliquait ce matin à la vacation Sam Goodchild, pas fâché de passer Ouessant en tête sur le coup des 9 heures avec une dizaine de milles d’avance sur ses poursuivants. « Le vent a soufflé 30 noeuds, plutôt moins fort que prévu mais la mer était creuse et ça cognait fort. On s’était préparé à la guerre et on est quand même deux ris tourmentin pour ne pas trop taper. Il va falloir larguer les ris avec le vent qui va molir et adonner. On va en profiter aussi pour un petit check » poursuivait le britannique qui s’apprêtait à passer Ouessant à 9 heures. Derrière, Charal, collé serré avec Allagrande Mapei accusent plus de 10 milles de retard et on retrouve un peu sur l’arrière Associations Petits Princes-Queguiner. Bon début de course aussi pour Eleventh Hour Racing et Bureau VAllée qui devancent TeamWork Team Snef.

Tous ces IMOCA de tête seront dans le golfe de Gascogne avant midi et vont devoir caler leur trajectoire pour passer la dorsale qui barre la route vers le Sud. « L’inconvénient d’être en tête, c’est d’être les premiers à se positionner pour passer cette zone ! » souriait Sam Goodchild mais il y a peu de chances de voir la flotte se disperser beaucoup sur l’axe Est-Ouest.

Bonne nouvelle enfin de cette matinée, Paprec Arkéa devrait reprendre la mer du Havre avant midi

Ocean Fifty : Contraction, décontraction

La flotte s’était un peu comprimée dans le golfe de Gascogne hier où le vent décroissant avec la latitude permettait aux derniers (Viabilis Oceans et Upwind by Mer concept) de combler une partie de leur retard. Mais à l’heure des premiers empannages autour du DST du Cap Finisterre, les leaders ont refait du gain et accéléré. Le franchissement de la dorsale, cette excroissance de l’Anticyclone qui règne sur le proche Atlantique (celui-là même qui canalise le flux de Nord Ouest en Manche) n’a posé aucun problème aux agiles trimarans qui vont dès maintenant se projeter dans la négociation de la dépression portugaise. Toujours en tête, Wewise de Pierre Quiroga et Gaston Morvan fait un sans faute, alors qu’à une cinquantaine de milles derrière, les places s’échangent entre Edenred 5 et Solidaires en Peloton, le premier ayant été handicapé « par des problèmes de pilote automatique » avouait ce matin Basile Bourgnon. Le co-skipper d’Edenred se projetait déjà dans la passage de la dépression portugaise, « le deuxième mur de ce début de transat, qui va nous engloutir et où on ne pourra que subir... il va falloir faire le dos rond encore une fois ». Le dos rond, c’est aussi l’approche réfléchie d’Anne-Claire Le Berre qui avoue avoir longtemps attendu à la sortie de la Manche avant de renvoyer de la toile hier: « On était vraiment sur la réserve avec Elodie Jane et quand on a vu ce qui est arrivé à Koesio qui temporisait aussi, on s’en félicite ». Le seul équipage féminin des deux catégories multicoques a pris son premier repas à midi hier seulement et commence à remettre de le nez dans les fichiers météo « pour un passage assez proche du centre de la dépression » dit Anne Claire. Après cet épisode qui va marquer la prochaine nuit, les Ocean Fifty devraient y voir plus clair sur leur traversée de l’Atlantique.

Class40 : Place à une course de vitesse

La plus grosse flotte de la course avec ses 42 inscrits progressait ce matin au large des Anglo-normandes. Le petit groupe de bateaux qui ont fait le choix de passer au Nord des Casquets, à l’image de Faites un don sur SNSM.org ont peut-être allongé inutilement leur route et auront du mal à recoller aux leaders qui font route directe vers Ouessant, malgré un angle plus fermé. La meilleur route était intermédiaire cette nuit, pas trop près du Cotentin mais en restant sous le DST comme l’expliquait le leader Quentin La Nabour sur Bleu Blanc planète location. « Ce choix nous a permis de nous refaire après notre mauvais départ. Thierry (Chabagny) a barré toute la soirée mais ensuite la nuit était noire et c’était mieux d’être sous pilote, à régler le bateau. Là, les dés sont jetés et on va suivre les oscillations en renvoyant de la toile jusqu’à Ouessant ». Sur un rythme de Solitaire du Figaro, les places s’échangeaient ce matin en tête d’une course qui va conduire en un peu plus de 48 heures les bateaux à la Corogne. « On est dans un demi-rythme et comme la course va être assez courte, on ne s’est pas beaucoup économisé » confirmait Quentin à la vacation. Avec les cinq premiers qui se tiennent en moins d’un mille, chacun est aux écoutes et c’est une course de vitesse qui débute pour cette première étape, alors qu’on compte trois arrêts au stand ( Maccaferri Futura, Rêve de Large 5 et Wasabiii) et deux concurrents à la peine, encore en Manche Est (Innovad Group XLG et RDT Logistic Forvis-Mazars)

A noter en revanche la belle entrée en matière de l’équipage féminin du dispositif Cap Pour Elles. Aina Bauza Roig et Axelle Pillain pointaient dixième sur Engie-Dessine moi la High tech à 7 heures ce matin.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.