Les gains du vainqueur du Vendée Globe : une récompense à la hauteur du défi ?

Par Figaronautisme.com

Le Vendée Globe est souvent qualifié de « l’Everest des mers ». Cette course mythique autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance, demande un engagement total de la part des skippers. L’édition 2024 a sacré Charlie Dalin, skipper du bateau Macif Santé Prévoyance, auteur d’une performance remarquable en bouclant ce tour du monde hors normes. Mais au-delà de l’exploit sportif, la question qui revient souvent est celle de la récompense financière : combien gagne un vainqueur du Vendée Globe ?

Une récompense historique mais encore modeste

Selon les informations relayées par Actu.fr et L’Équipe, Charlie Dalin, en remportant cette édition 2024, devrait toucher environ 200 000 € de prix. Ce montant constitue la récompense la plus élevée jamais accordée dans l’histoire du Vendée Globe, soit 40 000 € de plus que son prédécesseur Yannick Bestaven, vainqueur en 2020.
Malgré cette augmentation, cette somme reste encore très en deçà des gains offerts dans d’autres disciplines sportives majeures. Par exemple, une simple qualification en huitième de finale de Roland-Garros garantit une somme de 250 000 €, tandis que le vainqueur du Tour de France empoche 500 000 €. Pour un grand tournoi de tennis, comme Wimbledon en 2024, Novak Djokovic a empoché près de 2,7 millions d’euros pour deux semaines de compétition.

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Classement et primes des dix premiers skippers du Vendée Globe 2024

Derrière Charlie Dalin, Yoann Richomme, deuxième à franchir la ligne d’arrivée, reçoit une prime de 140 000 €. Il est suivi par Sébastien Simon, troisième de cette édition, qui empoche quant à lui 100 000 €.
Pour ces marins, ces primes viennent surtout compléter un budget colossal indispensable pour participer à une telle compétition. Participer au Vendée Globe nécessite un investissement global souvent compris entre 3 et 5 millions d’euros, incluant la construction ou la refonte d’un IMOCA de dernière génération, les frais de fonctionnement, les entraînements et l’équipe à terre.

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En tout, la dotation totale des primes pour l’édition 2024 s’élève à 800 000 €, soit une augmentation de 33,5 % par rapport à l’édition 2016, où l’enveloppe globale atteignait seulement 600 000 €.

Un comparatif éclairant : entre aventure humaine et réalité économique
En mettant en perspective les gains du Vendée Globe avec d’autres événements sportifs ou même médiatiques, on comprend mieux pourquoi ces primes suscitent des interrogations. Par exemple :
• Un champion d’une grande course automobile, comme le vainqueur des 24 Heures du Mans, peut espérer toucher jusqu’à 300 000 €, auxquels s’ajoutent des primes de sponsors bien plus conséquentes.
• Un simple participant à l’émission télévisée Koh-Lanta, qui dure une quarantaine de jours, peut espérer gagner 100 000 €, soit la moitié de la récompense du Vendée Globe.
• Le salaire moyen d’un ingénieur en France avoisine 45 000 € bruts annuels : avec 200 000 €, Charlie Dalin aura donc perçu l’équivalent de quatre années de travail d’un cadre qualifié… pour une course qui aura nécessité plusieurs années de préparation. Notons tout de même que lors de leurs préparations, les skippers perçoivent un salaire, plus ou moins élevés…

L’évolution des primes au fil des éditions

L’évolution des primes du Vendée Globe reflète une montée en puissance progressive de l’intérêt médiatique et financier autour de la course. En 2016, Armel Le Cléac’h, vainqueur de cette édition, avait touché 160 000 €. Alex Thomson, deuxième, avait empoché 100 000 €, et Jérémie Beyou, troisième, avait reçu 75 000 €. Comparé à 2024, on observe une hausse sensible des primes pour les trois premières places : +25 % pour le vainqueur et +33 % pour le troisième.

Le vrai prix du Vendée Globe : renommée et retombées médiatiques

Si le gain peut sembler décevant, la véritable récompense se mesure ailleurs : en termes de visibilité et de retombées médiatiques. La victoire de Charlie Dalin assure à son sponsor Macif Santé Prévoyance une exposition exceptionnelle, non seulement en France mais aussi à l’international. Une campagne publicitaire d’une telle ampleur coûterait des millions d’euros à une marque.
De plus, le vainqueur bénéficie souvent de retombées indirectes : invitations à des conférences, partenariats publicitaires, livres, documentaires… Ainsi, François Gabart, vainqueur de l’édition 2012-2013, avait su capitaliser sur sa victoire pour devenir l’une des figures emblématiques de la voile française.

Un esprit critique : une récompense symbolique face à une aventure hors normes

En fin de compte, les 200 000 € de récompense semblent presque anecdotiques au regard des sacrifices personnels et de l’investissement nécessaire pour participer au Vendée Globe. Pourtant, la symbolique reste forte. Cette somme représente davantage la reconnaissance d’un exploit humain et sportif que la juste rémunération d’un travail titanesque.
Certains plaident pour une revalorisation des primes accordées aux skippers, d’autant que le Vendée Globe est une course suivie par des millions de personnes dans le monde entier, générant des retombées économiques majeures pour les organisateurs et les sponsors. Mais d’autres estiment que cette relative modestie des gains participe à la noblesse de l’épreuve : ici, ce ne sont pas les millions qui attirent les marins, mais bien la quête de l’absolu.

Le Vendée Globe n’est pas seulement une compétition sportive. C’est une aventure humaine, un défi technologique et une course contre soi-même. Si la récompense financière semble modeste comparée à d’autres disciplines, la véritable richesse du vainqueur se trouve dans l’accomplissement personnel et la renommée acquise. Pour Charlie Dalin, comme pour tous les marins qui prennent le départ des Sables-d’Olonne, l’essentiel est ailleurs : dans le large, la solitude et la victoire sur les océans.


Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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