Transat Café L'Or : Le jour des retrouvailles

Par Le Figaro Nautisme
carte de la course Transat Café L\'Or

Retrouvailles avec la terre pour la flotte des Class40 dont les premiers franchiront la ligne d’arrivée ce matin à La Corogne. Retrouvailles en mer chez les leaders en Ocean Fifty avec Edenred V qui a doublé dans la nuit Wewise. Retrouvailles avec les îles pour les ULTIM qui longent Madère et Porto Santo ce matin et vont doubler l’archipel des Canaries dans la journée. Retrouvailles enfin avec le portant pour les IMOCA qui dansent sur le dos de la dépression portugaise avec des changements de leaders au gré des empannages. Dans un scénario météo toujours aussi scabreux, les skippers à la vacation nous aident à nous y retrouver !

Class40 : Les tapas pour Douguet-Tréhin !

Lorsque Corentin Douguet et Axel Tréhin ont aperçu ce matin le feu de la Tour d’Hercule, ils ne cachaient pas leur satisfaction « On arrive dans un endroit qu’on connait et qu’on aime bien. Le paysage est typique de la Galice, de beaux reliefs, un peu de pluie et encore du vent pour franchir la ligne ! » disait à moins d’une heure de l’arrivée Corentin Douguet.

Le phare romain qui balise l’entrée de la baie de la Corogne sonnait comme la délivrance d’une première étape au contact où il a fallu être à la fois physique et cérébral. Après avoir perdu la tête hier au pointage de 11 heures, le tandem de SNSM faites un don a accepté de prolonger un peu plus longtemps son bord au sortir de la dorsale pour cravacher ensuite toute la journée en profitant sans doute d’un peu plus de pression au Sud que ses concurrents. « Chacun a fait avec ce qu’il avait. Dans ces conditions, il faut regarder les copains mais aussi croire en tes choix. Avec Axel, on est heureux que ça se soit bien goupillé ». SNSM faites un don reprenait le lead en début d’après-midi devant Seafrigo Sogestran pour creuser toute la fin de journée et la nuit et se retrouver à contrôler la flotte qui louvoie maintenant vers la Corogne pour ses derniers milles.

Axel et Corentin seront les premiers à goûter aux mythiques tapas du Yacht club de la Corogne où les attend un dispositif d’arrivée dans cette TRANSAT CAFE L’OR qui se courra donc en deux étapes pour les petits monocoques.

Les pointages de premiers ne doivent pas faire oublier la queue de flotte encore au Nord du golfe de Gascogne alors que la dépression et son front très marqué frappera dès demain midi à la pointe de l’Espagne. « Nous surveillons de près 7 à 8 bateaux qui n’arriveront pas avant demain midi mais il y a des échappatoires, notamment Gijón dont l’entrée est bien protégée de la houle disait ce matin le directeur de course Francis Le Goff. S’ils naviguent tous en bons marins, ça devrait bien se passer »

ULTIM : Ça s’en va et ça revient

Intraitable au près, une allure où il avait déjà démontré son aisance il y a deux ans, SVR Lazartigue continue de creuser l’écart sur les poursuivants. Au prix de beaucoup de manoeuvres le long du centre de la dépression, il est allé caler un dernier virement en milieu de nuit pour piquer ensuite au Sud du phénomène et accélérer au reaching : « Là, on est à 40 noeuds, c’est super disait Tom Laperche à la vacation. La nuit a été active et on a eu pas mal d’orages en sortant de la dépression. D’un coup, il fait jour tout autour du bateau, c’est impressionnant. Le jour se lève maintenant, il fait grand beau. Après un petit dévent au niveau de Madère, on a ré-accéléré et on doublera les Canaries à midi »

Tout semble fluide lorsqu’on entend la voix posée et unie du jeune skipper mais on veut bien croire que le menu depuis le départ n’a pas laissé beaucoup de répit : « C’est vrai que l’on commence à avoir mal aux bras avec tous les virements. C’est chaque fois 20 à 30 minutes d’efforts à deux. Nous allons profiter des heures qui viennent sur un bord pour rattraper un peu de sommeil »

Le menu météo pas simple depuis le départ a aussi exigé de passer plus de temps qu’avant à la table à cartes et ce n’est pas fini car il va falloir désormais aller chercher « l’alizé profond » comme dit Tom Laperche, qu’il ne faut pas espérer avant la latitude du Cap Vert. « On en a fini avec le plus fort en termes de force de vent mais la route est encore très longue et les écarts sont faibles au regard de nos vitesses. Chacun peut avoir ses petits pépins » En disant celà, le skipper de SVR Lazartigue parle bien entendu de ses poursuivants directs Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 4, respectivement à 65 et 97 milles au pointage de 6 heures, mais il ne faut pas oublier le Maxi Banque Populaire XI qui a rattrapé 80 milles du retard qu’il avait lorsqu’il est reparti de Lorient. En passant dans l’ouest de la dépression qui s’était décalée, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse ont fait un bon coup, et sont à moins de 90 milles derrière Actual Ultim 4. Mais leur problème va être de se réaligner aujourd’hui sans trop perdre et gagner dans l’Est dans du vent qui va faiblir au fil de la journée.

IMOCA : Charal se rebiffe

Toujours dans le bon paquet depuis le départ, le tandem Jérémie Beyou-Morgan Lagravière s’est emparé de la première place hier après-midi, au contournement par le Nord de la dépression. « Dans le médium, on a tiré les bons bords et on allait clairement plus vite ce qui est de bon augure pour les alizés si on les attrape un jour... »

A la vacation ce matin, on retrouvait Jérémie comme on le connait, enthousiaste de se bagarrer au plus haut niveau et un peu bougon de ce parcours qui envoie les IMOCA virer les Canaries où il n’y aura pas grand chose à se mettre sous la dent la nuit prochaine et demain. « Ça va mollir à la mi-journée et on va tomber dans la dorsale qui est en travers de la piste. Je sais pas comment on va la traverser ... Bref, on se serait bien passé d’aller là bas ! »

En attendant ce contournement qui pourrait sonner comme un nouveau départ pour tout le monde, la bataille d’empannages fait rage chez les IMOCA et elle est spécialement belle.

« Ça va vite et il faut trouver les bons angles, les bons dosages. Parfois on barre, mais à plus de 30 noeuds, c’est difficile de rester sur le pont, alors avec Morgan, on affine les réglages de pilote » confiait encore Jérémie. Les milles défilent en tous cas, y compris pour le second paquet dont les IMOCA à dérives qui peuvent tendre leur trajectoire avec le délitement de la dépression orageuse.

Loin dans le golfe de Gascogne en revanche, MSIG Europe et Paprec Arkéa progressent péniblement et risquent de passer de sales heures à partir de demain. Ils ne pourront pas éviter le plus fort du front très marqué de la dépression à 970 hPa, qui va prendre son élan au large des Açores aujourd’hui...

Ocean Fifty : Edenred 5 fait cuicui aux Canaries !

On a sorti ce matin Emmanuel Le Roch de sa sieste mais le skipper d’Edenred 5 avait le sourire ce matin. « Quelle belle journée hier ! On nous avait prévu du vent fort , on s’y était préparé et ça été une journée de rêve ! On avait pour ambition de revenir sur nos copains de Wewise et bien c’ est chose faite ! » Avec un petit décalage dans l’Ouest qui lui a donné un peu plus de pression et un meilleur angle, Edenred V a « déboité » Wewise, profitant aussi de l’aisance du plan Neyhousser dans le medium : « On faisait des pointes à 28-30 noeuds sans jamais être sur le fil. Plusieurs fois depuis le départ avec Basile, on a temporisé, ce qu’on ne faisait jamais en Class40. Mais là, on profite vraiment de belles conditions. La nuit dernière était hyper étoilée avec une mer plate quelques pêcheurs et 8-10 noeuds de vent au près ».

La suite s’annonce moins simple. Les routages envoient les Ocean Fifty slalomer au bord des plages du Sahara occidental et il faudra être très vigilant, notamment au trafic et aux barques de pêche pas toujours éclairées. « La route est longue et sinueuse avant d’aller attraper l’alizé vers le Cap Vert » terminait Emmanuel avant d’aller relayer Basile Bourgnon à la barre de leur trimaran.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.