Vendée Globe : des leaders intouchables et des défis imprévus pour les poursuivants

Derrière, c’est Alan Roura (Hublot, 17e) qui est à la fête. En longeant la ZEA, le Suisse est parvenu à revenir à moins de 30 milles de Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor Lux, 16e). Romain Attanasio (Fortinet Best Western, 14e) et Damien Seguin (Groupe APICIL,15e) progressent eux à l’Est pour remonter en même temps que l’anticyclone.
Face à la dépression
Cela fait plusieurs jours désormais qu’une partie de la flotte est accaparée par une forte dépression qui descend de la cordillère des Andes et va balayer le sud de l’Amérique du Sud. Comme à chaque fois, il y a les chanceux, dont Isabelle Joschke (MACSF, 18e), Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e) et Benjamin Ferré (Monnoyeur - DUO for a JOB, 20e) qui devraient s’en sortir. Mais ce dernier assure qu’il ne faut pas traîner : « là, c’est courage fuyons ! C’est une course contre-la-montre pour s’en préserver au maximum ».
Pour les autres, de Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e) à Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 26e), il va falloir s’accrocher. Pendant le passage de la dépression de jeudi à vendredi, on attend des moyennes de vent de 35 à 40 nœuds, des rafales de 50 nœuds et des vagues qui pourraient atteindre les 6 mètres. La ZEA les empêchant de partir très à l’Est, ils devraient essayer de faire une route très Ouest.
Guirec Soudée, une plongée à 5°
Cette dépression concerne aussi Guirec Soudée (Freelance.com, 24e) qui a connu une sacrée péripétie. Alors que sa drisse de code 0 (une voile d’avant) a cédé, toute la voile est tombée à l’eau. Celle-ci flottait dans l’eau et Guirec n’avait plus le choix : il fallait plonger sous la coque. Une opération qu’il a réalisée dans une eau à 5° alors que « le bateau était incontrôlable et dérivait vers la côte » précise son équipe. Après être parvenu à ramener sa voile sur le pont, Guirec a reconnu être exténué. « Je n’ai plus de jus mais ça m’aurait rendu malade de laisser quoi que ce soit à l’océan », a-t-il confié.
Derrière, Éric Bellion (Stand As One – Altavia) a, lui, savouré le fait d’avoir réussi ses réparations. « We’re back », a-t-il lâché en vidéo. Un peu plus loin, Oliver Heer (Tut Gut., 30e) a aperçu un iceberg sur sa route. « C’est un point de vigilance que nous avions dans la zone, souligne Jacques Caraës à la direction de course. Il s’agirait d’un iceberg d’environ 350 mètres de long, entre 10 à 15 mètres en hauteur ».
Le skipper suisse qui a dépassé le point Nemo fait désormais route vers le cap Horn. Hier, ils étaient sept à l’avoir franchi. Une émotion forte qu’avait vécu la veille Benjamin Ferré, onze ans après son premier cap Horn franchit à bord d’un petit voilier, en même temps que François Gabart sur le Vendée Globe. Ce matin, le skipper de Monnoyeur – DUO for a JOB a évoqué le cortège d’émotions que ça implique et livre une des plus belles déclarations d’amour au Vendée Globe. Morceaux choisis :
«Petit à petit, c’est devenu ma réalité. Je suis incapable de dire depuis combien de temps on est parti mais je suis toujours aussi heureux de participer à ce Vendée Globe. On a beau nous avoir raconté tout ce qu’on veut, c’est hors-norme. Ce sont toutes les émotions de ma vie condensées en très peu de temps. Je l’ai encore plus ressenti au cap Horn. Dans la vie, soit tu pleures de joie, soit tu pleures de tristesse. Là, j’ai découvert qu’on pouvait pleurer de gratitude. J’ai eu envie de saluer tous les gens qui m’ont aidé, tous ceux qui me permettent de vivre ça». Benjamin Ferré, MONNOYEUR - DUO FOR A JOB.
Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe et suivez les skippers en direct grâce à la cartographie.