A quatre jours de l'arrivée

Par Figaronautisme Vend?e Globe

A quatre jours de l’arrivée, les leaders récitent leur partition respective. Dans le sud des Açores, chacun pousse sur sa… voie, clamant son droit à empocher ce 9e Vendée Globe dans une emballante cacophonie.

Leader pour un poignée de milles, Charlie Dalin (Apivia) navigue au 75°, direction le Nord-Est dans un vent de Sud – Sud-Ouest qui vient sur son tribord. Décalé de 100 milles environ dans le sud et dans l’est que Louis Burton (Bureau Vallée 2), le skipper normand va chercher le point d’empannage qui lui permettra d’aller prendre appui sur son foil tribord, et dans la mer la plus apaisée qu’il pourra trouver, mais la dépression qu’il longe ne lui offrira pas moins que des vagues de trois mètres.

Louis Burton, lui, a déjà commencé à passer entre les îles de San Miguel et de Santa Maria, dont il devrait voir les côtes dans son tribord au lever du jour. Le skipper de Bureau Vallée 2 est punché par un flux de plus de 20 nœuds, mais avec une mer de 3,7 mètres, qui lui a autorisé une vitesse moyenne de 18,6 nœuds entre hier soir 21 heures et ce dimanche matin, 5 heures. Soit un nœud et demi de plus que son premier rival (17,1 nœuds entre 21h et 5h), qui a plus progressé au cours des 24 dernières heures (414,2 milles contre 388,4 milles). Sur son foil meurtri, Charlie Dalin fait mieux que résister.

Derrière, ça n’a pas chômé non plus. 30 milles dans le nord et 80 milles dans l’ouest de Charlie Dalin, Boris Herrmann maintient un écart inférieur à 50 milles et une moyenne supérieure à 17 nœuds sur 24 heures. Marquerait-il le leader à la culotte ? Joint hier soir, Yann Eliès notait que l’heure était venu de sortir la grosse machine à calculer : « Une fois la dorsale des Açores franchie, et qui a rendu son verdict, on ne peut plus s’empêcher de faire des calculs de distance. On voit dans les trajectoires qu’il y a de la stratégie : Boris sent qu’il a intérêt à ‘sucer la roue’ et à rester dans le sillage de Charlie puisqu’il a plus de vitesse ». Le navigateur allemand peut en effet infléchir ses choix de route en tenant compte de ses 6 heures de compensation, même s’il lui sera difficile de contrôler dans le même temps Louis Burton, dans son nord, et Charlie Dalin, dans son est.

Confronté au même handicap qu’Apivia, Thomas Ruyant pousse son LinkedOut dans la même stratégie : plein est, direction le meilleur point pour placer l’empannage qui lui permettra d’exploiter son foil tribord valide pour, pendant deux jours, tenter de ‘bombarder’ autant que la mer le lui permettra. A 88,6 milles de la tête, le Nordiste n’a pas dit son dernier mot.

En distance au but, désormais calculée par rapport à la ligne d’arrivée, Yannick Bestaven a concédé du terrain : 5e, le skipper de Maître CoQ IV est à 212,5 milles. Soit une cinquantaine de plus qu’il y a 24 heures, mais son choix stratégique d’une route très nord, radicalement différente des quatre premiers, pèse évidemment dans la balance. Si les routages se révèlent pertinents, le Rochelais passera par le nord des Açores, entre Horta, Velas et Santa Cruz de Graciosa sur sa gauche, et Angra do Heroismo sur sa droite. L’objectif : rester en bordure de la dépression en grimpant en escalier jusqu’aux latitudes de la Bretagne sud avant de replonger vers les Sables. Sa proximité avec la dépression, l’appauvrissement de son jeu de voiles, partiellement jugulé, et ses 10h15 de compensation ont forcément un impact sur ses choix.

En distance au but, Giancarlo Pedote (Prysmian Group) a pris la 6e place du classement, avec un déficit de 257,6 milles. Très au sud mais déjà à la longitude des Açores, le skipper italien a pris le meilleur sur Damien Seguin (Groupe APICIL) qui, cette nuit, a empanné pour foncer plein nord, sur une trajectoire similaire à celle de Yannick Bestaven. En 24 heures, les écarts se sont considérablement creusés depuis que les positions du groupe des neuf sont calées sur la ligne d’arrivée, notamment pour tous ceux qui font route au nord. Damien Seguin compte désormais 268,7 milles de dédit, contre 159,1 hier à la même heure, Jean le Cam, 8e, est ce matin à 572,6 milles, et Benjamin Dutreux est à 666,4 milles. Il fallait bien, aussi, que la différence de vitesse entre les IMOCA à dérives droites et les IMOCA plus récents, et à foils, finisse par s’exprimer…

Et, plus loin….

Maxime Sorel (V and B – Mayenne) est au cœur de la zone de transition dans laquelle Armel Tripon (L’Occitane en Provence) a commencé à son tour à piocher. Les deux hommes ont avancé respectivement à 10,2 et 12,5 nœuds au cours des 24 dernières heures, à plus de 800 milles de la tête. Le dragon a encore 125 milles d’avance sur le soleil occitan.

14e, Jérémie Beyou (Charal) a franchi la pointe nord du Brésil, direction l’Atoll das Rocas, vent dans le dos. Direction aussi le pot au noir dont Romain Attanasio (Pure – Best Western) a vraiment peiné à s’extirper. Sa trajectoire a de quoi rendre chèvre un procrastineur. Un peu comme celle d’Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artisans Artipôle), qui en a bavé pendant trois jours, dans des vents faibles et erratiques, et qui, pour se réconforté, a regardé la route de Romain Attanasio en se disant que, tout compte fait, il y avait plus malheureux que lui.

Si Clément Giraud, Miranda Merron et Manuel Cousin ont dit au revoir au grand Sud, hier, en remontant au-dessus des Quarantièmes, ils sont trois encore, dont deux en course, à bretter avec les phénomènes australs. Hors-course, Sam Davies a passé le cap Horn hier. Ce Horn, Alexia Barrier (TSE – 4myPlanet) et Ari Huusela (Stark) l’auront mérité ! Au travers dans une dépression nourrie par des vents de 30 nœuds qui lève une mer de plus de 5 mètres, le duo est à 150 et 230 milles de la pointe de la Terre de feu, et avance à petite vitesse. L’ivresse du cap Horn n’est plus si loin !

 

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METEO CONSULT
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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.