Vendée Globe : Bestaven creuse l'écart

Par Figaronautisme.com/Vend?e Globe

D’un côté la moitié de la flotte, au large de l’Argentine, engagée dans la bataille de l’Atlantique. De l’autre les marins embringués dans les fronts successifs et actifs du Pacifique. De part et d’autre du continent sud-américain, deux mondes s’opposent. Et c’est le dernier grand cap du Vendée Globe qui fait office de ligne de démarcation. Romain Attanasio sera le prochain à passer cette frontière jeudi matin.

Le Cap Horn n’est pas seulement l’accomplissement d’un rêve, comme celui formulé il y a 25 ans par Armel Tripon avec trois de ses potes - réalisé à 9h01 (HF) avec en prime un passage tout près du cailloux -,  c’est une véritable frontière psychologique et météorologique.

Dans le Sud-Est du point Nemo, un quatuor se fait malmener depuis trois jours par une ‘belle’ dépression australe : Medallia, La Fabrique, La Mie Câline-Artisans Artipôle et Charal se coltinent 45 nœuds de vent et des creux de plus de 6 mètres. Une dépression qui occupe également leurs poursuivants Time for Oceans, One Planet One Ocean et  DMG Mori - Global One qui se sont déjà fait doubler par le front et dont la position septentrionale les préserve du plus gros. « La grande houle du Pacifique, je ne sais pas qui a inventé cette expression, parce que  moi j’ai jamais vu ça en trois tours du monde… » reconnaît Jérémie Beyou (18e).

En tête de ce groupe, sur un des bateaux les plus anciens de la flotte,  la révélation de ce Vendée Globe Pip Hare, se bat comme une lionne pour préserver sa 15e place, malgré des aériens hors service, un problème qui l’empêche d’utiliser normalement son pilote automatique (elle est mode cap et non plus en mode vent). Contactée ce matin en visio, la navigatrice Britannique a temporairement perdu le grand sourire dont elle ne se sépare généralement jamais : « je n’ai jamais poussé aussi loin. Je suis fatiguée. Je savais que ça allait être difficile mais pour la première fois de la course, je me suis fixée un waypoint (point virtuel) : la sortie des mers du Sud ».

« Faut-il se faire mal pour apprécier quand c’est bien ? » …

…. se demandait Jean Le Cam ce matin en fredonnant une chanson de Johnny Hallyday (encore lui !). Faut-il en baver pour apprécier la douceur des choses à leur juste valeur ?  Faut-il des expériences paroxystiques pour se sentir en vie ?

Comme Jean Le Cam,  les solitaires qui ferraillent en Atlantique Sud savourent le calme et la volupté retrouvés, sur le chemin du retour. « Le soleil, en ce moment, me réchauffe le cœur » se réjouit Benjamin Dutreux (6e) qui doit pourtant remonter dans son mât afin de remettre en état de marche son J2.  « Que c’est bon d’être là ! » s’exclame à son tour Maxime Sorel (10e), passé si proche des îles Falkland, qu’il a pu humer des odeurs oubliées, celles de la terre.

Toutefois, il n’est pas question de se laisser bercer par la quiétude (relative) de ces conditions de navigation. « Je me gratte pas mal la tête, poursuit Sorel. Je viens de prendre mes fichiers météo et le routage me propose trois routes différentes ».

Du remue-méninge dans les têtes et du remue-ménage au classement

Le/La coupable ?  Une situation météo complexe jusqu’au large du Brésil, à commencer par cet anticyclone mouvant au Nord des îles Falkland.

Pour l’instant, Yannick Bestaven est le seul à voir réussi à passer au Nord de ces hautes pressions. Il ne devrait pas tarder à accélérer dans le nouveau flux de d’Est-Sud-Est, un vent qui sera bientôt renforcé par l’arrivée d’une dépression.

Derrière Maître CoQ IV qui a accru son avance (245 milles), rien ne va plus de la 2e à la 4e place. Charlie Dalin, fortement ralenti à proximité du centre de l’anticyclone - 2,5 nœuds cet après-midi ! - est en train de se faire rattraper par… Damien Seguin qui déloge Thomas Ruyant de sa troisième place au pointage de la mi-journée.

Un classement à observer avec prudence car LinkedOut et Groupe APICIL sont très éloignés l’un de l’autre en longitude. Le premier, à l’Ouest de l’anticyclone, le second à l’Est.

On trouvait déjà la régate intense, plus intense qu’elle ne l’a jamais été sur un Vendée Globe à ce stade du parcours. Cette remontée de l’Atlantique Sud va encore ajouter une dose de suspense car la situation - à mesure que l’anticyclone se décalera à l’Est - sera plus favorable aux poursuivants.  De Burton (5e) à Herrmann (11e) dont la grand-voile est désormais réparée, une occasion se présente de pouvoir recoller à la tête de flotte.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…