Bataille dans un couloir à l'avant de la flotte

Par Figaronautisme / Vend?e Globe

A l’exception notable de Louis Burton (Bureau Vallée 2), qui fait route sur l’île Macquarie, l’ensemble de la flotte a avancé à plus de dix nœuds au cours de cette nuit française. Au sortir d’un empannage, Charlie Dalin (Apivia), 2e, a concédé une poignée de milles au leader. Une petite contrariété qui, s’il était encore nécessaire de s’en assurer, souligne que le Normand est bel et bien reconcentré autour de ses ambitions sportives, six jours après l’avarie de puits de foil qu’il lui a fallu parer.

« Attends, je reviens sur la 'carto’ de la course… Je regarde la trace d’Armel il y a quatre ans… Ah oui, il est loin devant nous, dis donc ! On ne va pas vite, hein ? Je préférerais que ce soit un peu plus « sport » et un peu moins confortable ». Charlie Dalin a renoué avec sa soif fondamentale de performance, c’est bien noté. On oubliera donc vite la question sur le fait que les conditions de navigation - mer à peu près organisée, grand soleil et 15 degrés à l’intérieur du bateau – sont de celles qui permettent de récupérer des efforts des jours précédents. Charlie voudrait que ça « bombarde », que ça file, et plus vite que ça. Ce qui le rendait un peu chiffon, ce matin, c’est que les valses hésitations du vent ne lui ont pas rendu service à la sortie du front, dans lequel il a empanné hier. « J’ai eu une toute petite brise à la sortie du front, ça n’a donc pas été une très bonne journée pour moi. Je me retrouve dans un système un peu décalé par rapport à celui de Yannick (Bestaven) ». Les chiffres le montrent : de 59 milles hier au classement de 22 heures, l’écart s’était creusé ce matin à 90 milles. Les vitesses le soulignent aussi qui, pour l’heure, sont favorables au leader, poussé à 14 nœuds de moyenne au cours des 24 dernières heures tandis que son dauphin a pioché à 11,4 nœuds.

 

A la vérité de l’instant, on pourra lui opposer celle du temps long : Apivia est deuxième malgré un arrêt forcé de 18 heures dans la nuit de lundi à mardi en début de semaine et la confection miraculeuse d’une pièce – une cale basse de puits de foil - en blouse blanche, scie circulaire en main.

 

Le scénario des jours à venir inclut Thomas Ruyant (LinkedOut), 3e en dépit de déboires techniques qui, pour lui aussi, le handicapent un peu sur ces longs bords en tribord amures qui lui font également prendre appui sur le ‘mauvais’ foil. Le trio de tête avance en parallèle d’une bulle anticyclone mal lunée qui leur cherche des noises en venant se caler dans leur route. Charlie Dalin : « On va rester bloqué dans ce petit couloir qui n’offre pas d’issue. On commence à être sous l’influence de cette bulle de hautes pressions et, à mesure qu’on va avancer vers elle, le couloir dans lequel on va naviguer va se rétrécir… et il sera moins venté ».

 

Il est dit depuis plusieurs jours que le schéma général va favoriser le retour des poursuivants et, s’il en est un qui en profite sans vergogne, c’est Boris Herrmann. Le skipper de SeaExplorer – Yacht Club de Monaco, qui est venu rebondir sur la ZEA hier après-midi, compte 109 milles de retard sur Thomas Ruyant au premier classement du matin, et 330 milles de retard sur Yannick Bestaven (Maître CoQ IV), qui fait mieux que se défendre dans les conditions de vent pas si évidentes encore. L’Arcachonnais sera, dans les heures qui viennent, le premier à passer la longitude de l’île Chatham, à l’Est de la Nouvelle-Zélande, le dernier bout de roche avant l’entrée dans l’immensité désertique du Pacifique qui mène au cap Horn.

 

Derrière, si les dérives droites de Yes We Cam! et d’OMIA-Water Family font encore des merveilles pour maintenir Jean le Cam et Benjamin Dutreux aux 5e et 6e positions, Damien Seguin a été condamné à céder un peu de terrain cette nuit. Un grain brutal a endommagé une voile d’avant, et le skipper de Groupe APICIL a sorti les aiguilles sous le pays aux millions de moutons.

 

Isabelle Joschke (MACSF) est la dernière de ce groupe à pointer à 500 milles de la tête – une paille, presque – puisque Giancarlo Pedote (Prysmian Group) n’a pas été servi par les vents sur l’empannage de la nuit et qu’il y a perdu de la distance. Intercalé, Louis Burton (Bureau Vallée 2) fait route à petite vitesse (9,2 nœuds) vers l’île Macquarie, qu’il devrait rejoindre dans les prochaines heures, pour y réparer son gréement. La bonne nouvelle, c’est que depuis 18 heures, le Malouin a de nouveau la possibilité de s’appuyer sur un pilote automatique. Il était temps : Louis n’avait pas dormi depuis jeudi…

 

12e, Clarisse Crémer (Banque Populaire X) a avancé à belle vitesse depuis le dernier classement ; 21e, Jérémie Beyou (Charal) doit savoir se satisfaire d’avancer à 17,6 nœuds depuis hier soir, et Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One) doit s’éclater à 18,7 nœuds. A l'inverse, depuis 22 heures hier soir, Sébastien Destremau (merci) est empétolé dans une bulle anticyclonique (5,2 noeuds). Il devrait s'en libérer très bientôt.

 

 

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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