Vendée Globe : le répit avant la prochaine bataille

Par Figaronautisme.com

Après avoir affronté des vagues de huit mètres et des vents déchaînés, les leaders de la flotte profitent d’un bref répit avant de replonger dans les défis d’une météo capricieuse. Entre stratégies audacieuses, pièges du Pot-au-Noir et une nouvelle dépression en embuscade, cette édition du Vendée Globe continue de tester les limites des skippers. Rien n’est encore joué avant la ligne d’arrivée.


Après des heures éprouvantes passées à batailler dans la dépression, les marins les plus en avant de la flotte peuvent enfin souffler un peu. Sortir de cette zone de vents puissants et de mer chaotique ressemble presque à un retour à la surface après une longue apnée. Les visages fatigués se détendent, les bateaux, eux aussi, semblent retrouver un peu de sérénité. « On a eu jusqu’à huit mètres de vagues. J’avais beaucoup réduit la voilure par prudence. C’était assez impressionnant mais heureusement, ça ne déferlait pas trop », a raconté Paul Meilhat (Biotherm), presque fasciné par le spectacle grandiose d’une mer blanche en furie.

"Grandiose", oui, mais plus dans le genre tableau qu’on admire depuis le rivage, bien au chaud avec un chocolat viennois. « Ce sont effectivement des mers qu’on a plus l’habitude d’observer depuis la côte, en famille, lorsqu’on va admirer les tempêtes. Ces images m’ont rappelé l’Angleterre, où, quand je naviguais en 49er, nos semaines à Weymouth étaient souvent interrompues par le mauvais temps. Les régates annulées, on allait regarder la mer déchaînée depuis la plage. En y repensant, c’était un peu la même ambiance : ce moment où tu contemples une mer impraticable, sauf que cette fois, on était au cœur de l’action », a ajouté le solitaire. Pour lui et les concurrents qui l’entourent, la suite ne s’annonce pas beaucoup plus reposante car la route jusqu’à l’arrivée reste semée d’embûches. Après avoir traversé des vents puissants et des vagues imposantes, ils doivent maintenant se préparer à négocier une dorsale délicate à l’approche du cap Finisterre, avec le risque bien réel de se retrouver piégés dans des vents faibles.

Et comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle dépression se profile déjà avant l’arrivée, rappelant que cette course ne baisse jamais la garde. « On a vraiment l’impression de vivre un chemin de croix jusqu’à la ligne. Franchement, on n’aurait pas pu imaginer pire scénario. J’ai vu que SVR Lazartigue était reparti cette nuit pour tenter le record du tour du monde : autant dire qu’on avance vraiment à contre-courant ! (Rires) », a ajouté le skipper de Biotherm.

Patience et précaution

Ce moment de répit, bien qu’apprécié, ne marque pas la fin des difficultés.

On est face à une situation météo assez instable. C’est un contexte plutôt atypique, avec une dépression située assez au sud, presque stationnaire, qu’on appelle une cut-off, et qui se comble progressivement sur le Portugal. Derrière, les modèles pédalent dans la semoule et peinent à s’accorder, ce qui complique les prévisions. Il faut jongler avec le centre du système, ce qui n’est jamais simple, surtout avec une mer croisée dans tous les sens. On va essayer de rester prudents, de progresser du mieux possible et, surtout, d’arriver aux Sables-d’Olonne. Paul Meilhat, Biotherm.

Dans ce contexte, les ETA (estimations d’heures d’arrivée) deviennent un peu comme les prévisions météo pour un barbecue en Bretagne : on espère, mais on n’y croit qu’à moitié. « Je n’ai aucune idée du moment où je vais arriver », a d’ailleurs confié le solitaire avec un sourire résigné. Autant dire qu’entre une dépression qui fait du surplace et des modèles qui s’embrouillent, il faut plus que du talent pour naviguer. Une bonne dose de patience semble également être une arme indispensable.

Course contre l’imprévisible

Pendant ce temps, une grande partie de la flotte bataille encore dans les méandres du Pot-au-Noir. Si Romain Attanasio semble enfin voir le bout de cette étouffante prison climatique, d’autres concurrents se préparent à y entrer, avec l’espoir que cette fois, cette zone de convergence intertropicale redoutée de tous se montre un peu plus clémente.

Positionnés les plus à l’Est, Alan Roura (Hublot) et Jean Le Cam continuent de jouer leur propre partition. Leur choix stratégique pourrait porter ses fruits : une route plus favorable semble se dessiner pour eux. Le skipper de Tout commence en Finistère – Armor-lux, fidèle à son style audacieux mais réfléchi, pourrait même faire un retour fracassant dans le match des bateaux à dérives. « Pour l’instant, je ne vais pas me plaindre : les alizés me portent bien, et je commence à réduire l’écart. Ils (Tanguy Le Turquais et Benjamin Ferré, ndlr) avaient tout de même pris une belle avance, près de 500 milles. C’est la preuve que rien n’est jamais figé et que parfois, c’est toi qui as l’avantage, parfois, c’est l’autre. Mon placement pourrait s’avérer stratégique. Tout dépendra du moment où je traverse le Pot-au-Noir. Sans mon J2, les choses risquent de se compliquer un peu ensuite mais j’ai tout de même l’impression que cette fois, les conditions pourraient jouer en ma faveur », a commenté le Roi Jean.

Ainsi, cette fin de Vendée Globe reste fidèle à elle-même : imprévisible, intense et pleine de rebondissements. Entre les différents pièges, les stratégies audacieuses et les conditions météo capricieuses, chaque skipper continue de puiser dans ses ressources pour tirer le meilleur parti de la situation. Si certains espèrent encore une remontée au classement, pour d'autres, l'essentiel est de franchir cette ligne d'arrivée, ultime récompense d'une aventure hors du commun. Une chose est sûre, rien n'est joué tant que le dernier mille n'a pas été parcouru.


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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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