Vendée Globe: le trio de tête mène la danse

Heureux qui, comme des leaders, ont fait un grand voyage... Il y a une forme de sérénité qui se dégage de l’aventure que mène tambour battant les trois premiers de ce Vendée Globe. Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) avaient pris la poudre d’escampette dans l’océan Indien il y a quinze jours. Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) a cravaché pour les rejoindre - « je suis passé dans des trous de souris » confie-t-il - avant de les dépasser ce matin.
Mais c’est tout le trio qui est à la fête. Yoann apprécie « un scénario de course qui le rend heureux », Charlie démontre qu’il ne lâche rien et Sébastien Simon peut enfin allonger l’allure tribord amure, lui qui navigue avec un seul foil. Les écarts en témoignent de façon spectaculaire : après 37 jours de course, Yoann ne devance ses deux rivaux que de 1,4 milles et 3,1 milles au pointage de 15 heures ! « Ils vont pouvoir continuer à longer la Zone d’exclusion Antarctique (ZEA) et la tendance à court terme est plutôt à un regroupement entre les trois », analyse Basile Rochut, le consultant météo du Vendée Globe. « Ce qui est intéressant, c’est qu’on pourrait maintenir le groupe de poursuivants assez loin, confiait Yoann Richomme. D’après les fichiers météos, l’écart pourrait d’ailleurs être identique jusqu’au cap Horn ! »
Pour les poursuivants, les jours passent et le constat ne change pas : il faut prendre son mal en patience. La grande dorsale anticyclonique continue de leur barrer la route. Conséquence ? Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 4e), Thomas Ruyant (VULNERABLE, 5e) et Jérémie Beyou (Charal, 6e) sont au coude-à-coude. « Ce n’est pas facile, le vent est super instable, il passe de 17 à 25 noeuds, il faut être toujours sur les réglages », assure Nicolas Lunven (Holcim-PRB), invité au Vendée Live. Ce trio compte moins de 120 milles d’avance sur Yannick Bestaven (Maître CoQ V, 7e), Paul Meilhat (Biotherm, 8e), Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer, 9e) et Sam Goodchild (VULNERABLE, 10e) qui s’emploient à rester devant un front. Joint aux vacations ce matin, Paul Meilhat résume la situation : "On se fait bien secouer en étant dans le wagon devant le front. L’avantage c’est que même si la mer est courte, il y a peu de manoeuvres à faire. On va se rapprocher un peu plus du groupe Nicolas Lunven - Thomas Ruyant - Jérémie Beyou. Si on arrive à s’accrocher à ce front, il va nous propulser au tiers du Pacifique dans des conditions favorables. Et ça nous permet d’avoir des routages assez rapides jusqu’au Cap Horn."
Si Paul est aussi déterminé à rester à l’avant du front, c’est que le laisser s’échapper équivaut à rester bloqué dans une zone de vent perturbée, beaucoup moins propice à progresser sereinement dans le Pacifique. Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Coeur, 13e) en ont fait l’amère expérience. « Elles se sont fait dépasser par le front et ont donc changé de système météo par rapport aux autres », assure Basile Rochut. L’écart va donc irrémédiablement se creuser entre les deux navigatrices et ceux de devant. Difficile à encaisser pour Clarisse Cremer qui a, en plus, dû composer avec une succession d’avaries : "Je suis tellement dégoutée ! Je me suis battue pendant des heures pour être à l’avant du front. Et là, j’ai un mini bout qui pète, une bastaque qui coince, une voile qui se bloque, un hook de grand-voile qui ne se déhooke plus... J’ai mis trois heures à le changer, dans cinq mètres de creux. Mon hook de grand-voile, une poulie de J2 et une latte ont cassé... Et j’ai raté le front... Je me suis tellement donnée, je suis tellement frustrée. Ça me rend dingue ! "
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